Ingérence étrangère
Date : 29 octobre 2020
Classification : NON CLASSIFIÉ
Peut être divulgué en entier (AIPRP)? Oui
Secteur / organisme : SSCN/SP
Question :
Donner un aperçu des efforts des milieux de la sécurité et du renseignement du Canada afin de contrer l’ingérence étrangère, en particulier dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
Réponse proposée :
- Compte tenu de son économie avancée et de sa démocratie libre et ouverte, le Canada est une cible de longue date pour les auteurs étrangers de menaces qui veulent servir leurs intérêts à ses dépens. En termes clairs, l’ingérence étrangère et l’espionnage peuvent nuire à la sécurité nationale et aux intérêts stratégiques du Canada.
- Le gouvernement du Canada adopte une approche pangouvernementale pour protéger la population canadienne et la sécurité nationale contre les activités des auteurs de menaces. L’appareil de la sécurité et du renseignement du Canada, dont font partie le SCRS et la GRC, enquête sérieusement sur les menaces d’ingérence étrangère et d’espionnage pour conseiller le gouvernement.
- La pandémie peut offrir une occasion unique pour les auteurs de menace qui veulent cibler des institutions et des secteurs clés de lutte contre la COVID-19. La technologie, l’expertise et la recherche sur un vaccin au Canada sont particulièrement convoitées. Comme nous l’avons annoncé publiquement, le SCRS a entrepris une opération de sensibilisation à l’échelle nationale auprès des entités canadiennes impliquées dans la lutte contre la COVID-19.
- Bien que la Chine soit un partenaire important du Canada sur plusieurs plans, elle est aussi un acteur sophistiqué et puissant du renseignement. Elle a la capacité de se livrer à de l’ingérence étrangère au Canada en exerçant de la pression et une influence de manière clandestine et trompeuse pour atteindre ses objectifs stratégiques.
- La population canadienne peut être rassurée qu’en ces temps incertains, le gouvernement du Canada prendra des mesures pour protéger ses intérêts, notamment l’économie, les chaînes d’approvisionnement essentielles et les collectivités, contre l’ingérence étrangère et l’espionnage.
Contexte :
L’ingérence et l’espionnage étrangers comprennent tous les efforts déployés par un État étranger, ou ses mandataires, pour miner les valeurs et l’intérêt national du Canada. Ils englobent les actions qui ne sont pas des conflits armés, mais qui sont de nature trompeuse, menaçante, corrompue, secrète ou illégale. Les États étrangers misent sur des activités hostiles pour promouvoir leurs intérêts stratégiques, notamment la recherche d’une influence géopolitique, l’avancement économique, la révision de l’ordre international fondé sur des règles, la stabilité nationale et l’avantage militaire.
Plusieurs rapports récents ont souligné la menace d’ingérence étrangère au Canada. Par exemple, selon le Rapport public du SCRS de 2019, publié le 20 mai 2020, les activités d’espionnage et les activités influencées par l’étranger sont presque toujours menées pour servir les intérêts d’un État étranger, par l’entremise d’entités étatiques ou non. Ces activités visent des entités canadiennes, tant au pays qu’à l’étranger, et menacent directement la sécurité nationale et les intérêts stratégiques du Canada. Les institutions et les processus démocratiques du monde entier – y compris les élections – sont vulnérables et sont devenus des cibles pour les acteurs internationaux. De plus, le Rapport annuel du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement (CPSNR) décrit les activités d’ingérence étrangère, y compris le ciblage des institutions canadiennes par des auteurs de menace. Le rapport du CPSNR a souligné que la Chine et la Russie étaient particulièrement actives au Canada et a permis de formuler un certain nombre de recommandations pour que le Canada améliore sa réponse à la menace d’ingérence étrangère.
Le SCRS est de plus en plus préoccupé par la menace que représente le gouvernement de la Chine pour les intérêts canadiens. La Chine a la capacité de faire de l’ingérence étrangère au Canada en exerçant une pression et une influence de manière clandestine et trompeuse pour atteindre ses objectifs stratégiques. En particulier, la Chine peut contraindre ses simples citoyens et ses entités de partout dans le monde à participer à de tels efforts dans le cadre de sa Loi sur le renseignement national de 2017.
Au fil des ans, le SCRS a observé de multiples cas d’États étrangers ayant ciblé certaines institutions canadiennes. La portée des activités potentielles d’ingérence étrangère peut être vaste, englobant un éventail de techniques que connaissent bien les organismes de renseignement. Cela comprend les opérations liées au renseignement humain, l’utilisation de médias d’État ou de médias influencés par l’étranger et le recours à des outils cybernétiques complexes.
La pandémie de COVID-19 a donné aux auteurs de menace étrangers des occasions uniques de parvenir à leurs fins, au détriment de l’intérêt national du Canada. Les répercussions de la désinformation, les menaces économiques à la sécurité nationale, y compris le vol de propriété intellectuelle, et les menaces à la chaîne d’approvisionnement du Canada constituent des préoccupations constantes en matière de sécurité nationale. Par conséquent, le SCRS collabore avec ces organisations pour s’assurer que les renseignements exclusifs et liés à leur travail qu’elles détiennent demeurent sous leur contrôle, en toute sécurité.
Nous savons que certains gouvernements et leurs mandataires sont prêts à utiliser des moyens illicites pour obtenir des biens et des technologies afin de promouvoir leurs intérêts. Ces mandataires peuvent comprendre des entreprises d’État, des établissements/instituts universitaires, des organisations commerciales ou d’autres entités qui ne sont pas considérées comme faisant partie de l’État lui-même, mais qui peuvent tout de même servir ses intérêts.
Le Canada a également observé la manipulation de renseignements d’État par certains régimes dans le but de remodeler ou de miner l’ordre international fondé sur des règles. Ces États manipulent l’information, notamment en recourant à la désinformation, pour semer le doute sur l’origine du virus et les moyens nécessaires pour le contrer; discréditent les réponses démocratiques à la COVID-19 tout en faisant valoir la supériorité de leurs interventions; et érodent la confiance à l’égard des valeurs de la démocratie et des droits de la personne.
Dans le contexte économique actuel façonné par la COVID-19, le gouvernement du Canada surveille de plus près tous les investissements directs étrangers, avec ou sans contrôle, dans les entreprises canadiennes qui sont primordiales pour la santé publique et la sécurité de l’approvisionnement en biens et en services essentiels pour les Canadiens ou le gouvernement du Canada. En outre, à l’heure actuelle, le gouvernement du Canada soumettra à un examen approfondi, en vertu des dispositions de la Loi sur Investissement Canada relatives à la sécurité nationale, tous les investissements étrangers réalisés par des entreprises d’État ou des investisseurs privés considérés comme étant étroitement liés à des gouvernements étrangers ou assujettis à leurs directives. Du point de vue de l’application de la loi, les activités d’ingérence étrangère peuvent faire l’objet d’enquêtes lorsqu’il s’agit d’activités criminelles ou illégales.
Les milieux de la sécurité et du renseignement du gouvernement du Canada luttent contre ces menaces dans le cadre de leur mandat respectif. Par exemple, le SCRS mène des enquêtes de longue haleine sur les activités associées à une menace d’ingérence étrangère ciblant les processus et les institutions démocratiques de partout au Canada. La transmission de renseignements et d’évaluations du SCRS aux échelons supérieurs du gouvernement facilite la prise de décisions éclairées au moment de réagir à ces menaces et d’élaborer des politiques pour les contrer. De même, la GRC a un vaste mandat comportant de multiples volets qui lui permet d’enquêter sur ces menaces et de prévenir l’ingérence étrangère en s’appuyant sur diverses lois.
Personnes-ressources
Préparé par : DGOSN
Approuvé par : Dominic Rochon, sous-ministre adjoint principal, 613-990-4976 (à venir)
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