Sécurité publique Canada Table ronde nationale des droits des victimes - Rapport sommaire

Novembre 2017

Sommaire

Le 11 juillet 2017, le Bureau national pour les victimes d’actes criminels (BNVAC) de Sécurité publique Canada a rencontré des intervenants victimes et des organisations non gouvernementales au sujet du rôle des victimes dans le système correctionnel et la mise en liberté sous condition et de leur droit de participation en vertu de la Charte canadienne des droits des victimes (CCDV). Cette table ronde a été divisée en deux séances.

La séance du matin, dirigée par l’Unité des politiques correctionnelles de la Division des affaires correctionnelles et de la justice pénale, portait sur l’examen de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition et elle a permis aux intervenants de s’exprimer sur les principales étapes du processus correctionnel fédéral, plus particulièrement les suivantes :

La séance de l’après-midi, dirigée par le BNVAC, portait sur la détermination des besoins de participation des victimes, des choix et des options à considérer pour accroître leur participation et leur expérience en général ainsi que des lacunes et des obstacles qui nuisent à la participation significative des victimes au processus correctionnel fédéral et de mise en liberté sous condition.

Les présentations et les discussions qui ont eu lieu pendant la table ronde ont fait ressortir le fait que malgré les progrès accomplis par le gouvernement pour favoriser la participation des victimes au processus correctionnel et de mise en liberté sous condition, il reste des défis à relever pour garantir que toutes les victimes d’actes criminels soient entendues au sein du système de justice pénale.

Le présent rapport résume les présentations en plénière et les multiples séances de discussion en sous‑groupes qui ont eu lieu pendant la journée. Les questions et les recommandations soulignées dans le rapport relèvent de la responsabilité du portefeuille de Sécurité publique Canada. Les suggestions et les recommandations relatives aux activités provinciale ou territoriale ou aux affaires relevant d’autres ministères fédéraux ne sont pas incluses dans le rapport. Cela dit, elles ont été communiquées aux partenaires concernés. 

Table ronde nationale des droits des victimes

Introduction

Le 11 juillet 2017, le Bureau national pour les victimes d’actes criminels (BNVAC) de Sécurité publique Canada a organisé une table ronde nationale des droits des victimes au sujet du rôle des victimes dans le système correctionnel et la mise en liberté sous condition et du droit de participation des victimes en vertu de la Charte canadienne des droits des victimes. L’événement a réuni des intervenants de différents horizons, notamment des victimes d’actes criminels, et des organismes qui fournissent des services aux groupes vulnérables, comme les Autochtones et les membres de la communauté LGBTQ2+.

La table ronde s’appuyait sur les séances précédentes de consultations auprès des intervenants qui visaient à encourager la participation des victimes d’actes criminels et des personnes pouvant être marginalisées par le système et les services offerts. Les objectifs de la table ronde étaient les suivants :

Aperçu du portefeuille de Sécurité publique Canada sur les services aux victimes

La table ronde a commencé par un survol des programmes et des services actuellement offerts aux victimes par les partenaires fédéraux.

Bureau national pour les victimes d’actes criminels (BNVAC)

Un représentant de Sécurité publique Canada (SP) a expliqué que le BNVAC a été créé en 2005 pour s’assurer que le point de vue des victimes est pris en considération dans l’élaboration des politiques correctionnelles fédérales : afin d’offrir des renseignements généraux aux victimes sur les services correctionnels et la mise en liberté sous condition et de faciliter l’accès au personnel du Service correctionnel du Canada (SCC) et de la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) dans le but de traiter les plaintes. Le BNVAC a également une fonction importante de coordination au sein du Portefeuille de SP et il œuvre auprès des victimes de délinquants sous responsabilité fédérale (qui purgent une peine de deux ans ou plus), des fournisseurs de services et du grand public pour faire mieux connaître les mesures fédérales d’aide aux victimes liées au système canadien correctionnel et de mise en liberté sous condition.

En outre, une brève description des publications suivantes disponible dans les deux langues officielles en ligneNote de bas de page1 et en version imprimée a été fournie :

Service correctionnel du Canada (SCC) – Programme national des services aux victimes

Un représentant du SCC a expliqué que le Service a pour mandat de fournir à la victime des renseignements sur le délinquant sous responsabilité fédérale qui lui a causé un préjudice – à partir du moment où la victime demande des renseignements (ou « s’inscrit » pour recevoir des renseignements) et tout au long de la peine du délinquant. Le SCC veut donner du pouvoir aux victimes en nouant un dialogue avec elles, en répondant à leurs questions, en leur fournissant les renseignements qu’elles veulent recevoir (voir l’article 26 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition {LSMLC}) et en leur donnant la possibilité de décrire les répercussions de l’infraction ou les infractions sur leur vie. 

Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) – Renseignements pour les victimes

Le représentant de la CLCC a expliqué que la Commission est un tribunal administratif indépendant qui a le pouvoir de prendre des décisions sur la mise en liberté sous condition des délinquants sous responsabilité fédérale et des délinquants sous responsabilité provinciale (qui purgent une peine de moins de deux ans) dans toutes les provinces, sauf en Ontario et au Québec. Les victimes qui s’inscrivent auprès de la Commission peuvent recevoir certains renseignements sur un délinquant (voir l’article 142 de la LSCMLC), notamment son nom, la peine imposée et les dates d’admissibilité à la libération. Les victimes peuvent aussi participer au processus de libération conditionnelle en présentant des déclarations et des renseignements à la Commission pour sa prise de décisions et en se présentant aux audiences comme observateurs ou pour présenter une déclaration. Si la victime ne peut pas se présenter à l’audience, une déclaration par vidéoconférence peut être organisée; cela est fait au cas par cas. La victime peut aussi écouter un enregistrement sonore de l’audience à une date ultérieure.

Séance 1 : Examen du système correctionnel et de la mise en liberté sous condition

Sécurité publique Canada a consulté les intervenants au sujet du rôle des victimes dans le système correctionnel fédéral et le processus de mise en liberté sous condition, en mettant l’accent sur les principales étapes du processus correctionnel, à savoir : l’évaluation initiale du délinquant et l’établissement du plan correctionnel; le placement pénitentiaire et les programmes; la mise en liberté sous surveillance et sur la surveillance dans la collectivité.

Les objectifs de la table ronde étaient les suivants :

Direction des programmes pour délinquants et de la réinsertion sociale du SCC

Évaluation initiale et placement pénitentiaire du délinquant

Cette présentation était une synthèse de la gestion des cas et de l’évaluation des risques dans le système correctionnel du SCC. On y explique les principaux éléments du processus de gestion des cas, notamment l’évaluation initiale, le cadre de surveillance en établissement, le cadre de préparation des cas et de la mise en liberté ainsi que la surveillance dans la collectivité. On y met l’accent sur la façon dont l’évaluation initiale est réalisée et sur le cadre de surveillance en établissement.

Programmes destinés aux délinquants

La deuxième présentation faite par le SCC donnait un aperçu du Modèle de programme correctionnel intégré qui combine des éléments efficaces de l’ancien cadre de programmes du SCC (p. ex. toxicomanie, gestion de la colère, etc.) et des innovations plus récentes dans le domaine des programmes correctionnels. Au lieu d’offrir des programmes thématiques séparés, ce nouveau modèle intègre des thèmes visant à accroître la motivation et la conscience du comportement. En outre, il examine les pensées, les croyances et les attitudes, et permet de développer l’autogestion et d’établir des plans d’assistance postpénale afin de réduire la récidive. On a expliqué que le nouveau modèle comprend trois volets distincts pour les délinquants de sexe masculin : le programme multicibles, le programme pour délinquants sexuels et le programme pour délinquants autochtones. Les délinquantes ont également des programmes spécialisés.

Les participants ont fait les suggestions suivantes sur les programmes pour délinquants pour mieux aider les délinquants à se réintégrer la société et pour prévenir la victimisation future :

De plus, certaines questions ont été soulevées au sujet des modifications législatives apportées par le gouvernement précédent en matière d’examen de la libération conditionnelle et de la question de savoir si ces modifications aux dispositions législatives étaient vraiment centrées sur la victime et si elles facilitaient la réinsertion sociale en toute sécurité des délinquants.

Mise en liberté sous condition et la surveillance dans la collectivité

La troisième présentation faite par le SCC portait sur le processus correctionnel, y compris la gestion de cas efficace, la surveillance dans la collectivité et les types de mises en liberté sous condition dont peuvent bénéficier les délinquants sous responsabilité fédérale. Selon son mandat, le SCC doit aussi soutenir la réinsertion sociale des délinquants en toute sécurité grâce à un processus de libération structuré et surveillé.

Les intervenants se sont dits préoccupés par leur rôle dans le processus de mise en liberté sous condition, notamment les déclarations de la victime, par les obstacles à la participation à ce processus et par la communication avec les victimes à propos du processus de libération.

Déclarations de la victime

Plusieurs préoccupations et suggestions ont été exprimées aux dirigeants fédéraux par rapport à la structure de présentation des déclarations de la victime. Les voici :

Obstacles à la participation au processus de libération sous condition

Un grand nombre d’obstacles à la participation efficace des victimes au processus correctionnel et de mise en liberté sous condition a été signalé pendant la période de questions qui a suivi cette présentation. Les voici :

Information relative au processus de mise en liberté sous condition

Enfin, durant cette séance, les participants ont fait état des obstacles à la communication de l’information et des décisions sur le processus de mise en liberté sous condition. Les voici :

En plus des commentaires ci-dessus, plusieurs observations générales ont été faites :

Séance 2 : La Charte canadienne des droits des victimes et le droit de participation

La Charte canadienne des droits des victimes (CCDV), qui est entrée en vigueur le 23 juillet 2015, a mis en place les droits suivants des victimes :

  1. le droit à l’information;
  2. le droit à la protection;
  3. le droit de participation;
  4. le droit de demander un dédommagement.

Dans le cadre du plan de mise en œuvre de la Charte, le BNVAC, après consultation de ses partenaires du portefeuille, a entamé un dialogue avec des intervenants non gouvernementaux des quatre coins du pays à l’occasion d’une série de tables rondes sur les droits des victimes dans le contexte des services correctionnels fédéraux et de la mise en liberté sous condition. Le 9 février et 19 juillet 2016, le BNVAC a tenu sa première table ronde sous le thème du « droit à l’information » avec des intervenants auprès des victimes et des organisations non gouvernementales.

La table ronde de 2017 a eu lieu à Ottawa, en Ontario. Elle portait sur les services correctionnels fédéraux et le « droit à la participation ». La séance de l’après-midi a été consacrée à trois thèmes fondamentaux du droit de participation : les besoins en matière de participation, le format et le mode de participation, et l’élimination des obstacles à la participation. Les participants ont formé quatre sous‑groupes pour augmenter au maximum leurs chances de fournir des commentaires sur ces thèmes.

Ce que nous avons entendu sur le droit de participation

Les participants ont évoqué plusieurs problèmes entourant leur besoin de participer. Les améliorations proposées fournies portaient sur les façons de mieux communiquer l’information pour encourager la participation aux décisions de l’établissement qui ont également une incidence sur les victimes, ainsi que sur les besoins de participation des victimes au processus de mise en liberté sous condition. De plus, des intervenants ont indiqué qu’il fallait améliorer la communication sur la façon dont ils peuvent participer au processus correctionnel et de mise en liberté sous condition.

Savoir comment participer

Décisions prises à l’établissement

Besoins de la participation au processus de mise en liberté sous condition

Les participants ont répété que les audiences de libération conditionnelle peuvent être très traumatisantes, ce qui signifie que la communication relative aux audiences est très importante. Les recommandations suivantes ont donc été faites :

Élimination des obstacles à la participation

Les intervenants ont relevé deux obstacles qui freinent la participation des victimes aux décisions relatives aux services correctionnels et à la mise en liberté sous condition : l’exclusion de certaines catégories de victimes et la qualité des services.

Exclusion de certaines catégories de victimes

Les participants ont fait part de préoccupations concernant l’exclusion de certaines catégories de victimes du processus correctionnel et de mise en liberté sous condition.

Qualité du service

Enfin, les participants ont réitéré l’importance d’avoir des choix et des options pour garantir une expérience positive, et d’avoir des services fournis par les établissements fédéraux pour encourager la participation des victimes au système correctionnel et de mise en liberté sous condition. Les voici :

Aller de l’avant pour comprendre les besoins des victimes dans le processus correctionnel et de mise en liberté sous condition

À l’issue de la table ronde, Sécurité publique Canada s’est engagé à organiser une table ronde l’année suivante sous le thème du « droit à la protection ». Il a précisé que les recommandations formulées pendant la présente séance seraient étudiées et prises en considération.

On a demandé aux participants si, à leur avis, il serait utile de mener un sondage auprès des victimes. Les opinions étaient partagées. Certains n’y voyaient pas d’utilité, puisqu’on ne pouvait pas garantir un résultat qui améliorerait les services aux victimes. D’autres par contre pensaient que le fait d’en savoir plus sur les besoins des victimes et la réceptivité du système pourrait induire un changement. Cela dit, les participants ont proposé plusieurs idées d’études visant à mieux comprendre les besoins des victimes dans le processus correctionnel et de mise en liberté sous condition. Les voici :

Notes

  1. 1

    Les publications du BNVAC sont accessibles en ligne à l’adresse : https://www.securitepublique.gc.ca/cnt/cntrng-crm/crrctns/vcmt-ssstnc-fr.aspxx

  2. 2

    Le programme Option-Vie a été créé en 1991 par le Service correctionnel du Canada afin de fournir des services de soutien aux détenus condamnés à perpétuité. Ce programme favorise la réadaptation des détenus et les prépare à leur retour dans la société après leur libération conditionnelle. Il fait appel à des ex-détenus qui ont réussi leur réinsertion sociale et qui agissent comme mentors auprès des délinquants qui viennent d’être libérés. Ce programme a remporté plusieurs prix pour avoir contribué à réduire le risque de récidive.

  3. 3

    L’initiative des cercles de soutien et de responsabilité, qui s’inscrit dans la réinsertion sociale, est basée sur les principes de la justice réparatrice. Elle appuie les personnes qui ont purgé une peine pour infraction(s) sexuelle(s) dans leurs efforts de réinsertion sociale. La participation au programme est volontaire.

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