Plan d'action sur la santé mentale pour les délinquants sous responsabilité fédérale

Aperçu

Le gouvernement du Canada est en train d'élaborer un plan d'action pour mieux répondre aux besoins des nombreux délinquants ayant des besoins en santé mentale. Ce Plan d'action sur la santé mentale pour les délinquants sous responsabilité fédérale sert de point de départ à l'élaboration d'une réponse globale du gouvernement aux recommandations formulées par le jury dans le cadre de l'enquête du coroner de l'Ontario sur le décès d'Ashley Smith, prévue pour l'automne ou l'hiver 2014.

Le plan d'action continuera d'évoluer au fur et à mesure que le gouvernement progressera dans l'examen et l'analyse des recommandations du jury.

Le plan d'action du gouvernement porte sur cinq piliers d'action :

1. L'évaluation en temps opportun

La réinsertion sociale graduelle en toute sécurité des délinquants commence dès le premier jour de leur peine. La première étape, qui consiste à comprendre les besoins particuliers de chacun, commence par une évaluation personnalisée, notamment à l'admission, afin de déterminer et de prioriser les facteurs de risque, et par un dépistage des troubles mentaux destiné à détecter les signes et les symptômes associés aux maladies mentales graves. Ces évaluations exhaustives permettent au SCC d'élaborer un plan correctionnel unique, en fonction des risques que présente chacun des délinquants et de ses besoins en matière de santé, quel que soit son âge, homme ou femme, afin d'aider à orienter l'élaboration de programmes et d'autres interventions, ainsi qu'une stratégie d'intervention qui prévoit les programmes nécessaires en santé mentale tout au long de la peine du délinquant.

2. La gestion efficace

Pour le SCC, la gestion de cas et la surveillance en établissement consistent à surveiller, à évaluer et à consigner les progrès accomplis par les détenus au cours de leur peine par rapport aux objectifs de leur plan correctionnel et à intervenir à cet égard. Les agents de libération conditionnelle en établissement et les intervenants de première ligne ont la responsabilité de présenter des recommandations à la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) en vue de la mise en liberté et du maintien en incarcération des délinquants, à la suite d'évaluations approfondies du risque fondées sur des évaluations et interventions correctionnelles continues, avec le concours de tous les membres de l'équipe de gestion des cas.

3. Les interventions judicieuses

Depuis plus d'une dizaine d'années, le Service correctionnel du Canada (SCC) conçoit des programmes fondés sur les résultats des recherches afin de réduire le risque que les délinquants commettent de nouvelles infractions après leur mise en liberté. Cela comprend des programmes correctionnels, éducatifs et sociaux ainsi que les politiques qui définissent le cadre de prestation et de gestion de ces programmes. Grâce à l'importance accordée à l'établissement de stratégies d'intervention judicieuses, les délinquants reçoivent le bon programme au bon moment durant leur peine, et les programmes correctionnels sont offerts aux détenus qui en ont le plus besoin en priorité.

Il y a trois types d'interventions dans le domaine de la santé mentale :

4. La formation et le perfectionnement continus

Les employés du Service correctionnel du Canada ont tous un rôle essentiel à jouer en vue de la réalisation de la mission et du mandat du Service. Ils doivent non seulement suivre les programmes de formation essentiels, mais aussi perfectionner de façon continue leurs connaissances et leurs compétences, pour favoriser l'amélioration de leur propre rendement et celui de l'organisation.

5. La gouvernance et la surveillance rigoureuses

Il faut une structure de gouvernance solide pour appuyer et améliorer continuellement les services fournis aux détenus ainsi que pour veiller à ce que les lois et les politiques soient appliquées de manière juste et uniforme. De bons outils de gouvernance et de surveillance permettent en outre de mieux intégrer tous les aspects de la gestion des délinquants, y compris les opérations correctionnelles, la réinsertion sociale, les services de santé physique et les services de santé mentale.


Plan d'action du gouvernement
Activités prioritaires du SCC
ÉTAT
PRÉVU EN COURS TERMINÉ
1. Évaluation
Mettre en place un processus plus complet de dépistage des troubles mentaux dans toutes les unités d'admission, y compris celles des cinq établissements pour femmes
Une vérification sera effectuée pour déterminer si le SCC a établi des procédures pour s'assurer que des services de santé mentale essentiels appropriés, conformes aux normes professionnelles reconnues et aux lois applicables, et que des options de traitement appropriées sont offertes aux délinquants qui sont considérés comme les cas les plus graves, chroniques et complexes d'automutilation.
Utiliser les ressources externes pour l'évaluation des détenus ayant des besoins complexes
2. Gestion
Rappeler qu'il faut préciser que, lorsqu'un objet est utilisé par un détenu pour des actes ou des tentatives d'automutilation, le personnel doit intervenir de façon adéquate, raisonnable et sécuritaire pour le saisir ou le retirer.
Insister sur l'importance de la surveillance des conditions d'isolement et de la surveillance des délinquants placés en isolement préventif.
Effectuer un examen complet de la recherche et des pratiques opérationnelles actuelles concernant l'isolement.
Augmenter les interactions avec les délinquants en augmentant la fréquence des dénombrements et des patrouilles de sécurité et en mettant l'accent sur la sécurité active
Renforcer dans la politique le fait que les détenus soumis à une surveillance accrue ou modifiée du risque de suicide ne seront pas transférés dans un établissement autre qu'un centre de traitement, sauf si le professionnel de la santé mentale traitant estime que le transfèrement réduirait le risque.
En 2008, le SCC a commencé à accroître le nombre de places dans les établissements pour femmes et, d'ici la fin de 2014, il comptera 152 nouvelles places. Point important à souligner, ce chiffre inclut une capacité d'accueil accrue de 50 % dans les milieux de vie structurés.
3. Interventions
Prendre des mesures pour renforcer l'expertise interne en créant un poste de psychiatre national et en mettant en place des comités, à l'échelle régionale et nationale, qui fournissent un soutien aux unités opérationnelles pour la gestion et le traitement des cas complexes.
Mettre en œuvre une gamme complète de programmes correctionnels pour délinquantes qui sont adaptés à leurs besoins et conçus pour répondre aux besoins particuliers de celles‑ci. Ces programmes ciblent les comportements problématiques liés aux activités criminelles dans le cadre de deux volets – un pour les délinquantes autochtones et l'autre pour les délinquantes non autochtones.
Élaborer des stratégies à court et à long terme sur les besoins en matière de service, de soutien et de logement des délinquantes ayant des problèmes de santé mentale et/ou de comportement importants.
Créer des équipes interdisciplinaires en santé mentale dans les établissements ordinaires (y compris les établissements pour femmes). Cela comprend l'ajout de professionnels de la santé mentale, notamment des travailleurs sociaux, des ergothérapeutes et des membres du personnel infirmier spécialisés en santé mentale, afin de compléter l'effectif actuel des services de psychologie.
Mise en œuvre du Plan de gestion des incidents et d'intervention en cas d'urgence et du Plan de gestion interdisciplinaire, conçus respectivement pour les interventions à l'égard des besoins immédiats et les interventions à long terme.
Mettre en place un processus de consultation pour les cas complexes, qui inclut la participation d'intervenants internes et externes. En 2013‑2014, le psychiatre national du SCC a procédé à neuf consultations dans le cas de dossiers complexes.
Poursuivre les partenariats et en établir de nouveaux afin d'accroître la capacité externe en matière de soins psychiatriques pour les délinquantes ayant des besoins complexes.
Définir une approche nationale normalisée pour le Programme de soutien par les pairs dans les établissements pour femmes.
Mobiliser les intervenants externes dans les domaines de la santé mentale, des services correctionnels et du droit en vue de compléter le Plan d'action du gouvernement et de solliciter leur aide dans l'examen des recommandations formulées par le jury dans le cadre de l'enquête du coroner sur le décès d'Ashley Smith.
Entreprendre des recherches externes de grande qualité sur les dépendances et la santé mentale, en élargir la portée et les consolider.
4. Formation
Élaborer et donner la formation « Principes fondamentaux en santé mentale ».
Élaborer et donner la formation « Leadership éthique » et « Le leadership axé sur les valeurs ».
Élaborer et mettre en œuvre une version actualisée du guide de l'isolement préventif destiné aux membres du personnel.
Mettre à jour la formation sur la thérapie comportementale dialectique (TCD) destinée aux membres du personnel et aux gestionnaires
Lancer le Portail sur la réceptivité et la section contenant la Trousse de ressources en santé mentale.
Concevoir et mettre au point du matériel de formation en se servant du cas d'Ashley Smith en guise d'exemple à étudier, pour enrichir les connaissances des employés et des gestionnaires.
5. Gouvernance et surveillance
Renforcer le leadership fonctionnel dans tous les aspects de la prestation des services de santé.
Élaborer et promouvoir la Stratégie en matière de santé mentale du Service correctionnel du Canada.
Élaborer et promouvoir la Stratégie sur la santé mentale en milieu correctionnel au Canada, qui définit les éléments de base des services de santé mentale en milieu correctionnel. Elle a été élaborée en collaboration avec la Commission de la santé mentale du Canada
Établir un cadre de gouvernance pour appuyer l'étude et l'évaluation des recommandations et élaborer la réponse du gouvernement.
Amener les partenaires communautaires locaux (les comités consultatifs de citoyens) à raffermir leur soutien envers le SCC. 
Revoir les recommandations découlant de l'enquête du coroner sur le cas d'Ashley Smith et faire participer les professionnels et intervenants de la santé mentale à l'élaboration de la réponse du gouvernement prévue pour décembre 2014.
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