ARCHIVÉE - Symposium Création de liens : la santé mentale et le système de justice
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Calgary (Alberta)
Le 25 mai 2011
Priorité au discours prononcé
Merci de cet accueil chaleureux. Je suis heureux d'être avec vous tous aujourd'hui à l'occasion du symposium Création de liens.
Le grand mathématicien et physicien anglais, Sir Isaac Newton, a déjà dit que la plupart des gens construisent souvent trop de murs, mais pas suffisamment de ponts.
Cette affirmation est vraie dans certains cas. Aujourd'hui, toutefois, je suis ravi de voir nombre d'entre vous réunis pour discuter des façons dont nous pouvons collaborer pour combler les écarts relatifs aux approches de travail auprès des personnes atteintes d'une maladie mentale - plus particulièrement, aux personnes qui ont eu des démêlés avec le système de justice pénale.
Je tiens à souhaiter chaleureusement la bienvenue à chacun d'entre vous et à vous exprimer ma profonde gratitude pour le travail que vous effectuez et pour votre participation aux discussions d'aujourd'hui.
Je me réjouis d'entendre vos idées et les résultats de vos réunions.
Je souhaite transmettre mes remerciements tout particulièrement aux organisateurs dont le dur labeur a permis de nous réunir tous ici. Merci de votre excellent travail!
Aujourd'hui, nous savons qu'environ 29 pour cent des délinquantes et 13 pour cent des délinquants sous responsabilité fédérale présentent un trouble de santé mentale à leur admission.
Nous savons aussi que les troubles de santé mentale sont désormais de deux à trois fois plus courants dans les établissements canadiens que dans la population générale.
À bien des égards, la présence d'un nombre aussi élevé de personnes atteintes de troubles mentaux dans notre système correctionnel aujourd'hui remonte à la vague de désinstitutionnalisation provinciale survenue dans les années 1970 et 1980 au Canada.
En rétrospective, nous savons que cette décision a été animée des meilleures intentions. On croyait à l'époque qu'il était possible de traiter les personnes atteintes de troubles mentaux graves de manière plus efficace et plus humaine dans la collectivité grâce aux nouveaux médicaments et à un soutien communautaire accru.
Les personnes atteintes de troubles mentaux graves auraient alors la chance de mener une vie constructive dans la collectivité, et les lits d'hôpitaux pourraient être réservés aux cas les plus graves pour s'assurer que ces personnes reçoivent le traitement adéquat.
Bien entendu, à la lumière des conséquences engendrées et comme nous le savons maintenant, la transition entre l'établissement et la collectivité a été loin d'être parfaite.
La désinstitutionalisation a été accompagnée d'un assouplissement des lois, des décisions judiciaires et des pratiques qui a permis aux personnes atteintes de troubles mentaux de refuser un traitement et de s'opposer à être internées pour recevoir des soins.
Nous nous retrouvons aujourd'hui devant la situation où les jeunes âgés de plus de 18 ans, qui sont les plus à risque d'avoir des démêlés avec le système de justice pénale, ne savent plus où trouver de l'aide et peuvent refuser de suivre un traitement. Bien souvent, ils ne sont même plus considérés comme des personnes ayant besoin d'aide, jusqu'à ce que quelqu'un appelle la police.
Il en résulte qu'un grand nombre de personnes atteintes de troubles mentaux finissent par se retrouver dans des établissements correctionnels - souvent des pénitenciers.
Que pouvons-nous faire pour changer la situation?
Comment pouvons-nous nous assurer que les personnes atteintes de troubles mentaux ne finissent pas dans nos pénitenciers, comme il y a 150 ans?
Je crois que les leçons apprises au cours des 30 dernières années servent à souligner l'importance du défi à affronter. Elles servent aussi à nous montrer la marche à suivre. C'est ce dont j'aimerais discuter brièvement maintenant.
Comme vous le savez tous, le gouvernement du Canada a récemment mis sur pied la Commission de la santé mentale du Canada afin d'élaborer une stratégie nationale en matière de santé mentale.
Il s'agit d'une mesure importante, et je désire très certainement me joindre à vous tous pour applaudir le travail de la Commission. Les efforts du sénateur Kirby et de ses collègues ont déjà porté leurs fruits. Toutefois, il y a encore beaucoup à faire.
Par exemple, le document-cadre de la Commission indique que les gouvernements, pour leur part, doivent trouver une façon de coordonner leurs activités, pas seulement dans le secteur de la santé, mais aussi entre les différents ministères et organismes qui participent au financement, à l'organisation et à la prestation de services et de mécanismes de soutien qui ont une incidence dans le secteur de la santé mentale.
Il y est aussi dit qu'il faut envisager de nouveaux mécanismes de coordination gouvernementaux novateurs pour garantir que les priorités en matière de santé mentale sont prises en compte dans les différents ordres de gouvernement.
À l'heure actuelle, le Comité consultatif sur la santé mentale et la loi de la Commission de la santé mentale collabore avec la section de Winnipeg de l'Association canadienne pour la santé mentale et le Centre juridique de l'intérêt public de l'Aide juridique du Manitoba en vue d'évaluer la façon dont les lois et la pratique en matière de soins en santé mentale respectent les droits des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale.
Dans le cadre de son projet sur les services de police, le Comité consultatif élabore également des lignes directrices détaillées sur les programmes d'éducation et de formation des policiers au Canada dans le but d'accroître les interactions entre les policiers et les personnes atteintes de troubles mentaux.
Autre point important : en tant que ministre responsable du service correctionnel fédéral, je dois également me concentrer sur les droits et les obligations des personnes qui travaillent dans nos établissements correctionnels. Comment les problèmes de santé mentale ont-ils une incidence sur les opérations et la gestion des établissements correctionnels fédéraux? Aucun d'entre vous ne sera surpris d'entendre que les répercussions sont profondes.
Notre succès repose sur une coordination, un partenariat et une collaboration accrus, et nous réalisons des progrès non seulement grâce au travail effectué par la Commission de la santé mentale du Canada, mais aussi au travail des nombreux partenaires qui sont avec nous aujourd'hui.
Nos partenaires provinciaux et territoriaux, par exemple, investissent de plus en plus dans de nouveaux modèles de prestation de services comme les tribunaux de santé mentale et les équipes d'intervention intégrées.
Comme il est précisé dans le répertoire, élaboré à la suite de la réunion de 2009 des ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux responsables de la Justice, divers ministères et organismes gouvernementaux, ainsi que des organisations communautaires et à but non lucratif, élaborent, à l'heure actuelle, plus de 200 initiatives pour aider à établir une gamme plus complète de soins adaptés aux personnes atteintes de troubles mentaux. Il s'agit d'une orientation très prometteuse.
À l'échelon fédéral, le Service correctionnel Canada progresse quant à la mise en œuvre de la Stratégie en matière de santé mentale tant au sein des établissements que des collectivités.
Il continue d'élaborer des propositions pour les unités de soins de santé mentale intermédiaires. Ces unités fourniront des soins aux délinquants dont les troubles mentaux ne sont pas assez graves pour nécessiter une hospitalisation dans un établissement psychiatrique, mais qui ont besoin d'un soutien structuré et de soins plus poussés que ceux fournis par les services primaires de santé mentale de l'organisation.
Dans l'intervalle, le Service correctionnel Canada met à l'essai une unité de soins de santé mentale intermédiaires de 30 lits au pénitencier de Kingston et une unité de soins pour les besoins complexes de dix lits au Centre régional de traitement de l'établissement du Pacifique.
Le Service correctionnel Canada a mis en œuvre un système de dépistage des problèmes de santé mentale dans les établissements où se font les évaluations initiales, et les établissements fédéraux ont amélioré leurs équipes multidisciplinaires de professionnels en santé mentale qui fournissent aux délinquants du soutien et des services de base en santé mentale.
Le Service correctionnel Canada fournit également des services de planification clinique de la continuité des soins en santé mentale pour soutenir les délinquants atteints de troubles mentaux qui sont libérés dans la collectivité.
Le Service correctionnel Canada peut continuer et continuera d'apporter les changements positifs déjà entamés afin d'améliorer l'évaluation initiale, le traitement et la libération subséquente des délinquants atteints de troubles mentaux.
Toutefois, je tiens maintenant à faire une observation importante concernant les limites du système correctionnel fédéral : la prévention de la criminalité et l'intervention adéquate une fois le crime commis signifient que nous devons bien comprendre la portée et l'étendue des défis en matière de santé mentale que notre pays doit affronter. Même si je m'attends à ce que le processus de transition soit long, nous devons arrêter de prendre nos établissements pour un système de soins de santé parallèle après qu'un crime a été commis.
C'est pourquoi notre gouvernement a formé la Commission de la santé mentale du Canada - pour recommander des solutions adéquates et optimales à ce qui semble parfois être des problèmes insolubles.
Et c'est aussi pour cette raison que nous nous entretiendrons au sujet de la santé mentale et de la justice - encore et encore - jusqu'à ce que nous trouvions ensemble des solutions adéquates à l'un des plus grands défis auxquels la société canadienne doit faire face aujourd'hui.
La façon dont nous traitons les personnes atteintes de troubles mentaux touche les valeurs fondamentales de ce pays. C'est une question de compassion et de justice, c'est-à-dire des valeurs que nous chérissons tous en tant que Canadiens.
Nous devons trouver des réponses. Nous devons trouver des solutions. Et tous ensemble, je sais que nous pouvons le faire.
Je suis impatient de vous entendre et de collaborer avec vous au cours des prochains mois. Merci.
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