Réflexions sur des formes de contre-discours efficaces
Titre du projet
Évaluation de méthodes visant à atténuer les manifestations de haine et d’extrémisme en ligne
Auteur principal
Susan Benesch and Derek Ruths
Dates importantes
Étude réalisée de mai 2014 à mars 2016.
Description
Le guide contient des leçons tirées de recherches récentes sur les types de contre-discours qui fonctionnent et permettent d’atténuer les manifestations de haine et d’extrémisme en ligne. Plus particulièrement, la ressource s’appuie sur les constatations tirées de l’étude plus générale intitulée « Évaluation de méthodes visant à atténuer les manifestations de haine et d’extrémisme en ligne », qui examine les activités spontanées sur Twitter, où il y a une réponse directe à un discours haineux ou dangereux. Le premier message constitue une manifestation de haine contre une personne ou des personnes en fonction de leur identité collective, tandis que l’autre constitue un discours pouvant inspirer ou accélérer la violence entre groupes.
Dans le cadre de l’étude plus générale, les auteurs visaient à améliorer les méthodes permettant de cerner les cas de discours haineux en ligne ainsi que les types de contre-discours, dans le but de mieux comprendre les formes de contre-discours qui sont plus susceptibles d’être efficaces en fonction du contexte. Des constatations détaillées sont accessibles dans d’autres publications.
Selon les auteurs, le contre-discours peut être efficace de deux façons. La première est le discours, y compris sous forme de texte ou de média visuel, qui a un effet positif sur l’utilisateur initial (haineux) de Twitter, et qui permet de modifier le discours de cette personne, et même ses croyances. Les données probantes donnent à penser qu’un tel changement est constaté, notamment, lorsque l’utilisateur (haineux) de Twitter s’excuse, se rétracte ou efface son gazouillis initial ou son compte.
Le deuxième type de réussite, c’est lorsqu’on influe de façon positive sur ce que l’auditoire considère comme étant les normes de discours appropriées. Les auteurs reconnaissent que cela peut être difficile à évaluer, mais que ce genre de réussite peut être reflété par un long dialogue qui reste civilisé et dans les situations où d’autres personnes se joignent aux efforts de contre-discours. Vu les défis actuels liés à la mesure de deuxième catégorie, le présent article met l’accent sur la première façon : une incidence favorable sur l’utilisateur initial (haineux) de Twitter.
Résultats
Dans le cadre de leurs recherches, les auteurs ont trouvé de nombreux cas de contre-discours efficaces ainsi que des tendances quant à ce qui semble fonctionner, même s’ils rappellent qu’il s’agit uniquement là de constatations préliminaires et qu’il faudra plus de travail pour créer une base de données probantes. Ils soulignent que les stratégies efficaces sont souvent utilisées en association, même dans un seul gazouillis, et qu’elles sont plus susceptibles d’être efficaces lorsqu’elles visent les personnes moins engagées à l’égard de la haine ou de l’extrémisme.
Une telle stratégie consiste à avertir l’autre des conséquences d’un discours haineux, y compris l’impact sur la personne à l’origine du discours haineux (p. ex. ses relations et son emploi) ainsi que sur la personne ou le groupe ciblé. Les auteurs ont trouvé des données probantes selon lesquelles cette stratégie peut mener au retrait du gazouillis haineux, et même si un tel impact était évident à court terme, ils ont souligné ne pas savoir si cette méthode permet de changer le comportement de l’utilisateur à moyen et long termes. La recherche a aussi permis de trouver des exemples de contre-discours efficaces associés à « la honte et l’étiquetage », où les gazouillis étaient étiquetés comme étant haineux, racistes, intolérants, misogynes, etc. Vu la stigmatisation associée à de tels mots, ceux qui ne s’identifient pas à de telles étiquettes peuvent vite modifier ou effacer de tels gazouillis.
L’empathie ou l’affiliation, comme le fait de créer un lien avec l’auteur en raison d’un bagage culturel ou identitaire commun, est une autre stratégie dont on a constaté qu’elle permettait de changer le ton de discours haineux et même de les freiner. Les auteurs ont souligné que, même s’il y a peu d’éléments probants d’un changement comportemental à long terme, une telle stratégie peut permettre de prévenir l’escalade à court terme. Ils ont aussi trouvé des cas où l’humour permettait de détourner la conversation, de désamorcer les conflits et d’attirer davantage l’attention sur les contre-messages. De plus, les auteurs ont souligné le caractère convaincant des images – comme les mèmes, les graphiques, les photos, les animations et les vidéos – allant au-delà du texte, en partie en raison du fait qu’ils peuvent transcender les limites culturelles et linguistiques, élargir l’auditoire et permettre au contre-discours de devenir viral.Informations supplémentaires
Considerations for Successful Counterspeech
Initiatives connexes
Susan Benesch et al., “Counterspeech on Twitter: A Field Study,” Public Safety Canada, 2016.
Haji Mohammad Saleem et al., “A Web of Hate: Tackling Harmful and Hateful Speech in Online Social Spaces,” TA-COS, 2016.
Jamie Bartlett and Louis Reynolds, “The state of the art 2015: a literature review of social media intelligence capabilities for counter-terrorism,” Demos, 2015.
Thème(s)
Mot(s)-clé(s)
- Cohésion sociale
- Contre la radicalisation menant à la violence
- Contre-discours
- Extrémisme
- l'Internet
- Médias sociaux
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