Gestion efficace des établissements correctionnels

Gestion efficace des établissements correctionnels Version PDF (2.30Mo)

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Vol. 17 No. 1
Janvier 2012

Question

Quelles mesures pourraient permettre d'améliorer la gestion des établissements correctionnels?

Contexte

Au cours des deux dernières décennies, la population carcérale des États Unis a augmenté de façon importante, et, depuis peu, on constate un mouvement semblable au Canada. Une telle augmentation présente des défis en matière de gestion des établissements correctionnels. Parmi ces défis, il faut assurer la sécurité personnelle des détenus et du personnel, protéger la santé de tous (p. ex., les maladies se propagent plus rapidement dans un milieu fermé) et faciliter la réinsertion sociale des détenus en temps opportun.

Au Canada, le Service correctionnel du Canada (SCC) est responsable des délinquants condamnés à une peine de deux ans et plus (les territoires et les provinces sont responsables des condamnations de moins de deux ans). La plupart des délinquants font l'objet d'une libération assortie d'une certaine supervision dans la collectivité. Sauf dans certaines conditions, les délinquants doivent être libérés après avoir purgé les deux tiers de leur peine (aussi appelé libération d'office), mais ils peuvent être libérés plus tôt dans le cadre d'une libération conditionnelle totale. La Commission des libérations conditionnelles du Canada peut octroyer une libération conditionnelle totale après avoir étudié le risque que présente un délinquant et les gestes qu'il a posé pour démontrer un mode de vie davantage prosocial. Par conséquent, on s'attend à ce que le SCC ait pris les mesures nécessaires pour aider les délinquants à développer des aptitudes prosociales et à diminuer le risque qu'ils présentent pour la société. Étant donné la croissance de la population carcérale et les pressions que cela amène, quelles mesures supplémentaires pourraient être prises en vue d'améliorer la gestion des établissements correctionnels?

Réponse

Les administrateurs d'établissements correctionnels disposent d'une variété de récompenses et de punitions pour gérer le comportement des détenus. Par exemple, l'isolement cellulaire peut être utilisé pour réduire les comportements indésirables. Toutefois, l'utilisation de récompenses afin d'encourager les bons comportements date de très longtemps. En effet, dès 1840, les bons comportements étaient récompensés par des libérations anticipées.

Dans les années 1960 et 1970, des programmes de modification du comportement s'annonçaient comme une démarche très prometteuse pour la gestion des établissements correctionnels. Bien que les punitions faisaient partie d'un grand nombre de ces programmes, l'application systématique de récompenses pour les bons comportements était au premier plan. La récompense est plus avantageuse que la punition, car elle peut permettre d'apprendre un nouveau comportement prosocial alors que la punition ne fait qu'éteindre le comportement.

Un type de programme axé sur des récompenses était l'économie de jetons. Ce système offre une récompense immédiate et tangible pour les bons comportements et met l'accent sur la responsabilisation personnelle dans le but d'obtenir des récompenses. Par exemple, la participation quotidienne à un programme éducatif peut être récompensée par une petite somme d'argent, un tube de dentifrice, plus de temps pour regarder la télévision ou un autre avantage qui ne peut être obtenu autrement en établissement correctionnel.

Les évaluations de ces programmes ont démontré, en moyenne, qu'il était possible d'améliorer, de manière significative, les comportements souhaités parmi la population carcérale. Malheureusement, ces programmes ont pratiquement disparu du paysage correctionnel depuis le début des années 1990, et ce pour deux raisons. Premièrement, l'élément punition de certains programmes a mené à des contestations judiciaires de la part des détenus et à des excès de la part du personnel. Ensuite, les programmes les plus efficaces étaient complexes à gérer et demandaient beaucoup de formation et de suivi du personnel. Néanmoins, ces programmes de modification du comportement peuvent aujourd'hui nous donner de précieuses leçons.

Incidences sur les politiques

  1. Comme le nombre de détenus augmente, il sera de plus en plus difficile de gérer efficacement les établissements correctionnels. En plus de mettre à l'essai des pratiques de gestion nouvelles et novatrices, il faudrait consulter les recherches sur la modification du comportement afin de tirer des leçons du passé.
  2. Bien que les punitions soient nécessaires dans certaines circonstances, l'accent doit être mis sur la récompense lorsque le détenu adopte les comportements désirés.
  3. Afin d'offrir des programmes efficaces qui favorisent les bons comportements et de responsabiliser les détenus par rapport à leur comportement, les directeurs d'établissements correctionnels doivent reconnaître qu'il faut investir considérablement dans les ressources.

Source

Pour de plus amples renseignements

James Bonta, Ph.D.
Recherche correctionnelle
Sécurité publique Canada
340, av. Laurier Ouest
Ottawa (Ontario)
K1A 0P8
Tél. : (613) 991-2831
Téléc. : (613) 990-8295
Courriel : jim.bonta@ps-sp.gc.ca

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