Sommaire d’évaluation du Velocity Adventure Program

Sommaire d’évaluation du Velocity Adventure Program Version PDF (635 Ko)
Table des matières

par Giselle Rosario

Sommaire

La Stratégie nationale pour la prévention du crime (SNPC) de Sécurité publique Canada a pour mandat d'acquérir et de diffuser des connaissances sur les programmes efficaces de prévention du crime, afin d'aider les décideurs et les praticiens des collectivités de partout au pays à faire le meilleur usage de leurs ressources de prévention du crime. Pour concrétiser ce mandat, la SNPC appuie des projets de prévention du crime fondés sur des données probantes choisis dans des collectivités de partout au pays et cherche à fournir des réponses pratiques à trois questions clés : qu'est-ce qui fonctionne (avec qui et dans quelles circonstances), à quel prix, et comment l'intervention suscite-t-elle un changement positif? Il est possible de déterminer ce qui fonctionne en évaluant sélectivement des projets de prévention du crime qui ont fait la preuve de la bonne logique de leur programme. En outre, il est possible de déterminer si les interventions ont fonctionné en recueillant et en analysant des données qualitatives provenant de tous les organismes qui reçoivent un soutien de la SNPC en vue de la réalisation d'interventions.

Le présent sommaire fait un survol des constatations tirées de l'évaluation des impacts du programme Velocity Adventure Program financé par la Stratégie nationale pour la prévention du crimeNote 1.

Note de l'auteure

Les opinions exprimées dans le présent document sont celles de l'auteure et ne traduisent pas nécessairement celles de Sécurité publique Canada. Prière d'acheminer toute correspondance à propos du présent rapport à l'adresse suivante : Division de la recherche, Sécurité publique Canada, 340, avenue Laurier Ouest, Ottawa (Ontario), K1A 0P8. Courriel : PS.CPBResearch-RechercheSPC.SP@ps-sp.gc.ca.

Introduction

Le Velocity Adventure Program (Velocity) est un programme axé sur l'aventure qui vise à réduire le comportement antisocial, à accroître l'attachement à l'école et à réduire la consommation de substances chez les jeunes à risque. Il est considéré comme une intervention prometteuse qui aide les jeunes à surmonter l'adversité, à créer des liens dans la collectivité et à les renforcer, ainsi qu'à faire des choix de vie sains.

La SNPC a accordé un financement de 574 014 $ au Community Youth Network (CYN) de St. John's, à Terre‑Neuve‑et‑Labrador, pour la mise en œuvre du programme Velocity de mars 2009 à août 2012. Le projet a été prolongé de deux ans, jusqu'au 28 février 2014.

En quoi consiste la prévention du crime fondée sur des données probantes?

Les gens ne naissent pas délinquants. Leur passé est souvent parsemé de divers facteurs de risque repérables et d'occasions ratées de changer de chemin. Des études, réalisées aux États‑Unis et au Royaume‑Uni pour la plupart, montrent que la délinquance chronique remonte à l'âge de 8 à 12 ans, lorsque les jeunes, en particulier les garçons, commencent à présenter des facteurs de risque associés à la criminalité. Ces facteurs et leurs effets cumulatifs, ainsi que diverses interventions qui ont la capacité de les changer, sont bien connus tant dans la documentation étrangère que dans la documentation canadienne.

Les chemins qui mènent à une vie de criminalité ne sont pas inévitables. Bon nombre de facteurs de risque peuvent être changés si des interventions ciblées sont réalisées auprès des bonnes personnes à des moments opportuns de leur vie. Or, lorsque des occasions d'intervenir sont ratées, il devient plus coûteux et plus difficile d'intervenir efficacement.

La prévention du crime fondée sur des données probantes repose sur des principes et des méthodes d'intervention établis par la recherche, et a pour objet d'agir sur les facteurs de risque connus associés au comportement criminel parmi les populations à risque. L'application de cette approche peut entraîner des réductions de la délinquance, de la victimisation et des coûts afférents au fil du temps, en plus de renforcer la sécurité des collectivités.

Description du programme

Le programme Velocity se fonde sur des recherches qui montrent l'efficacité des programmes d'aventure en plein air lorsqu'il s'agit d'aider les jeunes en difficulté à canaliser leur énergie dans des comportements positifs.

Il cible les jeunes de 13 à 18 ans qui sont susceptibles de prendre part à des activités criminelles ou qui l'ont déjà fait. Le programme s'attaque aux principaux facteurs de risque associés à la criminalité, notamment le comportement agressif et antisocial, la toxicomanie ainsi que le faible attachement à l'école. Le programme compte trois composantes chronologiques :

Le programme Velocity comprend des activités visant à permettre au participant de cultiver des relations fondées sur la confiance et la communication, de se fixer des objectifs, d'acquérir des aptitudes à la vie quotidienne, d'apprendre par l'expérience, de prendre part à des activités d'aventure et de se soucier de sa santé. Les jeunes ont aussi bénéficié d'un soutien individuel, de références vers les services offerts dans la collectivité et d'encouragement continu à faire des choix de vie sains. La durée du projet, y compris le processus de sélection, était d'une année.

Évaluation du programme Velocity

Objectifs

L'évaluation des impacts, effectuée par l'entreprise Ference Weicker & Company Limited, a été lancée en mars 2010 et a pris fin en novembre 2013. L'évaluation visait à déterminer l'efficacité du programme Velocity pour ce qui est d'atténuer les facteurs de risque associés au comportement criminel chez les jeunes participants. Plus particulièrement, l'étude d'évaluation ciblait les objectifs suivants :

Devis et méthode d'évaluation

Les évaluateurs ont utilisé un devis mixte intégrant à la fois des analyses qualitatives et quantitatives. Ils ont tiré leurs données quantitatives d'entrevues, de prétests, de post-tests et de deuxièmes post-tests menés auprès des participants au programme, et sont allés chercher les données cumulatives de la Force constabulaire royale de Terre‑Neuve.

Ils ont aussi puisé des données dans les sources suivantes : données administratives, enquêtes auprès des partenaires de la collectivité, études des documents, entrevues avec des membres du comité consultatif du programme, rapports financiers, études documentaires, observations, enquêtes auprès des parents/tuteurs et des sources de référence, entrevues avec le personnel, rapports du personnel, groupes de discussion composés de participants et enquêtes auprès des jeunes. Les principales données recueillies auprès des participants au programme Velocity dans le cadre de l'évaluation des impacts constituaient une version détaillée des résultats obtenus aux évaluations du prétest et du post-test.

Pour évaluer les risques, les évaluateurs du programme Velocity ont principalement eu recours à trois tests normalisés qui sont en rapport avec les facteurs de risque ciblés par le programme. Les outils d'évaluation avaient aussi à voir avec les effets à court et à moyen terme ciblés par le programme.

Le Violent Intentions Test (Bosworth et Espelage, 2005) mesurait l'intention de recourir à des stratégies non violentes pour maîtriser sa colère et résoudre les conflits, tandis que le Hostility Test (Derogatis, Rickels et Rock, 1976) mesurait les symptômes sous-tendant l'hostilité qui sont liés à l'agressivité, à l'irritabilité, à la rage et au ressentiment. Les deux outils se sont avérés d'une grande fiabilité (cohérence interne = 0,84 et 0,73 respectivementNote 2).

Enfin, le questionnaire d'évaluation générale mettait l'accent sur les comportements liés à la toxicomanie et à la dépendance, de même que sur la motivation à l'école, le sentiment d'appartenance à la collectivité, la résolution de problèmes et l'estime de soi.

Le personnel du CYN a demandé aux participants de remplir les trois questionnaires au début du programme (prétest), à la fin du programme (post-test) et un an après la fin du programme. Une analyse descriptive des participants et des membres du groupe témoin a été réalisée. Des tests t d'échantillons appariés et d'échantillons indépendants, ainsi que des analyses multivariables à mesures répétées des variables d'effets, ont permis de cerner les différences propres à chacun des groupes et entre les groupes.

Échantillon

Le CYN avait prévu offrir le programme Velocity à 90 jeunes sur une période de 36 mois dans le cadre d'interventions de 12 mois. En fin de compte, 87 jeunes ont été sélectionnés pour participer au programme et 71 d'entre eux l'ont terminé; tous présentaient les caractéristiques et les facteurs de risque attendus, comme l'alcoolisme, la toxicomanie, l'activité criminelle précoce, le comportement agressif et antisocial ainsi que le manque d'attachement à l'école. L'échantillon de jeunes, composé de garçons et de filles principalement âgés de 12 à 17 ans, a rempli 67 questionnaires au prétest, 44 questionnaires au post-test et 25 questionnaires au deuxième post-test.

Groupe témoin

Les évaluateurs ont utilisé un devis quasi-expérimental faisant appel à un groupe témoin composé de jeunes sélectionnés dans une école secondaire locale. Au total, 45 jeunes ont rempli les questionnaires du prétest en novembre 2011, et 16 d'entre eux étaient disponibles pour le post‑test en juin 2012.

Les jeunes du groupe témoin présentaient les facteurs de risque ciblés dans une très faible mesure, leurs réponses aux questionnaires indiquant qu'ils étaient plus attachés à l'école que les participants au programme (96 % des membres du groupe témoin allaient régulièrement en cours, par opposition à 18 % des participants au programme), qu'ils consommaient moins de drogues et d'alcool (13 % consommaient des drogues illégales, comparativement à 44 % des participants), qu'ils n'avaient pas de casier judiciaire (par opposition à 27 % des participants), et qu'ils se montraient plus actifs dans leur collectivité (89 % comparativement à 34 %). On a par ailleurs observé des différences notables dans le sexe des jeunes, le groupe témoin comportant 87 % de filles contre 37 % pour le groupe expérimental.

Le groupe témoin différait du groupe expérimental sur le plan des principaux facteurs criminogènes, ce qui a limité la capacité d'attribuer les constatations à l'intervention.

Constatations tirées de l'évaluation des processus

L'évaluation des processus mettait l'accent sur la mise en œuvre du projet, les défis, les succès, les pratiques exemplaires, les leçons retenues et les points à améliorer.

D'après les constatations, pendant la durée du projet, les trois principales composantes du programme Velocity (la promotion de l'esprit d'équipe, le camp d'aventure et la participation) ont été exécutées comme prévu. Les activités ont été organisées et menées auprès de trois groupes cibles distincts : les garçons de 13 à 15 ans (n=25), les filles de 13 à 17 ans (n=26) et les garçons de 16 à 18 ans (n=20).

Le nombre de participants par année est le seul élément qui n'a pas été respecté : le programme Velocity devait être mis en œuvre auprès de 90 jeunes sur une période de 36 mois (30 jeunes par année), mais il a été offert à 87 jeunes considérés comme étant à risque et terminé par 71 d'entre eux. Le taux d'acceptation des références était d'environ 50 % pour les trois cohortes. Si certains jeunes ont refusé ou cessé de participer au programme, c'est surtout en raison d'un manque d'intérêt, d'un manque de capacité à prendre un engagement à long terme (d'une durée d'un an) ou d'un manque d'approbation parentale. Il est aussi arrivé que les responsables du programme ne parviennent pas à retracer les jeunes pour effectuer un suivi.

Les constatations tirées de l'évaluation des processus confirment l'efficacité de la méthode employée pour cerner et recruter les jeunes à risque. Tous les jeunes sélectionnés pour participer au programme Velocity (n=87) présentaient les caractéristiques et les facteurs de risque attendus, comme l'alcoolisme, la toxicomanie, l'activité criminelle précoce, le comportement agressif et antisocial, de même que le manque d'attachement à l'école. De plus, la majorité des participants (89 %) étaient âgés de 12 à 17 ans. La sélection s'est effectuée de manière uniforme pour les trois cohortes, les jeunes présentant des caractéristiques et des niveaux de facteurs de risque très semblables.

Les données qualitatives indiquent que le personnel a reçu une formation continue et diversifiée, et que les ressources du programme étaient suffisantes. Les responsables du programme se sont montré efficaces pour établir des relations avec les partenaires, principalement grâce à la formation d'un comité consultatif et à des activités de sensibilisation ciblées. Durant les entrevues, les participants ont affirmé que le personnel était qualifié et professionnel, et qu'il constituait un atout précieux et un facteur de réussite pour le programme.

L'un des principaux défis se rapportait aux caractéristiques du groupe cible, le comportement et le style de vie des participants ayant entraîné des difficultés à mettre en œuvre le programme. En effet, de nombreux participants étaient en transition, impliqués dans des activités criminelles et incapables de s'engager à long terme. Le transport et sa nature chronophage, de même que le roulement du personnel, ont aussi représenté des défis pour le programme Velocity.

Constatations tirées de l'évaluation des impacts

Le personnel du programme Velocity a recours à des activités récréatives et à un camp d'aventure pour favoriser les échanges; il s'attend ainsi à ce que les relations établies dans le cadre des composantes du programme produisent des effets discernables.

Au nombre des principales variables à court terme mesurées, mentionnons le degré d'accroissement de la connaissance des techniques de résolution de problèmes et de prise de décisions, le sentiment d'appartenance à la collectivité et la motivation à participer aux activités scolaires. D'autres effets d'intérêt tenaient à l'acquisition de compétences prosociales, à la connaissance de la toxicomanie et des stratégies pour la réduire, ainsi qu'à la motivation à réduire sa consommation de substances. Les variables à moyen et à long terme concernaient le degré de diminution du comportement agressif, le degré d'augmentation des choix de vie sains, la capacité de gérer les stress de la vie, le degré de réduction de la toxicomanie, et la diminution du comportement criminel lié à la drogue.

On a obtenu les données sur les effets par l'entremise de prétests et de post-tests auprès des jeunes (groupe expérimental et groupe témoin), d'enquêtes auprès des parents/tuteurs, et d'enquêtes auprès des sources de référence. On s'est aussi servi des données cumulatives provenant des casiers judiciaires de la Force constabulaire royale de Terre‑Neuve. Tous les ensembles de variables supposaient des variances inégales, et un niveau de signification alpha de 0,05 a été utilisé pour tous les tests statistiques, sauf indication contraire. La section suivante présente les principales constatations tirées de l'évaluation des impacts.

Attitudes et connaissances

Le programme Velocity a favorisé une attitude positive à l'égard de l'éducation parmi les jeunes. Selon les données de base, au moment d'entamer le programme, 63 % des participants n'allaient pas régulièrement en cours et 62 % avaient été suspendus de l'école.

Les données obtenues au prétest et au suivi de 12 mois (analyse propre à chacun des groupes) indiquent que le programme a grandement amélioré l'attitude des participants envers l'éducation : après leur participation au programme, les jeunes ont manifesté relativement plus d'intérêt à se fixer des objectifs scolairesNote 3. La majorité des parents/tuteurs (74 %) et des sources de référence (58 %) s'entendaient pour dire qu'après avoir participé au programme, les jeunes se fixaient des objectifs scolaires plus élevés (74 %) et souhaitaient poursuivre leurs études (68 %).

Les notes moyennes des participants au chapitre des connaissances (analyse comparative entre les groupes) étaient encore beaucoup plus faibles que celles des membres du groupe témoinNote 4; l'intervention ne semble donc pas avoir eu d'incidence sur les connaissances et les attitudes.

Pour ce qui concerne le sentiment d'estime de soi, les constatations indiquent que les jeunes étaient moins susceptibles de signaler qu'ils avaient le sentiment d'être un échec un an après avoir participé au programme VelocityNote 5. Toutefois, les notes moyennes des participants à ce chapitre étaient encore beaucoup plus faibles que celles des membres du groupe témoinNote 6. Ce résultat laisse croire que l'intervention a réduit le sentiment d'échec chez les participants, mais que cette réduction n'a rien de remarquable si on la compare aux résultats obtenus par le groupe témoin. La situation de vie des participants et les défis qu'elle entraîne pourraient être en cause.

En ce qui a trait à la capacité des participants de gérer les imprévus, on n'a observé aucun changement statistiquement significatif, les résultats des participants étant similaires à ceux du groupe témoin. On peut donc conclure que tous les jeunes de cet âge connaissent des difficultés à cet égard.

Les jeunes étaient moins susceptibles de dire qu'ils éprouvaient un sentiment d'appartenance à la collectivité un an après leur participation au programme Velocity. Les résultats de l'analyse comparative entre les groupes n'étaient pas statistiquement significatifs, mais l'analyse propre à chacun des groupes a permis de constater un changement statistiquement significatifNote 7 dans une direction non souhaitée, les participants au programme éprouvant un moins fort sentiment d'appartenance un an après le programme. Il se peut que leur sentiment d'appartenance se soit émoussé en raison de la diminution de leurs contacts avec le personnel une fois le programme terminé. La plupart des parents/tuteurs et des sources de référence avaient toutefois l'impression que les jeunes avaient bel et bien développé un sentiment d'appartenance à la collectivité après avoir participé au programme.

Aptitudes sociales

L'enquête contenait des questions visant à déterminer si l'intervention a provoqué des changements dans les compétences des participants pour ce qui est de gérer les situations sociales. Les constatations étaient mixtes sur le plan de la perception des jeunes quant à leurs aptitudes sociales.

Les résultats de l'analyse comparative entre les groupes étaient statistiquement significatifs pour la question concernant l'intérêt à perfectionner ses compétencesNote 8, ce qui signifie que le groupe témoin a exprimé un plus grand désir de perfectionner ses compétences au cours de la période visée. Cependant, les notes initiales élevées des jeunes participants indiquent qu'ils ont conservé leur désir de perfectionner leurs compétences tout au long du programme et après son achèvement. L'analyse propre à chacun des groupes des données du prétest et du deuxième post-test montre que la perception des jeunes quant à leurs aptitudes sociales n'a pas changé, l'intervention ne s'étant peut-être donc pas montré aussi efficace que prévu pour ce qui est d'inciter les jeunes à perfectionner leurs aptitudes sociales.

Immédiatement après la fin du programme, les jeunes avaient le sentiment de faire partie d'une équipe, mais les notes à cet égard avaient baissé au suivi de 12 mois (deuxième post-test). Cette baisse peut s'expliquer par la disparition de l'équipe ou du réseau de soutien des jeunes une fois le programme terminé.

Facteurs de risque et de protection – Consommation de drogue

L'analyse propre à chacun des groupes des données du prétest et des post-tests montre que les jeunes ont déclaré être capables de gérer leurs problèmes de consommation de substances et motivés à réduire leur consommation de drogue et d'alcool; or, le niveau général de consommation de drogue n'a pas beaucoup changé chez les participants. D'après les données de base, 44 % des participants au programme Velocity consommaient de la drogue lorsqu'ils ont été sélectionnés pour le programme, alors que 25 % n'ont pas donné de réponse claire à ce sujet. Selon les résultats du prétest et du post-test, 32 % des participants consommaient de la drogue au début du programme, comparativement à 40 % à la fin du programme.

D'après les entrevues avec les participants au programme, cette fluctuation pourrait tenir au temps nécessaire à l'établissement d'une relation de confiance entre le personnel et les jeunes afin d'amener ces derniers à divulguer l'étendue de leur consommation de substances. Ce résultat n'est donc peut-être pas attribuable à l'incapacité de l'intervention à faciliter la réduction de la consommation de drogue. Il s'agit d'un défi courant lorsqu'on pose des questions personnelles délicates au début d'un programme de prévention du crime.

Des vingt-trois jeunes qui ont fait état de leur niveau de consommation de drogue, six ont réduit la fréquence de leur consommation (deux d'entre eux ont arrêté complètement de consommer de la drogue), quatorze ont maintenu la même fréquence de consommation, et trois ont accru la fréquence de leur consommation un an après le programme par rapport au début du programme. Une explication plausible de la consommation accrue chez certains jeunes réside dans le fait que ces jeunes ont essayé de nouvelles drogues avec l'âge. Par ailleurs, la diminution du nombre de consommateurs quotidiens et occasionnels porte à croire que le programme Velocity peut aider les consommateurs de drogue fréquents à réduire leur consommationNote 9.

Les résultats de l'analyse propre à chacun des groupes des données du prétest et des post-tests montrent une amélioration statistiquement significative de la perception des jeunes quant à leur capacité de gérer leurs problèmes de consommation de substancesNote 10 et à leur motivation à réduire leur consommationNote 11. De même, les parents des jeunes ont indiqué que les participants en connaissaient davantage sur la consommation de substances, mais ils n'avaient pas une aussi grande confiance dans leur motivation à réduire leur consommation ou à éviter la drogue. L'analyse comparative entre les groupes montre une augmentation statistiquement significative de la motivation à réduire sa consommation de substances chez les membres du groupe témoinNote 12.

Comportement agressif

Les comportements agressifs et antisociaux n'ont pas semblé se modifier en conséquence de la participation au programme Velocity. On a eu recours à deux tests psychologiques normalisés pour mesurer les comportements antisociaux chez les jeunes avant et après leur participation au programme. Les résultats des tests ne laissent entrevoir aucun changement important. Si l'on compare ces résultats avec ceux du groupe témoin, on constate aussi que les réponses se ressemblent beaucoup d'un groupe à l'autre. La totalité des membres du personnel et de la direction interrogés, et la plupart des intervenants du programme, ont indiqué que le programme Velocity s'était en fait avéré efficace pour réduire le comportement antisocial chez les jeunes. Ils ont expliqué que le programme exposait les jeunes à de multiples points de vue, en plus de leur enseigner l'empathie et la pensée critique.

Les résultats de l'analyse propre à chacun des groupes sur la capacité de gérer le stress ne montrent pas de changement positif important, et indiquent en fait qu'en moyenne, les jeunes étaient plus stressés un an après avoir suivi le programme VelocityNote 13. Néanmoins, la plupart des parents/tuteurs (74 %) et des sources de références (64 %) ont signalé que les participants étaient mieux en mesure de composer avec les exigences quotidiennes de la vie après avoir participé au programme. Aucune explication de la divergence entre les résultats n'a été fournie, sauf pour le fait que les jeunes se voyaient confrontés à un plus grand nombre de responsabilités et de stresseurs avec l'âge, et que le groupe témoin obtenait des notes semblables.

Les données de base concernant cette mesure nous aident à mettre les résultats en contexte, en ce sens que 59 % des jeunes participants au programme avaient vécu des expériences traumatiques qui s'étaient répercutées sur leur comportement, et que 56 % avaient reçu des services de counseling avant de participer au programme. Étant donné ces antécédents de stress chez les jeunes, l'intervention aurait peut-être une véritable incidence si elle accordait davantage d'attention aux traumatismes.

Contacts avec la police

L'équipe d'évaluation du programme Velocity a été en mesure d'obtenir les données cumulatives de la Force constabulaire royale de Terre‑Neuve sur les participantsNote 14 avant, pendant et un an après leur participation au programme. À en croire les données sur les contacts des participants avec la police, les jeunes auraient réduit leurs contacts avec la police. En effet, le nombre total de contacts des participants avec la police s'élevait à 292 avant le programme, puis il a baissé de 61 % pour atteindre 114 durant le programme. Un an après le programme, ce nombre est remonté à 148, ce qui représente tout de même une réduction globale de 49 % par rapport au début du programme.

En particulier, le nombre de contacts avec la police a baissé considérablement pour chaque cohorte un an après la fin du programme : le nombre moyen de contacts avec la police est passé de quatre incidents par participant avant le programme, à deux incidents par participant après le programme.

Lorsque les constatations ont été analysées en fonction de la gravité des contacts, les données montraient des résultats mixtes en ce sens que le nombre d'accusations contre les jeunes est passé de 27 avant le programme à 13 durant le programme, puis est remonté à 41 un an après le programme. Cependant, le nombre d'incidents où des jeunes prenaient part à des activités criminelles en tant que témoins, victimes ou suspects a énormément baissé durant et après le programme. Le nombre de contacts avec la police où les jeunes étaient victimes ou témoins est passé de 120 avant le programme à 40 après le programme. De même, le nombre de jeunes soupçonnés de crimes est passé de 119 avant le programme à 46 durant le programme, puis à 34 après le programme.

Les résultats étaient également mixtes en ce qui concerne les types d'incidents dont les jeunes étaient accusés. Bien que le nombre d'accusations d'introduction par effraction et de vol ait augmenté après le programme (de 0 à 10 et de 5 à 8 respectivement), le nombre d'accusations de voies de fait et de méfaits a diminué (de 11 à 8 et de 6 à 4 respectivement). L'augmentation du comportement antisocial chez certains jeunes pourrait s'expliquer en partie par les trajectoires habituellement empruntées par les jeunes avec l'âge. Cette explication possible prend racine dans la documentation criminologique, et plus particulièrement dans la courbe de l'âge en fonction de la criminalité, qui établit que l'activité criminelle atteint son apogée à 17 ans avant de diminuer au début de l'âge adulte.

Coût

Le coût total de la prestation du programme Velocity sur deux ans s'est chiffré à 385 968 $. Durant cette période, 51 jeunes au total ont terminé le programme, ce qui donne un coût de 7 568 $ par participant. La composante la plus coûteuse du programme Velocity était le camp de sept jours en 2010‑2011 et l'activité participation-connexion-changement en 2011‑2012. Les données qualitatives confirment que les ressources fournies étaient suffisantes. Le personnel et la direction du programme estiment que le camp d'aventure constituait l'utilisation la plus rentable des ressources, tandis que le processus de sélection et de référence était l'activité la moins rentable.

Les évaluateurs ont fourni des données descriptives des coûts et formulé de brèves recommandations qui pourraient faciliter l'analyse du rapport coût-efficacité à l'avenir. Ils ont recommandé que cette analyse tienne compte à la fois des aspects et des impacts quantitatifs et qualitatifs du programme Velocity.

Recommandations

Les participants à l'évaluation s'entendent pour dire qu'il est grandement nécessaire de continuer à mettre en œuvre le programme Velocity dans leur collectivité, et que le programme comble une lacune dans les services. Les évaluateurs ont soulevé des points à améliorer, c'est-à-dire les effets sur lesquels le programme a eu le moins d'incidence et qui se sont avéré les plus difficiles à influencer ou à changer. Il faut s'attarder davantage à renforcer les aspects suivants :

Les évaluateurs ont recommandé que toute évaluation future du programme Velocity tienne compte des considérations suivantes :

Conclusions

Les objectifs généraux du programme Velocity consistent à réduire le comportement antisocial, à accroître l'attachement à l'école et à réduire la consommation de substances. La majorité des constatations sont mixtes quant à ces effets ciblés, alors que les constatations qualitatives sont invariablement positives.

Bien que le programme Velocity soit perçu par les intervenants comme une initiative pertinente qui en vaut la peine, qui est mise en œuvre comme prévu, qui attire des jeunes à risque et qui est en voie de produire les effets escomptés, le manque de comparabilité du groupe témoin avec les participants représente une faiblesse de l'évaluation et nuit à la capacité d'attribuer les résultats observés à l'intervention. Le programme Velocity demeure un modèle de prévention du crime prometteur mais non confirmé.

Notes

  1. 1

    Pour de plus amples renseignements sur l'évaluation, voir le document source : Ference Weicker & Company Limited, Evaluation of the Velocity Adventure Program, St. John's Newfoundland, v2, rapport final, 17 décembre 2013. Présenté à Sécurité publique Canada par Beth Garner.

  2. 2

    Voir le rapport source pour en savoir davantage sur les outils d'évaluation du risque utilisés.

  3. 3

    t(62)=-2,636; p=0,011

  4. 4

    t(39)=2,889; p=0,006

  5. 5

    t(42)=-2,403; p=0,021

  6. 6

    t(34)=2,126; p=0,041

  7. 7

    t(62)=2,009; p=0,049

  8. 8

    t(39)=2,767; p=0,009

  9. 9

    Ces données doivent être interprétées avec prudence, car les chiffres sont généralement bas. Il est à noter que les jeunes hésitent habituellement à déclarer l'étendue de leur consommation de drogue au début du programme.

  10. 10

    t(50)=-2,310; p=0,025

  11. 11

    t(54)=-2,092; p=0,041

  12. 12

    t(39)=4,0; p=0,000; p<0,001; post-test auprès du groupe témoin vs deuxième post-test auprès du groupe expérimental pour cette question.

  13. 13

    t(59)=2,261; p=0,027

  14. 14

    Les données de la Force constabulaire royale de Terre‑Neuve ont été transmises uniquement pour les participants au programme, et non pour les membres du groupe témoin.

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