Mesures initiales pour mettre fin à l'intimidation : conseils aux adultes pour aider les enfants de 4 à 11 ans
Introduction
Chaque enfant a le droit de se sentir en sécurité à la maison, à l'école et dans la collectivité (Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant, 1990). L'intimidation n'est pas un mal nécessaire dans la vie d'un enfant. Généralement, ce type de comportement ne disparaît pas de lui-même; pire encore, il s'aggrave souvent au fil du temps – il doit être ciblé directement.
Pour que ce comportement nuisible cesse, il faut que nous intervenions tous lorsqu'il se produit et même que nous prenions des mesures pour éviter qu'il ne se produise. La première étape consiste à reconnaître l'existence du problème d'intimidation.
Voici de l'information qui vous aidera à savoir si un enfant que vous connaissez a été victime, témoin ou auteur d'actes d'intimidation. Cette information vous aidera aussi à prendre des mesures qui permettent de mettre fin à l'intimidation et de venir en aide à l'enfant qui en est victime.
Qu'est-ce que l'intimidation?
L'intimidation est une forme d'agressivité qui s'exerce dans le contexte d'une relation entre au moins deux personnes. L'enfant qui commet des actes d'intimidation se sert de l'agressivité et du contrôle pour conserver une position de pouvoir par rapport à sa victime. Avec le temps, le déséquilibre de pouvoir dans la relation et sa dynamique se renforcent. La victime devient piégée dans une relation de violence. Ce problème peut aussi survenir entre des groupes d'enfants.
Voici les principaux éléments de l'intimidation :
- déséquilibre de pouvoir : un enfant a plus de pouvoir que l'autre (du moins c'est ainsi que les enfants dans la situation d'intimidation le perçoivent);
- actes blessants : des actes blessants sont commis (physiques ou psychologiques – voir le tableau à la page 2);
- actes directs et indirects : les actes sont commis devant la victime ou dans son dos;
- comportement répétitif : les actes blessants sont répétés, de sorte que l'enfant qui en est victime a de plus en plus de difficulté à s'en sortir.
Se taquiner, se bousculer amicalement et même faire semblant de se battre ne sont pas considérés comme des actes d'intimidation lorsque les deux enfants s'amusent.
Combien d'enfants en intimident d'autres?
Ce ne sont pas tous les enfants qui en intimident d'autres ou qui sont victimes d'actes d'intimidation – une proportion relativement faible d'enfants sont directement touchés par des actes d'intimidation :
De la maternelle au secondaire 2 (généralement de 4 à 13 ans)
- 15 % des enfants ont dit avoir commis des actes d'intimidation au moins deux fois durant le semestre. Footnote 1
- 2 % des enfants ont dit avoir commis des actes d'intimidation une fois par semaine ou plus. Footnote 2
Garçons
- 14 % des garçons de 4 à 11 ans ont dit avoir commis des actes d'intimidation. Footnote 3
Filles
- 9 % des filles de 4 à 11 ans ont dit avoir commis des actes d'intimidation. Footnote 4
Combien d'enfants sont victimes d'intimidation?
De la maternelle au secondaire 2 (généralement de 4 à 13 ans)
- 20 % des enfants ont dit avoir été victimes d'intimidation plus d'une fois ou deux durant le semestre. Footnote 5
- 8 % des enfants ont été victimes d'intimidation au moins une fois par semaine. Footnote 6
- Des enfants ont été victimes d'intimidation toutes les sept minutes dans la cour d'école, et toutes les vingt-cinq minutes dans la classe. Footnote 7
Garçons
- 5 % des garçons de 4 à 11 ans ont dit avoir été victimes d'intimidation parfois ou très souvent. Footnote 8
Filles
- 7 % des filles du même groupe d'âge ont été victimes d'intimidation parfois ou très souvent. Footnote 9
Intimidation fondée sur l'appartenance ethnoculturelle
- 27 % des élèves du primaire provenant de groupes minoritaires ont dit avoir été victimes d'intimidation à cause de leur origine ethnique. Footnote 10
Physique | Psychologique | |
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Verbale | Sociale | |
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Résultats | ||
Peut causer du tort physique à l'enfant, endommager des objets qui lui appartiennent (vêtements, jouets, etc.) ou l'amener à se sentir mal dans sa peau. | Peut amener l'enfant à se sentir mal dans sa peau. | Peut amener l'enfant à se sentir seul et exclu du groupe. |
Combien d'enfants sont témoins d'intimidation?
Ce ne sont pas tous les enfants qui sont directement touchés par des incidents d'intimidation, mais beaucoup d'entre eux y sont mêlés d'autres manières – certains en tant que spectateurs, d'autres en encourageant l'intimidation et d'autres encore en essayant d'y mettre fin :
- 85 % des incidents d'intimidation sont commis en présence d'autres enfants. Footnote 12
- Les autres enfants essaient de mettre fin à l'intimidation dans 11 % à 19 % des cas. Footnote 13 Lorsque quelqu'un s'interpose, il aide à stabiliser la situation et à réduire le déséquilibre de pouvoir.
Dans plus de la moitié des cas où d'autres enfants interviennent, l'intimidation cesse en 10 secondes! – Hawkins, Pepler & Craig, 2001
Ensemble, nous pouvons aider à combattre l'intimidation
Ces conseils ont été compilés à partir d'une variété de ressources sur l'intimidation et doivent être considérés comme des propositions sur la façon de réagir dans la plupart des cas d'intimidation. Si vous désirez obtenir des conseils supplémentaires, veuillez consulter les documents cités à la fin du présent feuillet d'information.
Conseils pratiques aux adultes pour aider les enfants
L'enfant qui vient vous demander de l'aide a peut-être besoin de paroles d'encouragement en plus de conseils pratiques. Essayez certaines des suggestions qui suivent, en vous servant de votre jugement pour les adapter aux circonstances :
Si l'enfant est victime d'intimidation, vous pouvez lui suggérer ce qui suit :
- « Reste calme et essaie de ne pas montrer que tu es contrarié. Essaie de ne pas réagir en te mettant en colère, car cela peut empirer les choses. »
- « Regarde la personne droit dans les yeux et dis lui que tu n'aimes pas ce qu'elle fait. »
- « Aussitôt que tu le peux, va voir un adulte en qui tu as confiance et raconte-lui ce qui s'est passé. C'est ton droit d'être en sécurité. »
- « Si tu as peur d'en parler tout seul à un adulte, demande à un ami de t'accompagner. »
- « Reste près des enfants sur qui tu sais que tu peux compter pour prendre ta défense. »
- « Ne va pas dans les endroits où tu sais que tu peux te faire intimider. »
- « Si l'intimidation se poursuit, éloigne-toi et va voir d'autres enfants ou demande à quelqu'un de t'aider. »
Si l'enfant est témoin d'intimidation, vous pouvez lui suggérer ce qui suit :
- « Interpose-toi et prends la défense de la personne à qui on fait du tort. Personne ne mérite d'être intimidé. Tu peux apporter ton aide en disant à l'intimidateur d'arrêter. »
- « Si c'est difficile pour toi de prendre seul la défense de la victime, demande à un ami de le faire avec toi. »
- « Réconforte la personne à qui on a fait du tort et dis-lui que ce qui s'est passé n'était pas juste ou mérité. »
- « Si cela ne marche pas tout de suite ou si tu as peur de dire ou de faire quelque chose tout seul, demande à un adulte en qui tu as confiance de t'aider. »
- « Aide l'enfant qui est victime d'intimidation en te montrant amical. Invite-le à participer à tes activités à l'école. Cela lui permettra de se sentir moins seul. »
Voici certaines paroles d'encouragement qu'on peut donner à l'enfant :
- « Même si tu en as peut-être l'impression, la situation n'est pas désespérée. On peut faire quelque chose pour mettre fin au comportement qui te cause du tort. Je vais t'aider. »
- « Souviens-toi que si tu t'éloignes pour aller chercher de l'aide, tu fais partie de la solution, alors que si tu restes sur les lieux et continues d'être spectateur, tu fais partie du problème. »
- « Rends-toi compte que tu peux contribuer à améliorer ton école, ton équipe sportive ou ta collectivité en prenant des mesures pour mettre fin à l'intimidation. »
Votre rôle : comment les adultes peuvent aider
L'intimidation n'est pas un problème que les enfants peuvent résoudre tout seuls. Il s'agit d'un rapport de force qu'il est difficile de changer sans l'aide d'un adulte. Dans la plupart des cas, il ne faut que quelques minutes pour mettre fin au comportement d'intimidation, surtout si l'on agit immédiatement et toujours de la même façon.
Si vous êtes témoin d'incidents d'intimidation, parlez avec les enfants qui sont agressifs, faites leur comprendre le tort qu'ils causent et demandez-leur de réparer le tort auprès des enfants qui ont souffert de leur comportement. Cela permet généralement de rompre le cycle.
Cependant, la plupart des incidents d'intimidation se produisent en votre absence. Lorsqu'on vous en parle, il faut prendre la situation très au sérieux, étant donné que les enfants ne décident d'en parler aux adultes qu'en dernier ressort.
Dans un petit nombre de cas, le comportement de l'enfant intimidateur est un problème chronique qui nécessite l'intervention de la famille et l'aide d'un professionnel du domaine de la santé.
Si vous êtes un parent, un tuteur ou une personne qui s'occupe d'un enfant :
- Écoutez toutes les plaintes faites par l'enfant au sujet de l'intimidation et réagissez-y, même dans les cas qui peuvent sembler insignifiants, comme des injures.
- Parlez aux adultes qui étaient en charge lorsque l'intimidation est survenue afin de trouver des façons de remédier à la situation et d'empêcher d'autres problèmes de survenir.
- Mettez fin aux comportements d'intimidation qui surviennent à la maison. Il est important de toujours intervenir de la même manière!
- Examinez la façon dont vous traitez les autres et dont vous permettez aux autres de vous traiter. En tant que modèle, vos actions et réactions peuvent influencer la manière dont les enfants interagissent.
Si vous êtes un adulte ayant la responsabilité d'enfants (p. ex. un enseignant ou un entraîneur)
- Écoutez toutes les plaintes faites par les enfants et les parents au sujet de l'intimidation et réagissez-y, même dans les cas qui peuvent sembler insignifiants, comme des injures. Il est important de toujours intervenir de la même manière!
- Soyez attentif aux interactions sociales des enfants dans le groupe. Lorsque vous formez des sous-groupes, séparez les enfants qui ont tendance à avoir des rapports négatifs entre eux.
- Placez les enfants qui ont tendance à être exclus dans un groupe où ils seront acceptés. Essayez de ne pas créer de situations qui favoriseront la victimisation des enfants à risque (p. ex. choisissez les membres de l'équipe et les partenaires dans un groupe).
- Examinez la façon dont vous traitez les autres et dont vous permettez aux autres de vous traiter. En tant que modèle, vos actions et réactions peuvent influencer la manière dont les enfants interagissent.
Si vous dirigez une organisation ayant la responsabilité d'enfants (p. ex. un directeur d'école ou un responsable d'une équipe sportive ou d'un autre programme destiné à des enfants) :
- Écoutez toutes les plaintes faites par les enfants, les parents ou les adultes ayant la responsabilité d'enfants au sujet de l'intimidation et réagissez-y même dans les cas qui peuvent sembler insignifiants, comme des injures. Il est important de toujours intervenir de la même manière!
- Appuyez les adultes travaillant directement auprès des enfants lorsqu'ils appliquent des mesures constructives pour mettre fin à l'intimidation, par exemple en séparant les enfants qui sont perturbateurs, en augmentant la surveillance dans les endroits où se produit habituellement l'intimidation et en plaçant les enfants vulnérables dans des groupes non intimidateurs.
- Mettez en place une politique efficace de lutte contre l'intimidation dans votre organisation. Cette politique doit fixer clairement les limites de ce qui constitue un comportement acceptable. Elle doit aussi prévoir des conséquences significatives pour enseigner aux enfants agressifs des façons plus saines d'interagir.
- Cette politique doit être examinée et acceptée par tout le monde (y compris les enfants).
- Veillez à ce que la politique soit appliquée de façon systématique et uniforme par tous les intéressés.
- Examinez la façon dont vous traitez les autres dans l'organisation et dont vous permettez aux autres de vous traiter. En tant que modèle, vos actions et réactions peuvent influencer la manière dont les enfants interagissent.
Les responsables du Centre national de prévention du crime (CNPC) désirent souligner le soutien et l'aide de la Dre Debra Pepler et de la Dre Wendy Craig, de la Canadian Initiative for the Prevention of Bullying, pour la rédaction du présent document.
Vous pouvez aussi consulter les sites Internet suivants :
Écoles
- Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens : www.aefo.on.ca
- Centre québécois de ressources en promotion de la sécurité et en prévention dela criminalité – Outils d'intervention : intimidation : www.crpspc.qc.ca
Adolescents
- Tel-Jeunes : www.teljeunes.com
- Toile Jeunesse : www.toilejeunesse.centre-du-quebec.qc.ca
Parents et tuteurs
- Assistance Parents : www.assistanceparents.ca
- Commission scolaire de Montréal : www.ordrepsy.qc.ca (Version PDF)
- Conseil canadien de la sécurité : www.safety-council.org
- GRC : www.rcmp.ca
- Jeunesse j'écoute – Fiche d'information : www.parlonsen.com
Sources générales pour tout le monde
- Centre de documentation de la commission scolaire de Montréal : www.csdm.qc.ca
- Bullying.org Canada : www.bullying.org (en anglais)
- The Society for Safe and Caring Schools and Communities : www.sacsc.ca (en anglais)
- Expressions médicales : www.exmed.org
Notes
- 1 Charach, Pepler & Ziegler, 1995
- 2 Ibid
- 3 Craig, Peters & Konarski, 1998
- 4 Ibid
- 5 Charach, Pepler & Ziegler, 1995
- 6 Ibid
- 7 Craig & Pepler, 1997
- 8 Peters & Konarski, 1998
- 9 Ibid
- 10 Pepler, Smith, Craig & Connelly, 2002
- 11 Pepler & Craig, 2000; Connolly, Pepler & Craig, 2003.
- 12 Craig & Pepler, 1997; Atlas & Pepler, 1998
- 13 Craig & Pepler, 1997; Hawkins, Pepler & Craig, 2001
Pour plus d'information sur les programmes de financement du Centre national de prévention du crime (CNPC) ou pour obtenir les coordonnées de personnes-ressources du CNPC dans votre région, veuillez visiter le site ou appeler au 800-830-3118.
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