L'extrême droite au Canada: une analyse environnementale

Titre du projet

L’extrême droite au Canada

Auteur principal

Dr. Barbara Perry and Ryan Scrivens

Dates importantes

Étude publiée en septembre 2016.

Description

Les auteurs ont voulu brosser un portrait du mouvement d’extrême droite au Canada, en en analysant entre autres l’étendue, les membres et les activités. Leur but était de distinguer les facteurs influençant la montée des groupes d’extrême droite et les facteurs amenant ces groupes à planifier des actes de violence particuliers contre des collectivités et des cibles physiques, à prendre part à de tels actes ou à inciter d’autres personnes à le faire.

L’étude cherche principalement à combler les lacunes dans les connaissances des sciences sociales contemporaines et à examiner en profondeur l’extrémisme violent au Canada. Les auteurs soulignent que le débat national se désintéresse presque totalement des extrémistes de droite, surtout depuis les attentats terroristes du 11 septembre. Ces attentats ont amené le gouvernement, les services de sécurité et le grand public à délaisser les extrémistes de droite au profit des groupes terroristes comme Al‑Qaïda.

Les auteurs définissent l’extrême droite au Canada comme un mouvement peu structuré, misant sur un nationalisme défini par la race, l’ethnicité et le genre, souvent articulé en termes de suprématie blanche et de menaces posées par des groupes comme les non-Blancs, les Juifs, les immigrants, les homosexuels et les féministes. Les auteurs remarquent que les extrémistes perçoivent le gouvernement comme illégitime, au service des intérêts de ces groupes et non de ceux des Blancs, et prônent des actions offensives et défensives pour préserver leur patrimoine et leur « patrie ».

Les auteurs ont choisi d’analyser en priorité les facteurs liées à la formation des groupes dont : (1) l’importance/l’imminence du sentiment d’injustice perçu, illustrée par l’intensité de la rhétorique du groupe haineux; (2) la présence et la visibilité du ou des groupe(s) ciblé(s); (3) la capacité d’organisation du groupe haineux; (4) les courants passés et actuels du racisme, de la xénophobie ou de l’ethnocentrisme au sein de l’opinion dominante; (5) la résistance observable face au racisme, à la xénophobie ou à l’ethnocentrisme (activités des organismes d’application de la loi, activités de défense des droits de la personne, etc.). Les données ont été colligées dans des archives et des recherches primaires; les auteurs se sont fiés sur des analyses publiées sur des sites Web et des dossiers judiciaires, ils ont analysé les médias et interrogé des organismes d’application de la loi et des services du renseignement, des activistes et des militants de groupes haineux.

Résultats

Les auteurs soulignent qu’il est important d’avoir un portrait national de l’extrême droite. Les activités de ce mouvement sont plus nombreuses et répandues que ce qu’ils croyaient. Selon les données qu’ils ont colligées, il y aurait au moins 100 groupes suprémacistes blancs et néonazis au Canda, en plus de 30 000 individus engagés dans des causes « souverainistes ». Les auteurs ajoutent que leur projet ne tient pas compte des individus et des groupes clandestins, ni des loups solitaires qui peuvent être complètement invisibles.

Les auteurs ont classé les extrémistes de droite en trois catégories : les suprémacistes blancs et les néonazis (et leurs variantes), les « souverainistes » et les idéologues, gourous et loups solitaires. Comme le présente l’étude, la suprématie blanche et le néonazisme sont fondés sur la théorie de l’identité chrétienne qui prétend que les Blancs sont les descendants directs d’Israël et que Dieu les a choisis (peuple élu), ce qui les place au-dessus de toutes les autres races. Ce groupe est particulièrement antisémite. De leur côté, les « souverainistes », aussi connus comme les « hommes libres », même s’ils sont répartis de manière diffuse et décentralisée, sont unis par leur rejet commun de l’autorité de l’état fédéral. Ils croient être liés par la loi naturelle, non la loi humaine. Les idéologues, les gourous et les loups solitaires, la troisième catégorie d’extrémistes de droite présentée par les auteurs, regroupe ceux qui ne sont pas affiliés à un groupe particulier. Les idéologues et les gourous sont ceux qui soutiennent idéologiquement et inspirent les groupes d’extrême droite. Les loups solitaires se rallient au contenu de ces groupes mais, comme leur nom l’indique, le font de manière solitaire, ils ne font pas partie d’une organisation.

L’analyse révèle que la violence perpétrée par les groupes et les individus d’extrême droite est sporadique, non préméditée et fortuite, les auteurs de cette violence qualifiant que leurs actes sont en réaction aux comportements ou aux propos de l’individu ou du groupe ciblé. Les auteurs de l’étude allèguent que la violence de l’extrême droite au Canada diffère de celle observée aux États-Unis et en Europe, où elle est très organisée et bien planifiée. On remarque également que la violence est davantage individuelle que collective au Canada (maximum de quatre individus). L’étude indique qu’en raison de la nature imprévisible de ce genre de violence, il est difficile de l’anticiper et de la contrer. Pour réduire les activités de l’extrême droite, ainsi que leur incidence, leur popularité et leur caractère violent, les auteurs recommandent un effort concerté des organismes qui reconnaissent les menaces qui y sont associées et qui réagissent à celles-ci. Selon cette approche, un partenariat entre les organismes d’application de la loi, les organismes communautaires qui militent contre la haine et les activistes qui défendent les droits de la personne favoriserait la mise en commun d’idées et de connaissances.

Informations supplémentaires

Barbara Perry, Ph.D.

Ryan Scrivens

Initiatives connexes

Barbara Perry (Ph.D.) and Ryan Scrivens, “Uneasy Alliances: A Look at the Right-Wing Extremist Movement in Canada,” 2016.

Richard B. Parent (Ph.D.) and James O Ellis III, "The Future of Right-Wing Terrorism in Canada," 2016.

Samuel Tanner and Aurélie Campana, "The Process of Radicalization: Right-Wing Skinheads in Quebec," 2014.

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