Radicalisation et extrémisme violent : leçons apprises du Canada, du Royaume-Uni et des États Unis

Titre du projet

Radicalisation et extrémisme violent : leçons apprises du Canada, du Royaume-Uni et des États Unis

Auteur principal

National Institute of Justice

Dates importantes

Conférence tenue du 28 au 30 juillet, 2015.

Description

Le présent rapport traite des points saillants d’une importante conférence organisée par le National Institute of Justice (NIJ) du département américain de la Justice, qui a eu lieu du 28 au 30 juillet 2015. L’événement a porté sur certaines des meilleures études aidant à comprendre et à gérer l’extrémisme violent, lesquelles se sont appuyées sur des programmes de recherche aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada, y compris le projet Kanishka.

En plus de souligner les derniers résultats des études scientifiques sur la radicalisation menant à l’extrémisme violent, la conférence a fourni aux chercheurs et aux praticiens l’occasion de discuter de la façon dont les constatations peuvent s’appliquer sur le terrain, et de cerner les questions et les défis qui restent à résoudre. Le rapport condense le dialogue qui s’est échelonné sur trois jours en trois grands thèmes : (1) processus de radicalisation menant à l’extrémisme violent; (2) facteurs qui peuvent faire courir aux personnes le risque de radicalisation menant à l’extrémisme violent; (3) prévention et lutte contre la radicalisation menant à l’extrémisme violent.

Résultats

En ce qui concerne les « processus de radicalisation menant à l’extrémisme violent », bien que plusieurs modèles de radicalisation aient été étudiés, les chercheurs ont eu tendance à mettre l’accent sur la preuve liée aux facilitateurs ou aux influences précis qui peuvent conduire à la radicalisation menant à la violence. Parmi les plus discutés, mentionnons l’incidence des liens personnels dans son réseau social; la façon dont le conflit ou la confusion identitaire peut rendre une personne plus ouverte à de nouvelles idées, notamment l’extrémisme violent; le rôle des systèmes de croyances liées à l’extrémisme violent; les liens avec des extrémistes violents en ligne; la dynamique de groupe, notamment le rapprochement avec ses pairs et le détachement par rapport à sa vie antérieure.

Des chercheurs ont souligné que le processus de radicalisation menant à l’extrémisme violent fait habituellement intervenir plusieurs facteurs et peut varier en fonction des personnes, des groupes, des types de systèmes de croyances et des contextes. En raison de cette variation, il reste des questions au sujet de la meilleure approche pour définir des modèles de processus, y compris la question, à savoir s’il serait plus utile de mettre au point 1) des modèles de haut niveau qu’on peut utiliser comme guides généraux pour aider les utilisateurs à cerner les facteurs plus précis en jeu dans une situation précise, ou 2) des modèles précis qui ciblent de manière étroite différents types de personnes, de groupes, de systèmes de croyances et de contextes. 

En ce qui concerne les « facteurs qui peuvent faire courir aux personnes le risque de radicalisation menant à l’extrémisme violent », les participants ont discuté de l’importance de mieux comprendre la question, à savoir si certains facteurs ou combinaisons de facteurs étaient plus pertinents à différentes étapes du processus de radicalisation et faisaient ainsi courir à une personne un risque plus ou moins grand. Plusieurs chercheurs ont mentionné que, comme la plupart des travaux ont mis l’accent sur les facteurs faisant croître le risque, il faut combiner les efforts pour accorder davantage d’importance aux facteurs de protection. Parmi les facteurs de protection, mentionnons l’estime de soi, des liens communautaires étroits, une compréhension nuancée de la religion et de l’idéologie, et une diversité de solutions non violentes pour régler les doléances. Il a aussi été question des limites de la preuve en ce qui a trait aux facteurs de risque et de protection, étant donné que la plupart des recherches ont été effectuées sans groupe de comparaison ou de contrôle : les facteurs de risque se fondent souvent sur des études de personnes s’étant radicalisées au point de la violence, tandis que les facteurs de protection se fondent sur des études de personnes ne s’étant pas radicalisées. Plus d’études combinées des facteurs de risque et de protection pourraient permettre d’améliorer la science et la conception d’interventions prometteuses.

Du point de vue des praticiens, ceux qui mettent au point et appliquent des programmes de lutte contre l’extrémisme violent ont exprimé le besoin de mieux comprendre la combinaison pertinente de facteurs de risque et de protection dans un contexte donné. De plus, ils souhaitent mieux comprendre la façon dont les conclusions tirées d’un contexte donné peuvent s’appliquer à un autre, par exemple les recherches effectuées dans d’autres domaines, comme les activités des gangs.

En ce qui concerne la « prévention et lutte contre la radicalisation menant à l’extrémisme violent », les praticiens et les chercheurs ont présenté de l’information sur des programmes mis au point au Royaume‑Uni, au Canada et aux États-Unis et ils ont discuté de certains des défis et des leçons apprises. Par exemple, les présentateurs ont souligné qu’il était important pour les organismes gouvernementaux : 1) d’interagir avec l’ensemble des membres de la collectivité sans éviter ceux qui ne sont pas d’accord avec leurs politiques; 2) d’adapter les stratégies d’information en fonction des différents groupes de la collectivité; 3) de tenir compte de la stigmatisation pouvant être associée à l’interaction des membres de la collectivité avec le gouvernement. On s’est aussi demandé si les programmes devaient être conçus précisément pour lutter contre la radicalisation menant à l’extrémisme violent ou s’ils devaient miser davantage sur la prévention de la violence de façon générale et d’autres comportements problématiques. Les participants ont convenu que des recherches supplémentaires sur l’applicabilité d’autres programmes de prévention pour lutter contre l’extrémisme violent, ainsi que des évaluations des programmes actuels et futurs, seraient nécessaires pour répondre aux questions concernant le moment opportun et le type d’approche le plus efficace et approprié pour lutter contre l’extrémisme violent.

Enfin, les praticiens ont formulé certaines observations sur la façon dont la recherche pourrait être plus utile pour ceux qui travaillent sur le terrain. Les praticiens du gouvernement et de la collectivité ont fait valoir qu’il serait utile pour eux de travailler en plus étroite collaboration avec les chercheurs. Les participants étaient aussi préoccupés par le fait que les recherches ne se retrouvent peut-être pas au bout du compte entre les mains de ceux qui en ont le plus besoin, et dans une forme qui est utile. À cet égard, les praticiens ont recommandé que les constatations soient présentées de façons nouvelles et innovatrices, telles que des synopsis et des documents d’information qui soulignent les principales constatations au moyen d’études de cas et de capsules en guise d’illustration, ainsi que des vidéos et des balados qui communiquent les résultats de manière plus conviviale. Les praticiens ont également demandé aux chercheurs de formuler des recommandations plus concrètes pouvant être appliquées sur le terrain.

Informations supplémentaires

Radicalization and Violent Extremism: Lessons Learned From Canada, the U.K. and the U.S.

Initiatives connexes

Laura Dawson, Charlie Edwards, and Calum Jeffray, “Learning and Adapting: The Use of Monitoring and Evaluation in Countering Violent Extremism,” RUSI, 2014.

Peter Romaniuk, “Does CVE Work? Lessons learned from the global effort to counter violent extremism,” Global Center on Cooperative Security, 2015.

Rachel Briggs and Sebastien Feve, “Review of Programs to Counter Narratives of Violent Extremism: What Works and What are the Implications for Government?,” Institute for Strategic Dialogue, 2013.

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