Rapport final – Efficacité collective et capital culturel : bâtir et favoriser la résilience dans différentes communautés ethniques
Titre du projet
Efficacité collective et capital culturel : bâtir et favoriser la résilience dans différentes communautés ethniques
Auteur principal
Sara Thompson and Sandra Bucerius; Ryerson University and the University of Toronto
Dates importantes
Rapport soumis en mars 2014. Étude sur le terrain menée en 2013.
Description
L’étude cherche à établir ce qui alimente ou prévient diverses formes d’intégration sociale positive qui contribuent à éloigner les gens du crime, de la violence ou même du terrorisme. Elle examinera la mesure dans laquelle certains facteurs aident et favorisent la résilience communautaire et comment ces facteurs peuvent agir différemment d’un groupe ethnique à l’autre. En misant sur l’efficacité collective comme principal outil d’analyse, les auteurs tentent d’établir les mécanismes qui font en sorte que les réseaux sociaux, la confiance et d’autres aspects de la capacité communautaire se combinent à la volonté des membres de la collectivité et les mobilisent à l’égard de certaines notions de bien commun.
Les deux cas à l’étude sont des collectivités de la région du Grand Toronto. L’une d’elles est la diaspora des Canadiens d’origine somalienne, dont les auteurs ont observé que l’efficacité collective semble faible, ce qui serait attribuable au manque d’intégration dans la société. L’autre communauté est la diaspora des Canadiens d’origine tamoule, qui est réputée avoir de grandes capacités d’intégration et une forte volonté de mobilisation.
Les chercheurs mettent l’accent sur les circonstances et les contraintes auxquelles font face les jeunes et les jeunes adultes de ces communautés; décrivent leurs points de vue à l’égard des groupes al-Chabaab et Tigres de libération de l’Eelam tamoul (TLET); examinent leurs expériences en ce qui concerne les stratégies de lutte contre le terrorisme employées par le Canada, les politiques gouvernementales en matière d’intégration et d’établissement, ainsi que le fonctionnement des institutions communautaires et des organisations locales. Les données ont principalement été recueillies à partir de l’étude sur le terrain, notamment des entrevues avec 50 Canadiens d’origine tamoule et 118 Canadiens d’origine somalienne âgés de 16 à 30 ans. L’étude présente les constatations sur la façon dont les organisations non gouvernementales et les organismes et institutions du gouvernement pourraient travailler plus efficacement avec chacune des communautés.
Résultats
Les auteurs signalent que durant l’étude sur le terrain, tous les Canadiens d’origine tamoule interrogés se sont identifiés fortement au sort du peuple tamoul du Sri Lanka, et qu’ils sont très touchés par le conflit. Même si les jeunes semblent adopter des points de vue plus critiques à l’endroit des TLET que leurs parents, une forte majorité croit que le Canada et d’autres pays analogues avaient une responsabilité d’intervention, surtout pendant les dernières phases du conflit en 2009, et devaient enquêter sur les actes répréhensibles commis par l’armée du Sri Lanka. Même parmi les personnes très critiques des TLET (12 personnes sur les 50 interrogées), aucune ne qualifierait cette organisation de groupe terroriste. Elles considèrent plutôt les TLET comme l’unique organisation qui représentait les Tamouls pendant le conflit. Ces personnes estiment aussi qu’en désignant les TLET comme un groupe terroriste, le gouvernement s’est rangé du côté du gouvernement du Sri Lanka.
Avant 2009, tous les Canadiens d’origine tamoule ayant participé à l’étude avaient une opinion très favorable du Canada et exprimaient notamment leur gratitude pour le soutien offert aux réfugiés tamouls. Ces personnes avaient un sentiment identitaire très profond à l’égard du peuple tamoul et du Canada. Les auteurs signalent cependant que dans le contexte de l’étude sur le terrain, il y avait une perception très généralisée d’inaction et d’incompréhension de la part du Canada relativement au conflit, de l’existence de stéréotypes de la population voyant la communauté comme associée au terrorisme, et d’une absence de dialogue entre le gouvernement et la diaspora tamoule, surtout au sein de la génération plus jeune. Les auteurs soutiennent que l’engagement du gouvernement auprès de la communauté doit tenir compte davantage de l’incidence profonde qu’ont les événements qui se déroulent encore au Sri Lanka sur les Canadiens d’origine tamoule. Le gouvernement doit aussi prendre en compte la mesure dans laquelle les décisions politiques peuvent avoir un impact sur les relations communautaires et les réactions publiques indésirables à l’encontre de cette communauté.
Par contraste avec les participants d’origine tamoule, les chercheurs ont établi que les préoccupations des Canadiens d’origine somalienne étaient de nature plus locale, et concernent des expériences de discrimination (à l’école ou par les services de police) et le manque de débouchés économiques. Un des plus importants problèmes soulevés par les Canadiens d’origine somalienne était la violence, certains se disant préoccupés par le fait que de nombreux jeunes hommes canadiens d’origine somalienne ont été victimes de violence en Alberta et à Toronto, et que plusieurs cas demeurent non résolus.
D’après les auteurs, les préoccupations de sécurité au sujet du groupe al-Chabaab ajoutées aux problèmes de nature locale aggravent les difficultés qu’éprouve la majeure partie des Canadiens d’origine somalienne. La recherche laisse entendre qu’un grand nombre de jeunes Canadiens d’origine somalienne, surtout de sexe masculin, ont été en butte à la propagande de groupes radicaux violents et à leurs diverses tactiques de recrutement. Par ailleurs, la recherche a établi l’émergence de nouvelles expériences de vie hautement inspirantes qui viennent contrer les efforts de groupes comme al-Chabaab. Les participants à l’étude décrivent ce groupe comme l’équivalent d’une secte qui utilise la tromperie et pratique le lavage de cerveau, les recrues étant rejetées et considérées comme faibles ou ignorantes. Dans ce contexte, les auteurs signalent le rôle de « résilience » de la religion, car les participants utilisent souvent leurs connaissances religieuses pour contrer les revendications et les actions du groupe al-Chabaab.
À la lumière des commentaires obtenus des participants canadiens d’origine somalienne, les auteurs formulent des recommandations sur un éventail de questions de politique sociale, y compris les mesures à prendre pour éliminer les obstacles au recrutement de Canadiens d’origine somalienne dans les corps policiers et l’expansion des modèles de police communautaire qui produisent déjà de bons résultats, notamment dans le contexte de la sécurité nationale. Un important point souligné concerne l’identification de nouvelles voix ainsi que d’exemples de projets d’entrepreneuriat de base au sein de la communauté canado-somalienne, souvent dirigés par des femmes et des jeunes. Ces exemples sont importants, non seulement parce qu’ils illustrent le soutien à une résilience communautaire élargie, mais parce qu’ils sont également considérés comme de nouvelles voies de partenariat entre le gouvernement et la communauté.
Informations supplémentaires
Initiatives connexes
John Monahan, Rima Berns-McGown and Michael Morden, “The Perception & Reality of ‘Imported Conflict’ in Canada,” The Mosaic Institute, 2014.
Myrna Lashley et al., “Cultural Competence and Canada’s Security: Can being culturally competent assist police and security officers in ensuring Canada’s security?,” Environics, 2014.
Charlie Edwards, Calum Jeffray and Raffaello Pantucci, “Out of Reach? The Role of Community Policing in Preventing Terrorism in Canada,” RUSI, 2015.
Thème(s)
Mot(s)-clé(s)
- Cohésion sociale
- Diaspora
- Entrevues sur le terrain
- études de cas
- Extrémisme
- Sensibilisation communautaire
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