La surveillance des délinquants sexuels dans la collectivité

Recherche en bref
Vol. 12 No. 5
Septembre 2007

Question

Comment les agents de surveillance communautaire peuvent-ils déterminer si des délinquants sexuels risquent de récidiver?

Contexte

Une fois condamnés, les délinquants sexuels au Canada sont en général gérés au moyen d'une combinaison d'interventions, soit l'incarcération, le traitement et la surveillance communautaire. Pour que la surveillance soit efficace, il faut toutefois que les agents déterminent les facteurs liés à la récidive et y donnent suite.

Bien que les facteurs de risque statiques soient utiles pour évaluer le risque de récidive à long terme, les agents de surveillance communautaire doivent néanmoins suivre les changements qui surviennent dans les problèmes des délinquants qui augmentent les risques de récidive. Ces facteurs de risque dynamiques (pouvant changer) peuvent être divisés en facteurs de risque stables et en facteurs de risque aigus. Les facteurs de risque stables sont des traits de caractère relativement durables, comme des problèmes sur le plan de l'intimité, et les facteurs de risque aigus sont des facteurs qui changent rapidement, comme une colère intense.

Les recherches récentes ont permis de relever un certain nombre de facteurs de risque dynamiques prometteurs chez les délinquants sexuels. On avait toutefois besoin d'une méthode pour évaluer et suivre ces facteurs pendant la surveillance communautaire.

Méthode

Le Projet de surveillance dynamique a commencé par la conception d'une méthode d'évaluation des facteurs de risque statiques, stables et aigus, qui a ensuite été enseignée aux agents de surveillance communautaire. Par la suite, les agents se sont servi de ces procédures d'évaluation pendant la surveillance régulière des délinquants sexuels. Les facteurs statiques ont été évalués au début de la surveillance, les facteurs stables ont été évalués tous les six mois et les facteurs aigus l'ont été lors de chaque contact de surveillance (une fois par mois environ).

Les 997 délinquants et les 156 agents qui ont participé à ce projet provenaient de 16 administrations différentes, soit de l'ensemble des territoires et des provinces du Canada, du Service correctionnel du Canada et des États de l'Alaska et de l'Iowa. Après une période de suivi moyenne de 40 mois, 7 % des délinquants ont récidivé en commettant une infraction sexuelle, 14 %, une infraction sexuelle ou accompagnée de violence et 28 %, une nouvelle infraction. Ces taux se situent au bas de l'échelle prévue, soit entre 10 % et 15 % de récidive sexuelle après 5 ans.

Réponse

Les agents de surveillance communautaire ont réussi à apprendre les mesures, comme le montrent les niveaux acceptables de concordance entre leurs cotes et celles des experts. Les versions originales des mesures des facteurs stables et aigus présentent des niveaux adéquats de validité prédictive, mais ne sont pas optimaux.

Par conséquent, dans les nouvelles versions, de petites modifications ont été apportées aux définitions des éléments, et différentes méthodes sont utilisées pour combiner les éléments dans les catégories de risque générales. Les catégories de risque révisées étaient étroitement liées au risque de récidive, en particulier lorsqu'elles étaient utilisées par des agents consciencieux.

L'utilité des mesures pour la gestion des cas a été jugée assez bonne pour que diverses administrations du Canada, des États-Unis et d'Europe les adoptent avant la fin de l'étude d'évaluation.

Incidences sur les politiques

  1. Les agents de surveillance communautaire devraient utiliser les outils de risque structurés pour distinguer les délinquants sexuels à risque élevé de récidive de ceux qui peuvent être gérés en toute sécurité avec un minimum d'interventions.
  2. La précision des mesures du risque conçues dans le cadre de la présente étude est jugée assez bonne pour en recommander l'utilisation pendant la surveillance régulière des délinquants sexuels.
  3. Il faut réaliser d'autres recherches pour reproduire les résultats de l'étude actuelle et examiner d'autres approches en vue de faire progresser les évaluations du risque que présentent les délinquants sexuels. Les mesures conçues dans le cadre de la présente étude comblent un vide important, mais les résultats montrent également qu'elles peuvent être améliorées

Source

Pour de plus amples renseignements

R. Karl Hanson, Ph.D.
Recherche correctionnelle
Sécurité publique Canada
340, avenue Laurier Ouest
Ottawa (Ontario) K1A 0P8
Tél. : 613-991-2840
Téléc. : 613-990-8295
Courriel : karl.hanson@ps-sp.gc.ca

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