Québec
Montréal
L’Équipe de soutien aux urgences psychosociales (ESUP) est composée de policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et d’intervenants sociaux du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Jeanne-Mance qui patrouillent en équipe mixte et interviennent directement en première ligne auprès de personnes en situation de crise ou ayant des problèmes de santé mentale. L’équipe est en service sept soirs sur sept, 365 jours par année depuis le 6 juin 2012, et est répartie par le centre de répartition des appels d’urgence du SPVM, ou est tout simplement appelée par des policiers sur les appels de service impliquant des personnes aux prises avec un problème de santé mentale. L’ESUP a comme mission de favoriser la collaboration multidisciplinaire et soutenir le travail policier lors d’interventions impliquant des personnes en crise ou aux prises avec un problème de santé mentale afin de faciliter l’accès de ces personnes à des services adaptés que ce soit au niveau de la justice, de la santé ou du soutien dans la communauté. Dans les faits, l’ESUP permet de mieux évaluer les situations rencontrées lors des interventions policières avec ces personnes une fois les lieux sécurisés et de voir à adapter la réponse afin que ces mêmes personnes obtiennent le soutien nécessaire à leur situation. Le fait d'avoir un policier et un travailleur social sur place permet à ces deux intervenants de jouer leur propre rôle en lien avec leur mission respective selon les situations.
Cette initiative comporte plusieurs objectifs:
Service du développement des processus d'innovation et des pratiques opérationnelles
Carole Lalondecarole.lalonde@spvm.qc.ca
Organismes communautaires : Participation consultative.Agence de la santé et des services sociaux : Participation directe.
ESUP est en place depuis juin 2012.
Les équipes mobiles multidisciplinaires avaient depuis plusieurs années été identifiées comme une avenue prometteuse à l’égard des interventions auprès de personnes en situation de crise ou aux prises avec un problème de santé mentale. L’opportunité ne s’était toutefois pas présentée pour qu’elles puissent se développer. La volonté partagée du SPVM et de l’Agence de santé et des services sociaux de Montréal de mettre en place de telles équipes sur le terrain est née d’une analyse de la situation et de la mise en évidence des besoins auxquels une telle équipe pouvait répondre pour les deux organisations. Parmi ceux-ci, il y a le besoin d’améliorer les réponses policières notamment pour diriger les personnes plus rapidement vers les services qui leur sont les plus bénéfiques. Du côté des services sociaux et de santé, cela répond au besoin d’avoir accès plus rapidement à la clientèle en crise qui autrement n’aurait pas été dirigés vers les services d’aide. Cela s’inscrit dans leur responsabilité au public de rejoindre ces personnes et de leur offrir des services adaptés à leur situation.
Les coûts reliés à cette initiative sont liés aux trois policiers assignés à l’équipe ainsi qu’aux ressources physiques et matérielles nécessaires (bureau, téléphonie, une voiture lettrée, etc.).
Le projet s’inscrit à l’intérieur de plusieurs autres initiatives du SPVM en matière d’interventions policières auprès de personnes en crise ou aux prises avec un problème de santé mentale. Le maintien et l’expansion de l’équipe sont dépendants des besoins identifiés et des ressources financières disponibles.
L’ESUP s’inscrit dans une dynamique d’amélioration continue des pratiques. Le projet se démarque toutefois puisqu’il est venu bonifier les pratiques policières en conciliant des mandats et des approches très différentes, directement en première ligne, dans le cadre de patrouille mixte. Plus spécifiquement, à l'égard de la santé mentale, l'ESUP permet aux policiers de mieux servir les personnes en situation de crise ou aux prises avec un problème de santé mentale, et respecte le droit des individus, dans le cadre des services sociaux et de santé, de consentir ou non à toute aide, y inclut des traitements, en dehors de situations d'urgences, même si les besoins de soins sont apparents. En effet, le duo formé d’un intervenant social et d’un policier, directement en première ligne sur les lieux des interventions policières, favorise les dénouements d’intervention plus bénéfiques pour les personnes aux prises avec un problème de santé mentale, puisque ces dénouements seront davantage basés sur une évaluation précise de la situation et de l’état de la personne. Plus précisément, lors des interventions, les membres de l’ÉSUP se partagent les tâches en fonction de leur expertise respective:
Oui
L’ESUP est l’aboutissement d’une volonté partagée entre le SPVM et l’Agence de santé et des services sociaux de Montréal (et le CSSS Jeanne-Mance) d’améliorer leurs pratiques en bonifiant leur collaboration par la mise en place d’équipes mobiles mixtes de première ligne. Dans les faits, son principal avantage semble être de répondre de manière plus efficiente à une réalité opérationnelle qui ne cesse d’interpeller les patrouilleurs, tout en demeurant à l’intérieur d’un mandat de sécurité publique. Cette efficience est notamment due au fait que cette équipe à l’expertise pour mieux reconnaître le problème des personnes aux prises avec un problème de santé mentale, pour permettre une meilleure évaluation de la situation, pour faciliter l’établissement d’un contact avec cette personne et pour décider de l’option la plus appropriée à prendre dans les circonstances (p. ex. : référence, transport, etc.).
Non
Les premiers bénéficiaires du projet sont définitivement les personnes auprès de qui les membres de l’équipe interviennent. L’intervention policière dont ils sont l’objet est plus adaptée à la situation et à leur état de santé. Les citoyens bénéficient également de l’ESUP dans la mesure où l’intervention policière permet de rencontrer encore mieux le mandat principal du SPVM, soit celui d’assurer la sécurité et la qualité de vie de la population, de maintenir l’ordre et d’assurer la paix publique. En effet, les objectifs de l’équipe permettent de bien articuler la responsabilité d’agir des policiers, aux modes d’intervention particuliers à avoir auprès de ces personnes, afin d’obtenir les résultats escomptés, tout en assurant la sécurité de l’ensemble de la population. Nombreux sont les autres avantages d'inclure l’ESUP dans ce milieu, en plus de ceux qui sont communs avec les autres partenaires impliqués dans le projet. D'abord, le travail des patrouilleurs de première ligne est mieux soutenu puisque les membres de l’ESUP jouent souvent auprès d’eux un rôle-conseil. Ensuite, cela stimule le développement de nouvelles pratiques afin que les interventions policières soient mieux adaptées aux besoins des personnes en crise ou aux prises avec un problème de santé mentale. Enfin, signalons que grâce au partenariat étroit entre le SPVM et le CSSS Jeanne-Mance, le travail même de l’ESUP amène à l’établissement d’une multitude d’autres collaborations entre les partenaires des services sociaux et de santé, qui vont bien au-delà de ce partenariat de départ. En effet, l’un des objectifs de l’ESUP étant de favoriser la complémentarité des interventions du service de police avec celles des partenaires du réseau de la santé et des services sociaux qui interviennent auprès des personnes en crise ou aux prises avec un problème de santé mentale, et les nombreux liens qui se tissent avec les partenaires venant en aide à ces personnes. Ces nombreux partenariats sont autant institutionnels que communautaires.
Des indicateurs de suivis sont recueillis manuellement pour chacune des interventions de l’ESUP. Ils permettent d’avoir de l’information sur les raisons des événements, sur les individus impliqués, leur état mental et physique et sur le dénouement des interventions. Des informations sont recueillies également sur les heures et les lieux des événements. Par exemple, on sait qu'au cours des 18 premiers mois, l'ÉSUP a réalisée 2091 interventions. À ce nombre d'interventions, s'ajoutent toutes les autres que l'Équipe réalise informellement. De ces interventions :
S.O.
Avec l’ESUP, plusieurs obstacles aux collaborations sont dépassés. Son travail a un impact sur l'ensemble de la continuité des services entre les secteurs de la sécurité publique et de la santé. Les situations sont dorénavant mieux documentées et partagées entre les instances concernées (p. ex. : de la police aux services sociaux et de santé, de la santé aux tribunaux, etc.). Cela se fait entièrement à l’intérieur des balises légales liées aux partages d’informations nominatives et respecte les droits des personnes concernées dans les interventions. Ce plus grand partage est rendu possible puisque plusieurs réticences qui existaient auparavant dans les collaborations se sont dissipées et que chacun connait mieux comment le travail des uns et des autres peut se compléter. En effet, une plus grande confiance mutuelle s’est construite avec la proximité des partenaires et chacun travaille à développer une compréhension commune des problèmes rencontrés. Cela évite qu’une même intervention soit à refaire constamment auprès de même personne. En améliorant le continuum de services auprès des personnes en crise ou mentalement perturbées, il y a non seulement une baisse du nombre de ces interventions qui se concluent par un accompagnement dans les urgences, mais également une baisse du nombre total de ces interventions puisqu’elles sont plus adaptées et un meilleur suivi est assuré, ce qui représente des dépenses par intervention plus rentables.
2013-08-01