Résumé de recherche sur le crime organisé no 8 - Unités intégrées de lutte contre le crime organisé

Résumé de recherche sur le crime organisé no 8 - Unités intégrées de lutte contre le crime organisé Version PDF (67 Ko)

La structure du crime organisé peut révéler les opportunités et les opérations criminels ainsi que le milieu d'application. La structure du groupe est attribuable à des facteurs externes, atténués par les ressources et les processus décisionnels.

Le présent rapport a pour objet d'examiner la documentation qui concerne la structure des organisations et des réseaux criminels afin de répertorier des variables pouvant être appliquées à l'élaboration de modèles analytiques. L'analyse présentée dans le rapport vise à aider les policiers et les décideurs à comprendre de quelle façon les caractéristiques précises d'individus, de groupes et de milieux peuvent contribuer à évaluer la portée et la structure des réseaux de crime organisé, de même que les liens entre les organisations, les entrepreneurs et les groupes criminels.

Dans le cadre du rapport, on a évalué un certain nombre de variables liées aux individus, aux groupes et aux milieux qui peuvent influencer la façon dont les individus ou les groupes structurent leurs opérations criminelles dans divers marchés criminels et milieux légitimes. Le rapport traite principalement de ces thèmes : appartenance à une organisation officielle et confiance, personnalité, ressources financières et matérielles, violence, compétences technologiques et capacité d'offrir des services privés de protection, compétence linguistique, composition ethnique et enchâssement social, mobilité, diversité et continuité, conditions et facilitateurs des milieux légitimes, opportunités criminogènes et cible prioritaire.

Les variables liées aux individus, aux groupes et aux milieux ont toutes des répercussions sur la structure des organisations criminelles.

En ce qui concerne les variables liées au milieu, des seuils d'entrée faibles et une réglementation laxiste constituent des occasions criminogènes qui rendent une industrie légitime plus vulnérable à l'apparition de groupes organisés. Par exemple, l'impunité accrue qui règne dans le milieu politique permet aux groupes criminels d'adopter des méthodes davantage perfectionnées. L'effet principal d'une ofrre ou d'une demande accrues est un marché plus concurrentiel et des opportunités accrues pour tous les individus et les groupes en cause.

Quant aux variables liées aux groupes, une plus grande stratification financière est une indication que le cadre dans lequel évolue le crime organisé profite de plus en plus à un groupe restreint. Une violence croissante est un signe que le cadre est de plus en plus polarisé autour d'un plus petit nombre de groupes.

Pour ce qui est des variables liées aux individus, l'incidence prévue sur la structure du crime organisé demeure spéculative et nécessite une étude empirique plus approfondie. Les compétences techniques, les compétences linguistiques et le mentorat intergénérationnel sont les signes d'un individu compétent qui est certainement efficace dans ses initiatives personnelles ou celles d'un plus grand groupe. Une relation inverse entre les diverses compétences individuelles et l'officialisation du groupe constitue l'hypothèse la plus plausible. De telles ressources sont importantes dans un milieu centralisé ou décentralisé du crime organisé.

Lorsqu'il existe une demande élevée pour des biens et des services illicites, de nombreuses occasions criminelles et une large impunité, on remarque que les individus et les groupes établissent des relations décentralisées qui leur permettent d'accroître leur autonomie personnelle. Dans les contextes où la demande pour des biens et des services illicites est faible et l'offre est plus risquée, l'autonomie personnelle laisse souvent sa place à des organisations davantage centralisées qui régissent les comportements des membres qui seraient incapable de survivre par eux-mêmes. Il est peu probable que de tels marchés criminels existent, compte tenu de l'état actuel des marchés criminels. L'impunité, cependant, est une condition clé à prendre en considération en ce sens que, même dans un cadre offrant beaucoup d'occasions, la formation d'organisations criminelles imposantes est probable si les mesures d'application de la loi ne sont ni cohérentes ni efficaces.

Enfin, les facteurs contextuels affectant l'apparition de groupes criminels organisés au sein d'un cadre licite influent aussi sur l'incidence des facteurs de niveau inférieur (p. ex. qualités personnelles) sur la structure du crime organisé. La probabilité d'ententes collusoires entre les acteurs des milieux légitimes et interlopes dépen d'une application laxiste de la loi et de la composition de la main-d'oeuvre au sein de cette industrie. Tout secteur légitime peut posséder des travailleurs et des professionnels qui facilitent les actions des participants du crime organisé. Toutefois, ce n'est que dans des circonstances bien particulières qu'elle telle facilitation devient structurée au point où l'on considère qu'un groupe organisé s'empare d'un secteur légitime.

D'après les auteurs du rapport, des techniques d'analyse des réseaux sociaux pourraient avoir une utilité opérationnelle. Ils ont également avancé certains principes théoriques nécessaires à l'élaboration de ces techniques pour les responsables de l'application de la loi lorsqu'ils mènent des enquêtes. Les auteurs ont traité des problèmes actuels concernant l'accès aux données sur les délinquants, les techniques d'analyse potentielles qui combineraient les réseaux sociaux et les données statistiques et les domaines de recherche fructueux. Il a également été question des problèmes liés à la qualité des données et des nouvelles méthodes en matière de collecte de données qui permettraient d'effectuer des analyses plus approfondies sur les groupes de co-délinquants et les organisations criminelles. Cette recherche constituait la première étape d'une approche davantage nuancée et axée sur les opérations en vue de comprendre les facteurs qui façonnent les organisations criminelles.

Morselli, Carlo, Thomas Gabor et John Kiedrowski. Les facteurs qui façonnent le crime organisé, Ottawa (Ontario), Sécurité publique Canada, 2010.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur la recherche en matière de crime organisé au sein de Sécurité publique Canada, veuillez communiquer avec l'Unité de recherche sur le crime organisé à l'adresse ocr.rco@ps-sp.gc.ca.

Les résumés de recherche sur le crime organisé sontrédigés pour Sécurité publique Canada et le Comité national de coordination sur le crime organisé (CNC). Le CNC et ses comités régionaux et provinciaux de coordination travaillent à différents niveaux en misant sur un but commun : établir des liens entre les organismes d'application de la loi et les décideurs du secteur public afin de lutter contre le crime organisé. Les résumés de recherche sur le crime organisé appuient les objectifs de recherche du CNC en faisant ressortir des renseignements fondés sur la recherche qui sont pertinents pour l'élaboration de politiques ou d'opérations. Les opinions exprimées dans le présent résumé sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les opinions de Sécurité publique Canada ou du Comité national de coordination sur le crime organisé.

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