Examen des programmes visant à contrer les récits d'extrémisme violent: qu’est-ce qui fonctionne et quelles sont les implications pour le gouvernement?
Titre du projet
Examen de programmes visant à contrer les discours d’extrémisme violent
Auteur principal
Institute for Strategic Dialogue
Dates importantes
Rapport publié en décembre 2013.
Description
Ce rapport a été préparé dans le but d’évaluer l’état des connaissances sur les contre‑discours afin de neutraliser le recours à Internet et aux médias sociaux par les groupes extrémistes violents. Le rapport se penche sur l’utilisation de contenu diffusé en ligne par des groupes allant de mouvements de suprématie blanche à Al‑Qaïda, en passant par les réseaux qui sont affiliés à ce dernier, pour favoriser, engager, recruter et inspirer des gens à commettre des actes de violence. En soulignant le fait que l’utilisation de contre‑discours par les gouvernements était encore assez récente au moment de l’étude, les auteurs du rapport se sont surtout concentrés sur des exemples principalement tirés des États‑Unis et du Royaume-Uni, et ils donnent des leçons qui ont été puisées de mesures mises en place par le gouvernement et la société.
L’étude est organisée en trois grandes catégories d’un « spectre de contre‑discours ». La première catégorie, qui porte sur les communications stratégiques du gouvernement, concerne la diffusion de messages sur les mesures prises par le gouvernement et le soutien des relations établies avec les principaux groupes d’intérêt. La deuxième, qui porte sur les autres discours, concerne les mesures visant à mettre un frein aux discours extrémistes en faisant passer le dialogue du négatif (c’est‑à‑dire être contre quelque chose) au positif (c’est‑à‑dire être pour quelque chose), comme les principes de l’ouverture, de la liberté et de la démocratie. La troisième, qui porte sur les contre‑discours, concerne les mesures prises pour contrer directement le contenu des messages extrémistes, comme lorsqu’on dénonce les incohérences et les contradictions de l’idéologie ou de faits, ou qu’on discrédite et ridiculise ces messages. Les auteurs du rapport signalent qu’il peut y avoir chevauchement entre ces trois types d’activités, et qu’il y aura certains problèmes à surmonter au moment de transmettre les messages aux auditoires cibles, notamment le simple fait de trouver ces auditoires, par exemple.
Résultats
En se fondant sur les cas examinés, les auteurs du rapport ont conclu que le volet portant sur les communications stratégiques semble être celui où le gouvernement est le plus naturel et efficace, notamment lorsqu’il s’agit de sensibiliser le public et d’accroître la compréhension de ce dernier sur les menaces, et aussi d’expliquer les mesures que le gouvernement prend pour y donner suite. Le gouvernement devrait aussi s’efforcer de saper les mythes et de miner les théories de conspiration concernant ses mesures de lutte contre le terrorisme.
En ce qui a trait à la catégorie visant les autres discours, pour le gouvernement, on préconise surtout un rôle de soutien et de facilitation des efforts déployés par la collectivité. Les auteurs du rapport estiment que ce rôle peut comprendre le soutien au renforcement des capacités comme dans le cas de l’initiative Jeunes musulmans du Canada, ou MY CANADA, qui est dirigée par le Conseil Canadien des Femmes Musulmanes et financée par le Programme du multiculturalisme du gouvernement du Canada. Le gouvernement a également un rôle important à jouer dans la fourniture de récits de rechange par le biais des politiciens et des déclarations publiques.
Au sujet des contre‑discours, les auteurs du rapport conseillent de procéder avec prudence et, de façon générale, ils recommandent au gouvernement d’éviter d’y participer directement, surtout parce que l’identité et la crédibilité de l’entité à l’origine des contre‑discours sont des éléments essentiels pour faire passer le message aux auditoires clés. Il pourrait être plus utile de demander à d’anciens membres de mouvements extrémistes violents de véhiculer ces contre‑discours parce que leur expérience de ces groupes les rend plus crédibles. Des survivants d’attaques terroristes figurent aussi parmi les personnes crédibles pouvant transmettre ces messages, parce que leur expérience concrète leur permet de défaire le prestige qui entoure ces actes et d’en annuler la légitimité.
De bonnes pratiques à adopter sont énoncées tout au long du rapport, par exemple le recours à des unités gouvernementales spécialisées dont les membres amènent un ensemble de compétences non traditionnelles précieuses à l’analyse et à l’utilisation de campagnes sur Internet et dans les médias sociaux. De plus, les auteurs du rapport notent que le gouvernement a un rôle clé à jouer lorsqu’il s’agit d’aider la prochaine génération de dirigeants à se prendre en main, comme l’a fait l’initiative MY CANADA pour développer les compétences de leadership et de communication de ces personnes, y compris en ligne. Un autre exemple donné porte sur la façon dont de nombreuses initiatives internationales comportent des partenariats avec des entreprises du secteur des technologies pour élaborer des capacités de campagne en ligne à l’intention des groupes de la société civile.
Les auteurs signalent également quelques difficultés relatives à ces efforts, notamment la difficulté, pour les gouvernements, de stimuler les instincts émotifs des auditoires cibles ainsi que la méfiance de certains à l’égard d’efforts appuyés, même de façon indépendante, par le gouvernement. De plus, le rapport fait mention de l’écart d’enthousiasme entre les extrémistes à but unique et les militants de la société civile qui s’efforcent de promouvoir d’autres discours en plus de leurs multiples engagements familiaux, professionnels et communautaires. Il fait également ressortir divers risques, notamment le fait que le gouvernement pourrait renforcer les messages des groupes extrémistes par inadvertance, notamment s’il y a un écart entre la parole et les actes lorsque les principes et les politiques annoncés ne correspondent pas aux expériences des auditoires cibles.
Dans l’ensemble, les auteurs du rapport font valoir l’importance de comprendre comment ces trois types d’activités de contre‑discours peuvent être coordonnées afin qu’elles puissent se renforcer mutuellement. Toutefois, ils reconnaissent également qu’il y a un besoin à cet égard, et ils estiment que d’autres recherches sont requises pour déterminer ce qui fonctionne et mieux définir les auditoires cibles et la façon de les atteindre.
Informations supplémentaires
Initiatives connexes
Benjamin Ducol et al.,“ Assessment of the state of knowledge: between research on social psychology of the Internet and violent extremism,” TSAS, 2016.
Susan Benesch and Derek Ruths, “Considerations for Successful Counterspeech,” 2016.
The SecDev Foundation, “Extreme Dialogue: Social Media Target Audience Analysis and Impact Assessments in Support of Countering Violent Extremism,” 2016.
Thème(s)
Mot(s)-clé(s)
- Anciens extrémistes
- Communications publiques
- Contre-discours
- Deradicalisation
- Extrémisme idéologique
- l'Internet
- Lutte contre la radicalisation menant à la violence
- Médias sociaux
- Victimes
- Date de modification :