The State of the Art 2015: Une analyse documentaire des capacités des renseignements sur les médias sociaux pour la lutte contre le terrorisme

Titre du projet

Examen des approches de recherche relative à la lutte contre le terrorisme, qui sont fondées sur les médias sociaux, en particulier à ce qui a trait à leurs capacités et à leurs limites, et aux conséquences de leur utilisation dans un contexte gouvernemental?

Auteur principal

Jamie Bartlett and Louis Reynolds, Demos

Dates importantes

Publiée en septembre 2015.

Description

Cet examen traite des façons dont les médias sociaux de sources ouvertes peuvent permettre d’acquérir des renseignements et une compréhension afin d’aider à préserver la sécurité publique, surtout en ce qui a trait au terrorisme et à l’extrémisme violent. L’étude présente une mise à jour au sujet du premier rapport State of the Art, rédigé en 2013 par Demos, à l’aide de nouveaux documents, dans le but de comprendre les changements importants apportés dans les médias sociaux depuis la première publication. On y explique notamment comment les groupes terroristes, particulièrement l’État islamique, se servent des médias sociaux, ainsi que les techniques constamment en évolution servant à analyser de telles activités et à les contrer.

L’objectif général est de comprendre comment les recherches fondées sur les médias sociaux peuvent contribuer ou non à la lutte contre le terrorisme d’une façon efficace que la population appuie. Le rapport souligne l’absence continue d’une collectivité de recherche cohérente et le nombre limité de liens avec d’autres études dans divers domaines (de l’informatique à l’ethnographie en passant par la publicité), et il vise à régler ce problème en regroupant les techniques de recherche de pointe de ces domaines afin d’examiner les capacités qui en découlent, le nouvel éclairage qu’elles apportent et les obstacles à la compréhension ainsi que les questions éthiques et juridiques qui se posent. Lors de la rédaction des rapports de 2013 et de 2015, les chercheurs ont examiné près de 250 études, des statistiques liées à l’utilisation des médias sociaux et des sondages d’opinion publique sur des sujets comme l’attitude de la population face à la surveillance.

Résultats

Les auteurs soulignent que bien que l’utilisation répandue de l’Internet par les groupes extrémistes et terroristes pour des activités comme le financement, les communications opérationnelles et la propagande n’est pas nouvelle, elle évolue rapidement en raison des changements de nature technologique et en fonction de la façon dont les médias sociaux sont utilisés et surveillés. Plus particulièrement, par le passé, la propagande était principalement menée par les principaux membres des groupes, mais le rapport souligne la prolifération de contenu extrémiste sur Internet, qui s’explique par la participation d’individus partout dans le monde. Les auteurs mentionnent toutefois qu’il faut faire preuve de prudence au moment de tirer des conclusions au sujet de l’incidence de l’abondance de propagande ainsi qu’au sujet de la nature des collectivités en ligne.

Par contre, ils affirment que la disponibilité du matériel extrémiste fait augmenter le nombre de recrues potentielles, que l’exposition répétée peut désensibiliser les personnes qui consultent ce matériel face à la violence, que les réseaux sociaux sur Internet peuvent créer des « chambres d’écho » où des participants présentant la même idéologie s’influencent l’un l’autre à avoir des idées plus extrêmes, et que les médias sociaux peuvent faciliter les communications par les recruteurs et leur fournir des voies par lesquelles ils peuvent facilement informer et orienter. Pour contrer cela, les entreprises de médias sociaux et les gouvernements ont œuvré plus activement pour filtrer, surveiller et supprimer le contenu haineux ou extrémiste ainsi que les comptes utilisés pour distribuer ce matériel.

De plus, l’examen fait valoir que malgré le nombre important d’incidents terroristes survenus au cours des dernières années et par rapport auxquels on a constaté une certaine utilisation des médias sociaux, l’influence de ceux-ci, relativement à d’autres facteurs, est souvent difficile à déterminer. En outre, même si les efforts de recrutement que mène l’État islamique en faisant de la propagande sur les médias sociaux sont efficaces, les auteurs mentionnent des recherches portant sur les limites de la suppression comme intervention. Ils trouvent des preuves de l’existence d’un complexe réseau dit « Swarmcast » de membres et de partisans de l’État islamique étendu sur de nombreuses plateformes et dans lequel les participants maintiennent une présence constante sur les médias sociaux et réagissent rapidement pour changer de compte et redistribuer le matériel censuré.

Enfin, les auteurs émettent l’hypothèse que la suppression de documents peut avoir la conséquence involontaire de stimuler l’utilisation des réseaux sociaux puisque, par exemple, les partisans de l’État islamique doivent rester vigilants. Par contre, l’étude mentionne des recherches qui laissent entendre que la suspension de comptes peut détourner les efforts et limiter la portée, et que les suppressions ciblées peuvent donc être efficaces lorsqu’elles sont effectuées à des moments précis, notamment pour mesurer leur répercussion sur une collectivité en ligne.

Dans le contexte de la résilience de l’État islamique dans les médias sociaux, les auteurs de la recherche soulignent qu’une importance grandissante est portée au « contre-discours » comme autre façon de faire face aux auteurs et aux distributeurs de contenu extrémiste violent. Le contre-discours peut aller d’efforts « en amont » ciblant des populations générales, comme le développement des capacités du public à évaluer le contenu en ligne de façon critique, à des efforts « en aval » qui visent à atteindre des personnes à risque élevé et qui se montrent intéressées à l’idéologie extrémiste ou qui y adhèrent. Les auteurs soulignent que les preuves de ce qui fonctionne en matière de contre-discours sont limitées, quoique de plus en plus nombreuses, et ils mentionnent des avantages comme le fait que les approches organiques et locales sont plus rapides, plus flexibles et plus efficaces que les campagnes à grande échelle.

Informations supplémentaires

The State of the Art 2015: A Literature Review of Social Media Intelligence Capabilities for Counter-Terrorism

Initiatives connexes

Benjamin Ducol et al.,“ Assessment of the state of knowledge: between research on social psychology of the Internet and violent extremism,” TSAS, 2016.

Rachel Briggs and Sebastien Feve, “Review of Programs to Counter Narratives of Violent Extremism: What Works and What are the Implications for Government?,” Institute for Strategic Dialogue, 2013.

The SecDev Foundation, “Preventing Violent Extremism: A Research Portal,” 2017.

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