Facteurs déclenchant la récidive sexuelle

Facteurs déclenchant la récidive sexuelle Version PDF (14Ko)

Recherche en bref
Vol. 3 No. 4
Juillet 1999

Question

Quand les délinquants sexuels risquent-ils de récidiver?

Contexte

Les Canadiens s'inquiètent, à juste titre, de la menace que représentent les délinquants sexuels pour la collecti-vité. Pour assurer une surveillance communautaire efficace et prendre les mesures préventives voulues, il faut savoir quand ces délinquants sont le plus susceptibles de récidiver. La recherche a déjà permis de dégager certains facteurs (par ex., crimes sexuels antérieurs, type de victime) liés au risque à long terme. Par contre, il y a eu peu de recherches sur les facteurs déclencheurs de récidive.

Méthode

L'étude compare 208 délin-quants sexuels qui ont commis une nouvelle infraction sexuelle pendant la période de surveillance dans la collecti-vité (récidivistes) et 201 délinquants sexuels qui ne l'ont pas fait (non-récidivistes). Ces délinquants relevaient des systèmes correctionnels fédéral et provinciaux et venaient de toutes les régions du Canada. Les récidivistes et les non-récidivistes choisis avaient commis le même nombre d'infractions réperto-riées contre des victimes du même type (il y avait à peu près autant de violeurs, d'agresseurs de garçons et d'agresseurs de filles dans les deux groupes).

L'information provenait d'entrevues avec des agents de probation et de liberté condi-tionnelle et de l'examen de dossiers. On n'a pas communiqué avec les délinquants. Deux périodes ont été examinées : les quatre à six semaines ayant précédé la récidive et une période équivalente six mois avant cela. Il a ainsi été possible d'étudier des différences stables entre les récidivistes et les non-récidivistes ainsi que les précurseurs immédiats de la récidive.

Réponse

Nombre de facteurs distin-guaient les récidivistes des non-récidivistes. En général, les premiers étaient considérés comme ayant peu de soutien social, des préoccupations d'ordre sexuel, une attitude de tolérance à l'égard des agressions sexuelles, un mode de vie antisocial, une mauvaise maîtrise d'eux-mêmes et de la difficulté à se plier aux exigences de la surveillance dans la collectivité. L'humeur générale des récidivistes était semblable à celle des non-récidivistes, mais les premiers éprouvaient plus de colère et une plus grande détresse subjective juste avant de commettre une nouvelle infraction sexuelle. À quelques exceptions près, les mêmes facteurs étaient importants pour les violeurs et les agresseurs d'enfants.

Les récidivistes et les non-récidivistes avaient participé en nombre égal à des programmes de traitement spécialisé. Par contre, le taux d'abandon était plus élevé chez les récidivistes, qui étaient en outre plus souvent décrits comme de mauvais candidats pour le traitement.

Les facteurs de risque dynamiques signa-lés par les agents continuaient d'être étroitement liés à la récidive même après une neutralisation des écarts préexistants quant aux facteurs de risque statiques tels que les antécédents criminels, la déviance sexuelle antérieure et l'intelligence.

Les facteurs cernés dans les données résultant des entrevues étaient reflétés (dans une moindre mesure) dans les notes portées aux dossiers par les agents, ce qui donne à penser que les constatations tirées des entrevues ne peuvent pas être complètement imputées à la subjectivité de l'évocation rétrospective. La qualité des notes sur les cas était limitée, 10 % des dossiers ne refermant aucune information.

Incidences sur les politiques

  1. Pour être efficace, la surveillance des délinquants sexuels devrait tenir compte des facteurs de risque exposés dans l'étude (par ex., préoccupations sexuelles, influences négatives des pairs et mauvaise maîtrise de soi). Les agents d'expérience prennent déjà en considération nombre de ces facteurs, mais l'étude pourrait servir à guider les agents qui sont moins familiarisés avec la surveillance des délinquants sexuels.
  2. La surveillance de ces délinquants peut exiger une formation spécialisée. Cer-tains des facteurs de risque (par ex. les préoccupations sexuelles) s'appliquent exclusivement à ce type de délinquants. Il se peut donc que les agents ayant reçu une formation générale se sentent mal à l'aise ou n'aient pas les compétences voulues pour surveiller le risque de récidive sexuelle (p. ex. suivre de près les fantasmes masturbatoires).
  3. L'évaluation consciencieuse des fac-teurs de risque dynamiques devrait entraîner une augmentation du nombre de délinquants pouvant être mis en liberté en toute sécurité. En surveillant les prédicteurs de risque des délinquants, les agents devraient être en mesure de faire des interven-tions progressives et adaptées dans le but de prévenir la récidive sexuelle.

Source

Pour de plus amples renseignements

James Bonta, Ph.D.
Solliciteur général Canada
340, av. Laurier Ouest
Ottawa (Ontario)
K1A 0P8
Tél. : (613) 991-2831
Téléc. : (613) 990-8295
Courriel : jim.bonta@ps-sp.gc.ca

Date de modification :