Note d'allocution
Notes d'allocution pour l'honorable Bill Blair, Ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile
Comparution devant le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes de la Chambre des communes
Ottawa (Ontario)
Le 25 février 2021
Bonjour, Monsieur le Président et membres du Comité. Merci de m'avoir invité parmi vous aujourd'hui.
Je tiens d'abord à vous remercier pour l'excellent travail que vous menez depuis la création du présent comité il y a de cela un an.
J'ai suivi étroitement vos audiences, qui ont été très utiles pour jeter la lumière sur les innombrables enjeux liés à notre relation avec la Chine.
Comme vous le savez, le Canada abrite une importante communauté sino-canadienne.
La Chine est aussi un joueur important pour le Canada sur le plan des enjeux mondiaux, sans compter qu'elle offre des possibilités économiques aux entreprises canadiennes.
Je veux souligner qu'aucune de mes remarques ne vise les Canadiens d'origine chinoise.
Je sens qu'il est important de le souligner parce que nous avons assisté à une augmentation alarmante de mesures racistes et discriminatoires ne visant les personnes d'origine asiatique pour aucun autre motif que leur ethnicité.
Cela est complètement mal et odieux, et cela doit cesser.
Nous devons faire attention aux mots que nous utilisons.
Nous sommes ici pour parler de nos relations avec le gouvernement chinois.
Lorsque celui-ci faillit à ses obligations internationales, nous devons répondre de façon ferme.
Personne n'a oublié que le gouvernement chinois continue de détenir arbitrairement les Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor.
En fait, plus tôt cette semaine, dans sa rencontre avec le premier ministre, le président des États-Unis Joe Biden a exprimé le soutien de son gouvernement pour les deux Michael et s'est engagé à entreprendre des efforts pour leur libération.
Nous savons que l'ingérence étrangère au Canada est une réalité pour beaucoup de gens.
En décembre, dans une lettre à l'intention de tous les députés ci-présents, ensuite déposée à la Chambre des communes, j'ai franchi une étape importante en décrivant publiquement les menaces liées à l'ingérence étrangère, ainsi que le travail essentiel réalisé par les collectivités de la sécurité et du renseignement.
Elle fait suite aux mesures que le premier ministre a prises pour permettre à la version non classifiée et publique du rapport du CPSNR de désigner, pour la première fois, des pays particulièrement actifs au Canada, y compris, le gouvernement de la Chine.
À titre d'organisme d'examen indépendant avec un mandat de portée générale, ce comité joue un rôle important pour la sécurité nationale.
Ses membres comprennent des sénateurs et des députés qui possèdent tous des autorisations de sécurité Top Secret.
Cela leur permet de recevoir des séances d'information et des documents classés concernant aux travaux de ce comité.
Nous continuerons de sensibiliser les Canadiens, les entreprises et les universitaires afin qu'ils disposent des informations et des outils nécessaires pour se soutenir, tandis que nos organismes recueillent des renseignements à l'appui des enquêtes.
Cette sensibilisation a lieu d'être, car les activités d'ingérence étrangère, peu importe leur nature, viennent miner nos valeurs et nos institutions démocratiques, en plus de menacer notre souveraineté, notre prospérité économique et la sécurité des Canadiens.
Ces activités sont inacceptables et ne seront pas tolérées.
Nous surveillons activement et attentivement la situation, en cernant notamment les méthodes novatrices d'ingérence étrangère qui pourraient être utilisées pour menacer notre pays.
De multiples organismes appartenant à mon portefeuille participent à ce travail, notamment le SCRS, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et Sécurité publique Canada, et veillent à traiter l'ingérence étrangère sous toutes ses formes.
Le SCRS et la GRC emploient l'ensemble des mesures dont ils disposent en vertu de leur mandat pour enquêter sur les risques aux intérêts canadiens, répondre aux menaces et garder les Canadiens à l'abri des dangers et de l'intimidation.
Le SCRS et la GRC ont aussi des mécanismes de signalement en place, pour toute personne qui souhaiterait signaler une menace à la sécurité nationale, notamment en matière d'ingérence étrangère.
Je peux vous assurer que nous resterons vigilants.
Nous sommes prêts à agir, et nous agissons, contre les menaces.
Nous continuerons aussi de travailler en étroite collaboration avec nos partenaires nationaux et internationaux, y compris le Groupe des cinq et nos autres alliés, afin de contrer l'ingérence étrangère.
Cela dit, si l'ingérence étrangère constitue un enjeu prioritaire de mon portefeuille, il est loin d'être le seul qui nous préoccupe.
Il est bien connu que la Chine est l'une des principales sources de fentanyl et des produits chimiques précurseurs utilisés pour fabriquer ce puissant opioïde synthétique.
Le fentanyl illicite et d'autres substances semblables sont mélangés à d'autres drogues, ce qui les contamine.
Tout cela continue de contribuer de façon importante à la crise de surdoses qui a tragiquement écourté la vie de nombreuses personnes dans notre pays.
L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) s'appuie sur les renseignements et une variété d'outils de détection, de techniques et de technologies scientifiques pour prévenir la contrebande de drogues illicites, ce qui comprend des substances toxiques comme le fentanyl.
Au cours des quatre derniers exercices, l'ASFC a procédé à 335 saisies de fentanyl, pour une quantité totale de 42,24 kg.
Dans 129 de ces saisies, la Chine était le pays d'achat désigné.
Pour sa part, la GRC a établi, conjointement à l'ASFC et Postes Canada, le Centre des opérations conjointes sur le crime organisé, afin de suivre et d'identifier l'importation d'opioïdes illicites et de prendre les mesures d'application de la loi nécessaires à cet égard.
En 2017, nous avons adopté une loi qui permet à nos agents, avec des motifs raisonnables, de fouiller le courrier international pesant moins de 30 g pour empêcher les opioïdes de traverser illégalement nos frontières.
La GRC et l'ASFC collaborent également avec les partenaires internationaux d'application de la loi afin d'enquêter sur l'exportation illégale de fentanyl et de produits chimiques précurseurs au Canada et la neutraliser.
En ce qui concerne la Chine, la GRC, l'ASFC et leurs homologues ont convenu de collaborer afin de cibler le trafic de fentanyl.
Permettez-moi maintenant de me pencher sur un autre enjeu d'intérêt pour le présent comité.
Je sais que la technologie 5G a été mentionnée lors de vos audiences. Le gouvernement du Canada ne se fait aucune illusion quant aux problèmes associés sur le plan de la sécurité.
Le Canada a déjà des mesures de cybersécurité de haut niveau en place pour ses réseaux 3G et 4G/LTE, grâce au Programme d'examen de la sécurité pour les réseaux de télécommunication canadiens, qui est géré par le Centre de la sécurité des télécommunications.
Bien que je ne puisse passer de commentaire sur des entreprises en particulier, un examen interministériel de la technologie 5G indépendant de tout pays ou toute entreprise est en cours.
L'examen tient compte des facteurs techniques et des facteurs de sécurité, ce qui comprend les conseils fournis par nos agents de sécurité, nos alliés et nos partenaires.
Nous prendrons une décision en temps opportun qui servira aux intérêts supérieurs des Canadiens tout en veillant à ce que seules les technologies de confiance puissent être permises au Canada.
Monsieur le Président, il ne s'agit ici que de quelques-uns des enjeux prioritaires liés à la Chine sur lesquels on travaille dans le monde de la sécurité publique et de la sécurité nationale.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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