Résumé
Les relations entre les policiers et les citoyens issus des communautés culturelles représentent un enjeu de taille pour le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM). En effet, les relations entre les policiers et les minorités ethniques sont au centre de débats et de consultations depuis plusieurs décennies. Force est de constater qu’encore aujourd’hui des tensions demeurent. Plusieurs recherches se sont penchées sur les perceptions des citoyens de leur service de police, mais peu se sont intéressées aux perceptions détaillées des jeunes hommes noirs. Il est pourtant démontré que ce groupe entretient les perceptions les moins favorables envers les policiers et que, par ailleurs, ils sont plus susceptibles d’avoir des contacts avec les policiers. Les perceptions pouvant avoir une réelle influence sur la réponse au contact policier, il appert qu'il est primordial de comprendre l’origine de ces perceptions. Ainsi, ce mémoire vise à identifier les éléments formateurs des perceptions de jeunes hommes noirs de la ville de Montréal âgés de 18 à 25 ans. Pour ce faire, l’approche qualitative a été retenue et des entretiens de type semi-directifs ont été effectués. L’analyse du discours des participants révèle principalement que les interactions personnelles avec les policiers forment les perceptions et/ou renforcent des perceptions déjà existantes. De plus, l’approche de l’agent de police lors de ce contact est mainte fois soulignée par les jeunes lors des entretiens réalisés démontrant que les premiers instants d’une interaction suffisent à l’instauration d’une perception positive ou négative. Il ressort aussi de l’étude que les expériences indirectes ont un impact certain dans la formation des perceptions surtout lorsque ces expériences ont été vécues par un proche. Ces expériences indirectes s’inscrivent d’ailleurs dans un contexte où l’appartenance culturelle du jeune et une certaine culture de quartier tendent à dicter ce que les jeunes se doivent de penser de l’organisation policière. De plus, une méconnaissance des enjeux sous-jacents aux perceptions de ces jeunes hommes par les corps policiers paraît être un obstacle à la mise en place d’interventions efficaces et significatives auprès de cette population.