Perception et réalité des « conflits importés » au Canada

Titre du projet

Conflit importé au Canada : perception et réalité

Auteur principal

The Mosaic Institute

Dates importantes

Rapport publié en mars 2014. Sondage national novembre 2012 – janvier 2013; groupes de discussion mars 2013; entrevues septembre 2012 – juillet 2013.

Description

Cette étude examine l’influence exercée par les souvenirs qu’ont certaines personnes au Canada des conflits à l’étranger ou les liens qu’elles ont avec ces conflits, sur leurs perceptions et leurs réactions à ces conflits dans le cadre de leur vie au Canada. Elle se penche également sur les perceptions qu’ont de façon générale les Canadiens de ces « conflits importés » et les préoccupations que ces conflits suscitent, allant par exemple des divisions entre membres des collectivités belligérantes à une expression violente du conflit, comme l’appui d’organisations terroristes transnationales ou la participation à leurs activités

Le travail de recherche se fonde sur près de 4 500 réponses à un sondage mené auprès des Canadiens qui visait à déterminer leur connaissance de la prévalence et de la nature des conflits importés au Canada et les mesures qu’ils proposaient pour les résoudre. L’étude s’inspire aussi de plus de 200 entrevues approfondies menées auprès de Canadiens qui sont issus, ou dont la famille est issue, de huit régions du monde vivant, au moment de l’étude, ou ayant déjà vécu des conflits violents : l’Afghanistan; l’Arménie et la Turquie; l’ancienne Yougoslavie; la corne de l’Afrique; l’Inde et le Pakistan; le Moyen-Orient (accent mis sur Israël et la Palestine); le Sri Lanka; et les Soudans. De plus, les responsables de l’étude ont organisé une série de 12 groupes de discussions pour examiner de quelle façon la dynamique de groupe au sein d’une même collectivité a une incidence sur les réactions individuelles à des questions touchant les conflits au Canada.

Résultats

Dans l’ensemble, le projet de recherche met en lumière un écart entre les perceptions générales des Canadiens et les expériences et les réflexions propres aux personnes qui entretiennent des liens particuliers avec les conflits à l’étranger. Selon l’étude, au moment où le sondage national a été mené, la majorité (57 %) des Canadiens croient que les personnes entretenant un lien avec un conflit perpétuent les tensions entre communautés et ils craignent que ces tensions aboutissent à la violence au Canada. Or, en se fondant sur les entrevues, les auteurs de l’étude ont aussi constaté que même si les personnes restent investies dans « leur » conflit, tant les personnes interrogées que les participants aux groupes de discussion rejettent le recours à la violence au Canada.

Certains répondants ont indiqué avoir « importé » le conflit au Canada en participant notamment à des manifestations et à des affrontements verbaux, physiques et même, parfois, violents. En outre, certains répondants jugent le recours à la violence à l’étranger acceptable dans certaines circonstances particulières, bien qu’ils le qualifient d’inacceptable au Canada. En effet, le portrait prédominant qui se dégageait des entrevues et des groupes de discussion indiquait que le fait de vivre au Canada recadre les perceptions des gens à l’endroit des conflits et des solutions légitimes possibles. Les chercheurs ont conclu que ce recadrage s’inspire des principes canadiens du multiculturalisme, des droits de la personne et de la primauté du droit.

Les auteurs ont aussi trouvé des données probantes indiquant que l’expérience de vivre avec des Canadiens ayant divers antécédents comprenant des expériences rattachées aux conflits à l’étranger a une incidence similaire sur le recadrage au sujet des conflits et des interventions légitimes au Canada. Par ailleurs, l’étude a permis de conclure qu’un tel partage d’expériences rattachées aux conflits mène parfois à une collaboration au sujet de problèmes communs, dont les traumatismes non traités liés aux conflits, la discrimination et l’exclusion vécue au Canada. Bien que les chercheurs mettent l’accent sur le rôle positif des discours communautaires pour enlever toute légitimité à la violence, ils constatent aussi que les traumatismes non traités et l’exclusion risquent de miner l’attachement positif au Canada, notamment par des moyens susceptibles d’entraîner la violence. C’est pour cette raison que bon nombre des recommandations du rapport mettent l’accent sur la résolution des questions de discrimination et de traitement des traumatismes.

Informations supplémentaires

The Perception & Reality of ‘Imported Conflict’ in Canada

Initiatives connexes

Wesley Wark et al., “Securitizing Minority/Muslim Canadians: Evaluating the Impact of Counter-terrorism, National Security and Immigrations Policies Since 9/11,” University of Ottawa, 2016.

Myrna Lashley et al., “Cultural Competence and Canada’s Security: Can being culturally competent assist police and security officers in ensuring Canada’s security?,” Environics, 2014.

Canadian Council of Muslim Women, “Community Resilience: Environment Scan,” Carleton Centre for the Study of Islam, 2015.

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