‘Till Martyrdom Do Us Part’: Sexe et le phénomène État islamique
Titre du projet
Le conflit en Syrie : l’évolution d’al-Qaïda et d’autres mouvements militants après le Printemps arabe
Auteur principal
Erin Marie Saltman and Melanie Smith; International Centre for the Study of Radicalization and Political Violence (ICSR) and the Institute for Strategic Dialogue (ISD)
Dates importantes
Publiée en mai 2015.
Description
Les auteurs de cette étude tentent de mieux comprendre pourquoi les femmes sont radicalisées et recrutées dans les rangs d’organisations extrémistes. Le rapport tente d’aller au-delà de l’image unidimensionnelle des femmes qui ne sont que les conjointes de combattants terroristes étrangers en étudiant les principaux facteurs qui incitent les femmes « migrantes » à se joindre à Daech. Les auteurs appellent les femmes occidentales qui voyagent des « migrantes » et non des « combattantes », car ont leur interdit de participer aux combats. En plus d’examiner les grandes tendances, la recherche inclut des études approfondies portant sur sept migrantes qui parlent anglais, afin de connaître plus en détail leurs motivations, leur vision du monde et leur rôle. La recherche vise aussi à contribuer à la documentation de plus en plus abondante sur le rôle des femmes dans la lutte contre les processus de recrutement et de radicalisation à la violence ainsi qu’à savoir comment on peut davantage appuyer ces efforts.
La recherche s’appuie dans une large mesure de la base de données Foreign Terrorist Fighter (FTF), conçue par l’International Centre for the Study of Radicalization and Political Violence (ICSR) pendant son initiative portant sur le conflit en Syrie, menée dans le cadre du projet Kanishka. Au moment de la publication, la base de données, considérée comme la plus importante base de données permettant de suivre les déplacements de migrantes et de combattants terroristes occidentaux, incluait du contenu de médias sociaux sur plus de cent femmes. Le rapport se fonde aussi sur des entrevues avec deux femmes qui étaient autrefois des extrémistes islamistes et qui sont maintenant des mentors qui œuvrent à la prévention de la radicalisation menant à la violence.
Résultats
Les auteurs soulignent que, tout comme dans le cas de la recherche sur les combattants terroristes masculins étrangers, on ne peut pas établir le profil général des femmes qui risquent d’être radicalisées pour être menées à la violence en se fondant sur des facteurs socioéconomiques, biographiques ou cognitifs. Tout comme les hommes, les femmes recrues sont de plus en plus jeunes, et elles proviennent parfois d’un milieu socioéconomique moyen ou supérieur à la moyenne. Les auteurs ont aussi constaté que les facteurs qui motivent les femmes migrantes sont semblables à ceux qui motivent les combattants masculins. Ces facteurs comprennent la croyance que les musulmans sont opprimés, une frustration au sujet du nombre insuffisant de mesures prises par la communauté internationale en Syrie et un sentiment d’isolation sociale dans leurs collectivités en Occident. Contrairement à certains commentaires publics, les auteurs soutiennent que l’hypothèse selon laquelle les femmes se joignent à Daech principalement en tant que conjointes de combattants est une simplification excessive. Le rapport conclut plutôt que, parmi les cas étudiés, les femmes se joignent à Daech pour diverses raisons, et elles jouent une panoplie de rôles une fois qu’elles se trouvent en Syrie, dont celui de conjointes, de mères, d’infirmières ou d’enseignantes.
Les auteurs soulignent aussi le rôle que les femmes migrantes jouent dans la diffusion de la propagande et le recrutement d’autres femmes occidentales. Les messages destinés aux femmes occidentales parlent notamment du fait que dans le territoire contrôlé par Daech, les femmes migrantes ont trouvé un esprit de camaraderie, une sororité et un sentiment d’appartenance ainsi qu’un sens à leur vie, en raison de la croyance selon laquelle elles aident à construire une société idéalisée. Selon l’étude, lorsque les femmes migrantes entrent dans le territoire contrôlé par Daech, elles jouent un rôle important dans le cadre des efforts visant à établir un État et dans la transmission, à la prochaine génération, de l’idéologie du groupe en ce qui a trait aux obligations religieuses. La propagande de Daech souligne le fait que les femmes sont appréciées en tant que mères de la prochaine génération et comme gardiennes de l’idéologie du groupe. Dans ce contexte, les auteurs indiquent, par exemple, que l’on fait l’apologie des veuves des combattants de Daech et que celles-ci font l’éloge de leur mari en tant que martyrs à l’aide de photographies, d’anecdotes et de célébrations de leur mort.
Parallèlement, les auteurs ont trouvé des preuves que les conditions dans lesquelles les femmes migrantes vivent quotidiennement sont difficiles et qu’elles sont isolées, des éléments qui peuvent devenir de puissants éléments de contre-discours. De façon plus générale, le rapport soutient qu’à mesure qu’un nombre croissant de femmes occidentales migrent vers le territoire contrôlé par Daech et y jouent de plus en plus un rôle dans la propagande et le recrutement, il faudra élaborer de plus en plus de mesures préventives et de déradicalisation adaptées à la dynamique des genres. Les auteurs soulignent que jusqu’à récemment, les rôles des femmes et la dynamique des genres n’ont que peu retenu l’attention en ce qui a trait aux messages du contre‑discours et de lutte contre l’extrémisme. Pour ces raisons, le rapport met l’accent sur le fait qu’il est de plus en plus important que le rôle de femmes dans les secteurs de lutte contre l’extrémisme violent s’élargisse pour englober des voix crédibles afin de cibler les jeunes femmes.
Informations supplémentaires
‘Till Martyrdom Do Us Part:’ Gender and the ISIS Phenomenon – Institute for Strategic Dialogue (ISD)
‘Till Martyrdom Do Us Part:’ Gender and the ISIS Phenomenon - International Centre for the Study of Radicalisation and Political Violence (ICSR)
Initiatives connexes
Peter R. Neumann, “Victims, Perpetrators, Assets: The Narratives of Islamic State Defectors,” ICSR, 2015.
Rachel Briggs and Sebastien Feve, “Review of Programs to Counter Narratives of Violent Extremism: What Works and What are the Implications for Government?,” Institute for Strategic Dialogue, 2013.
Laura Huey, “No Sandwiches Here: Representations of Women in Dabiq and Inspire Magazines,” TSAS, 2015.
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