Approches multisectorielles des programmes de prévention du crime
Ce que vous devez savoir


Table des matières

Partie I: Contexte

La Stratégie nationale pour la prévention du crime (SNPC) fournit un cadre stratégique qui oriente la mise en œuvre des interventions en matière de prévention du crime au Canada. En plus d’élaborer des politiques et de diffuser des connaissances aux collectivités canadiennes, la SNPC identifie également des priorités de financement spécifiques et fournit un financement pluriannuel à des projets de prévention du crime adaptés, dans le but de développer et de partager les connaissances sur ce qui fonctionne pour prévenir et réduire la criminalité parmi les populations prioritaires.

Le Fonds d ’action pour la prévention du crime (FAPC) appuie la SNPC en fournissant un financement à durée limitée qui a pour but d’aider les collectivités et les organisations à élaborer et à mettre en œuvre des initiatives de prévention du crime fondées sur des données probantes. Les principaux objectifs du FAPC sont de soutenir les modèles fondés sur des données probantes et des pratiques prometteuses qui s’attaquent aux facteurs de risque et de protection connus afin de réduire le taux de récidive chez les enfants et les jeunes à risque, ainsi que chez ceux qui présentent un risque élevé de récidive, d’appuyer la diffusion de connaissances et le développement de ressources liées aux pratiques efficaces de prévention du crime, et de soutenir les projets qui se penchent sur les moyens de répondre aux facteurs de risque et de protection connus.

Priorités de l’appel de demandes de 2021 du FAPC

L’appel de demandes 2021 du FAPC vise à fournir un appui à ce qui suit.

Le rapport final sur le Plan d’action des ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux (FPT) de 2018 préconise une approche plus collaborative en termes d’exécutions des programmes de la Stratégie nationale pour la prévention du crime (SNPC), qui intègre de multiples secteurs travaillant ensemble à l’atteinte d’objectifs communs de sécurité et de bien-être communautaires. Par conséquent, l’appel de demandes de 2021 du FAPC appuiera la mise en œuvre d’interventions communautaires multisectorielles visant à renforcer la résilience et les facteurs de protection des populations prioritaires, tout en réduisant l’incidence des facteurs de risque.

Les priorités de l’appel de demandes mettent l’accent sur les populations surreprésentées dans le système de justice pénale (SJP), conformément aux autres travaux entrepris au sein du gouvernement fédéral. Il s’agit notamment de la Stratégie et du Programme de lutte contre le racisme de Patrimoine canadien, qui demandent que l’on se concentre sur l’élimination des obstacles ayant une incidence sur les collectivités racialisées et les peuples autochtones, ainsi que sur les investissements dans les interventions auprès des jeunes à risque. De plus, la réponse aux femmes et filles autochtones disparues et assassinées de Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, qui demande que l’on se concentre à répondre aux besoins des collectivités autochtones, notamment à leur surreprésentation dans le système de justice pénale.

Partie II : Multisectoriel et communautaire

Dans ce contexte, le terme « multisectoriel » fait référence à la collaboration et la coordination intentionnelles et actives entre un groupe ou une organisation d’intervenants (c’est-à-dire le gouvernement, les organisations autochtones, les fournisseurs de services) et d’autres groupes ou organisations de plusieurs secteurs (c’est-à-dire la santé, l’éducation et le secteur privé, entre autres) afin de mettre sur pied un réseau de services et de soutien variés, qui répondront à l’éventail des besoins de chaque client. En faisant appel à de multiples secteurs, les intervenants peuvent tirer parti de leurs connaissances, de leur expertise, de leur portée et de leurs ressources, et tirer parti de leurs forces combinées et variées lorsqu’ils travaillent ensemble et orientent les clients les uns aux autres vers un objectif commun qui consiste à fournir aux jeunes les services dont ils ont besoin.

La capacité à naviguer parmi les services et les soutiens des intervenants et à orienter les jeunes vers les interventions adéquates est l’élément clé d’un projet multisectoriel. Afin de s’assurer que les besoins individuels de tous les jeunes sont satisfaits, une intervention multisectorielle doit mettre en œuvre une procédure d’évaluation et d’orientation bien conçue, où les jeunes peuvent facilement accéder aux mesures de soutien et aux services offerts par tous les partenaires du programme.

Les procédures d’aiguillage, dans le contexte de services sociaux, ont lieu lorsqu’un membre du personnel formé a élaboré un dossier de gestion de cas auprès d’un programme d’études et un plan de soutien social adaptés à son client. Une fois qu’un dossier de gestion de cas a été élaboré, décrivant les besoins de chaque client, y compris les problèmes comportementaux, émotionnels, de santé mentale et (ou) d’autres services spécialisés, le personnel formé suivra la prestation des services, orientera et suivra ses clients jusqu’à l’achèvement du programme d’études et du plan de soutien social. Les procédures d’aiguillage doivent être aussi uniques que les collectivités dans lesquelles elles opèrent, et doivent respecter les politiques et les réglementations concernant les dossiers des jeunes et le partage d’informations propres au contexte du programme mis en œuvre.  

Les fondements d’une procédure d’aiguillage efficace comprennent généralement ce qui suit.

Le terme « communautaire » désigne la mobilisation des secteurs et des services qui sont situés ou soutenus par les collectivités auxquelles appartiennent les populations prioritaires. Les services devraient être éclairés et adaptés aux besoins et aux réalités des collectivités où les clients vivent, travaillent, apprennent et jouent.

Partie III : Populations prioritaires

Au cours de la dernière décennie, le nombre de jeunes dans le système de justice pénale (SJP) a diminué de 34 %; ce taux de diminution est nettement plus élevé chez les garçons et les jeunes hommes de race blanche, tandis que la proportion de filles dans le SJP a augmenté de 20 %; la proportion de filles autochtones a augmenté de 26 %; le taux de délinquants masculins noirs dans le SJP ont augmenté de 41 %; le taux des filles et des jeunes femmes noires de 46 %, et les filles et les jeunes femmes autochtones de 60 % (Bélisle, 2019; Justice Canada, 2017; Miladinovic, 2019; Société John Howard, 2017).

Prioriser les jeunes Autochtones

Les Premières Nations, les Métis et les Inuits sont les populations les plus jeunes et les plus en croissance du Canada. Les jeunes Autochtones sont surreprésentés tant dans le système de protection de l’enfance que dans le système de justice pénale. Selon les données du recensement de 2016, 7,7 % des enfants âgés de 0 à 14 ans dans l’ensemble du pays sont autochtones, mais 52,2 % des enfants en famille d’accueil de la même tranche d’âge sont autochtones (Statistique Canada, 2017). En ce qui concerne le système de justice pénale, les jeunes Autochtones (âgés de 12 à 17 ans) représentent 43 % des admissions de jeunes aux services correctionnels, bien qu’ils représentent 8,8 % de la population de jeunes au Canada en 2018. De plus, les femmes autochtones représentent la catégorie de délinquants de compétence fédérale qui augmente le plus rapidement, soit plus de 40 % des femmes incarcérées, la plus forte augmentation au cours de la dernière décennie ayant été observée au Québec (+219 %), au Manitoba (+139 %), au Nouveau-Brunswick (+128 %) et en Saskatchewan (+106 %) (Justice Canada, 2017). La cause de la surreprésentation est complexe et multiforme. Les variables sociétales, les variables systémiques, les décisions de détermination de la peine, les circonstances individuelles et familiales et les traumatismes intergénérationnels des pensionnats ainsi que le placement disproportionné des enfants autochtones en dehors de leur famille et de leur collectivité sont des facteurs contributifs, puisqu’ils provoquent des effets traumatisants cumulatifs aux niveaux individuel, familial et communautaire (Lockwood et coll., 2018).

Prioriser les jeunes Noirs

Les jeunes Noirs sont surreprésentés dans le SJP. En 2016-2017, les détenus noirs représentaient 8,6 % de la population carcérale fédérale totale, bien qu’ils représentent 3,5 % de la population canadienne (Rapport annuel, 2016-2017). En 2011, les jeunes hommes noirs représentaient 5 % des garçons en Ontario, mais représentaient 24 % des jeunes hommes admis en prison dans la province (Rankin et coll., 2013). De plus, les jeunes hommes noirs de l’Ontario sont quatre fois plus susceptibles d’être incarcérés que leurs homologues blancs (Kwok et coll., 2017). En Nouvelle-Écosse, les personnes noires représentent 2 % de la population générale, mais 14 % de la population carcérale (La Société John Howard, 2017). Plus de 50 % de la population carcérale noire a moins de 30 ans, alors que 31 % de la population carcérale générale a moins de 30 ans. En 2016-2017, les détenus noirs étaient plus susceptibles d’être classifiés comme des détenus à sécurité maximale (près d’un cinquième par rapport à 14 % de la population carcérale totale (Rapport annuel, 2016-2017). Une analyse de 10 000 arrestations à Toronto a révélé que les personnes noires étaient 50 % plus susceptibles d’être emmenées dans un poste de police pour y être traitées après leur arrestation, et 100 % plus susceptibles d’être détenues jusqu’au lendemain que les personnes blanches, même en tenant compte des antécédents criminels et de l’âge. Lorsqu’ils sont en période de caution, les personnes noires se voient imposer davantage de conditions. Dans la région du grand Toronto, 42 % de tous les étudiants noirs avaient été suspendus au moins une fois, par rapport à seulement 18 % des étudiants blancs et 18 % des autres étudiants racialisés (James et coll., 2017). Des études publiées en 2000, 2015 et 2017 axées sur la région de Toronto indiquent que les jeunes personnes noires sont moins optimistes quant à leurs chances d’obtenir un diplôme universitaire en raison, entre autres, des attitudes négatives et des attentes limitées en matière de potentiel scolaire des professionnels de l’école et des enseignants à leur égard, et ce, dès l’école primaire (Turcotte, 2020).

De multiples variables sont considérées comme ayant un impact sur la surreprésentation des jeunes personnes noires, notamment l’absence d’un enseignement adéquat de l’histoire des Noirs au sein des systèmes scolaires canadiens, les expériences de la pauvreté et la normalisation des milieux carcéraux (Crichlow, 2014). De nombreuses études ont également révélé que les jeunes personnes noires sont plus susceptibles d’avoir des interactions avec la police que les autres jeunes (Hayle et coll., 2016; Meng et coll., 2015), dont plusieurs membres de cette population ont déclaré avoir été victimes de discrimination de la part de la police ou de la Cour à un moment donné de leur vie (Peirone et coll., 2017). La surreprésentation est également présente dans le système de protection de l’enfance, le taux d’enfants canadiens noirs qui y sont admis étant 2,2 fois plus élevé que celle de l’ensemble de la population de jeunes (Commission ontarienne des droits de la personne, 2018).

Prioriser la programmation tenant compte des spécificités liées au genre

De 2012 à 2017, la proportion des filles admises au SJP s’est accrue de 20 %, avec des augmentations nettement plus élevées parmi les filles et les jeunes femmes autochtones et noires (Bélisle et coll.). Les acteurs du système judiciaire pour les jeunes sont susceptibles de considérer les filles autochtones et noires, particulièrement, comme des délinquantes - comme si elles étaient des problèmes sociaux, plutôt que des jeunes filles affectées par des problèmes sociaux (Vitopoulos, 2016). La toxicomanie, les préoccupations personnelles et émotionnelles, les problèmes financiers, l’éducation et l’emploi et les problèmes matrimoniaux et familiaux ont une importance particulière pour le risque de récidive des femmes et des filles (Sécurité publique Canada, 2020). D’autres jeunes LGBTQ2S+ sont surreprésentés dans les populations des sans-abri et des familles d’accueil). Les jeunes LGBTQ sans-abri sont également plus susceptibles que les jeunes hétérosexuels d’avoir des taux plus élevés de problèmes de santé mentale, de consommation de drogues, de risque et de victimisation en matière de santé sexuelle et de souffrir d’un état de stress post-traumatique (ESPT) (Santé arc-en-ciel Ontario et coll., 2021). Selon les données des États-Unis, les jeunes LGBTQ sont également plus susceptibles d’être victimisées à l’école et, par conséquent, de subir une plus grande discipline scolaire, y compris la retenue, la suspension et l’expulsion, ainsi qu’un plus grand risque d’implication dans le SJP en raison de la discipline scolaire et de l’aliénation sociétale. Les jeunes LGBTQS2+ ont davantage besoin de services de santé mentale, de santé sexuelle et de toxicomanie (Palmer & Greytak 2017; Santé arc-en-ciel Ontario et coll., 2021). Il existe des preuves que certains programmes tenant compte des spécificités liées au genre peuvent ne pas être sensibles aux personnes LGBTQ2S+. Dans une étude, les filles LGB et les personnes non conformistes au genre ne se sentaient pas aussi bien comprises ou bien accueillies par les facilitateurs, ce qui indique un besoin accru de programmes LGBTQ2S+ plus ciblés (Sécurité publique Canada, 2020). Les pratiques exemplaires pour les filles et les jeunes LGBTQ2S+ tiennent compte des traumatismes dans le cadre d’un modèle multisectoriel de continuité des soins.  

Prioriser les soins tenant compte des traumatismes

Le traumatisme est un problème de santé publique répandu, nuisible et coûteux, qui survient à la suite d’un événement ou d’un ensemble de circonstances impliquant la violence, l’abus, la négligence, la perte, la catastrophe, la guerre et/ou d’autres expériences émotionnellement nocives (Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA) (Administration des services contre la toxicomanie et de santé mentale), 2012). Souvent, les survivants d’un traumatisme qui ont vécu un événement ou un ensemble de circonstances traumatisantes à un plus jeune âge, éprouvent des difficultés à réguler des émotions telles que la colère, l’anxiété, la tristesse et la honte. Les traumatismes et les troubles de stress post-traumatique sont souvent liés à une série d’autres symptômes, notamment la colère et l’agressivité accrue, l’anxiété, la dépression, la méfiance à l’égard des autres, la peur, l’aliénation, la faible estime de soi et les comportements d’automutilation (Robinson, Smith et Segal, 2021). Les populations qui risquent ou qui ont déjà eu des démêlés avec la justice pénale ont des taux plus élevés d’exposition à des événements émotionnellement et psychologiquement traumatisants (Wallace, Conner et Dass-Brailsford 2011). Une étude canadienne sur l’expérience d’abus vécue dans l’enfance au sein de la population carcérale canadienne a révélé que 65,7 % des femmes incarcérées et 35,5 % des hommes incarcérés ont été victimes d’abus pendant leur enfance (Bodkin, Pivnick, Bondy, 2019). Les femmes ont un risque deux à trois fois plus élevé de développer un trouble de stress post-traumatique (TSPT) que les hommes (Olff, 2017). De plus, les femmes et les personnes LGBTQ2S+ courent un risque accru d’un nouveau traumatisme en raison de taux plus élevés de violence entre partenaires intimes, d’agression sexuelle et de violence haineuse. Des études ont révélé que les femmes atteintes d’une maladie mentale grave ont signalé davantage de cas de violence physique pendant l’enfance (53 % par rapport à 32 %), de violence sexuelle pendant l’enfance (60 % par rapport à 37 %), de violence pendant l’enfance (77 % par rapport à 60 %), de violence à l’âge adulte (75 % par rapport à 60 %) et d’agressions sexuelles à l’âge adulte (56 % par rapport à 37 %) (Wallace et coll.). Un programme, une organisation ou un système qui tient compte des traumatismes réalise les répercussions généralisées des traumatismes et comprend les chemins de guérison possibles; reconnaît les signes et les symptômes de traumatismes chez les clients, les familles, le personnel et les autres personnes impliquées dans le système; et réagit en intégrant pleinement les connaissances sur les traumatismes dans les politiques, les procédures et les pratiques, et cherche à résister activement aux nouveaux traumatismes (SAMHSA, 214).

Partie IV : Répercussions de la pandémie de COVID-19

Dans le contexte des défis constants et évolutifs causés par la pandémie de COVID-19, les recherches empiriques examinant les répercussions sur la criminalité sont limitées, bien que certaines données existantes démontrent que la vie quotidienne devient de plus en plus difficile pour des populations déjà vulnérables. La pandémie de COVID-19 a créé des conditions difficiles qui augmentent la probabilité de violence familiale (violence contre les femmes et les enfants), qui augmentent la probabilité de problèmes de santé mentale pour les jeunes et qui peuvent aggraver l’état des jeunes ayant des conditions de santé préexistantes, et qui augmentent la probabilité de crimes de haine et de victimisation en ligne. La probabilité accrue d’être témoin de violence familiale, de mauvais traitements infligés aux enfants, de souffrir d’une mauvaise santé mentale et de vivre dans la pauvreté est considérée comme une expérience de vie traumatisante. Les recherches révèlent une recrudescence des facteurs de risque des jeunes qui sont victimes d’un traumatisme, tel que la pauvreté, le manque d’opportunités économiques, les conflits familiaux, la toxicomanie parentale, les problèmes de santé mentale parentaux, (Gillis, 2020) et ils sont plus susceptibles d’avoir des démêlés avec le SJP. À ce titre, il convient de tenir compte du contexte spécifique provoqué par la pandémie de COVID-19 lors de la conception de projets d’intervention directe multisectorielle et de produits de recherche.

Partie V : Considérations pour l’élaboration d’un projet solide

Une approche efficace et inclusive de la prévention de la criminalité est multisectorielle et sert au mieux les populations prioritaires en intégrant des services spécifiques aux réalités vécues par les garçons, les filles et les clients non binaires; informée par la prévalence, les effets comportementaux et la gestion des traumatismes chez les clients; culturellement compétents, contre le racisme et inclusifs; et holistique dans la prise en compte des facteurs de risque, des besoins en santé et de l’intégration des composantes émotionnelles et psychologiques les uns par rapport aux autres et non dans l’isolement. Les éléments ci-dessous doivent être pris en considération.

Outils d’évaluation

.L’utilisation d’outils d’évaluation est de plus en plus acceptée comme un aspect essentiel d’une initiative efficace de prévention de la criminalité (Savignac, 2016). La plupart des outils d’évaluation disponibles appartiennent à l’une des deux grandes catégories suivantes :

Les outils d’évaluation efficaces permettent d’identifier les jeunes qui font face à de multiples facteurs de risque connexes à la délinquance (c’est-à-dire les jeunes à risque) et de mesurer l’effet de ces facteurs sur leurs comportements afin de mettre en place des interventions de nature et d’intensité appropriées (Savignac, 2016). De plus, les candidats doivent être conscients des défis associés à l’utilisation des outils d’évaluation, notamment le risque de stigmatisation d’une clientèle déjà vulnérable, ainsi que les erreurs potentielles dans l’interprétation des résultats (Savignac, 2016).

Pour une explication plus détaillée des outils d ’évaluation, ainsi qu’une liste d’exemples d’outils d’évaluation, veuillez consulter les outils de Sécurité publique Canada « Outils d’identification des jeunes à risque et outils de mesure du risque de délinquance chez les jeunes » (Savignac, 2016) au https://www.securitepublique.gc.ca/.

Évaluation des problèmes locaux de criminalité

L’évaluation du problème est une étape essentielle pour la planification des interventions; la réalisation d’une évaluation aide à la planification stratégique du projet à élaborer. Identifier le problème de la criminalité, y compris son histoire, les jeunes concernés, les facteurs de risque et de protection connexes pour une compréhension intégrée et globale du problème. Une compréhension intégrée et globale de l’enjeu criminel peut aider à identifier les organismes communautaires existants en vue de partenariats potentiels.

Partenariats

La collaboration entre les partenaires est essentielle à la mise sur pied et au succès des initiatives de prévention du crime. Pour qu’ils soient efficaces, les partenariats doivent inclure des représentants de plusieurs groupes, notamment : les écoles, les organismes de services sociaux, de santé et de santé mentale, les entités gouvernementales locales, les organismes en emploi, les résidents de la communauté et d’autres organismes locaux impliqués dans le logement, les parcs et les loisirs, le développement économique et les organisations religieuses, entre autres. De plus, la clarification du rôle et des responsabilités de chaque partenaire à chaque phase de la mise sur pied est importante pour assurer la cohésion et la participation.

Stratégies de prévention et d’intervention tenant compte de spécificités liées au genre

Les principaux éléments d’une stratégie efficace de prévention et d’intervention tenant compte des spécificités liées au genre sont décrits ci-dessous.

Principe d’une approche tenant compte des traumatismes

Les recherches révèlent que les jeunes qui subissent un traumatisme sont plus susceptibles d’être impliqués dans le système de justice pénale. Les expériences de vie traumatisantes comprennent les mauvais traitements infligés pendant l’enfance, les problèmes de santé mentale et la pauvreté. Voici un aperçu des principes efficaces pour l’intégration d’une approche tenant compte des traumatismes :

Stratégies de prévention et d’intervention tenant compte de la culture

La mise en œuvre d’un projet d’intervention directe de prévention du crime adapté aux réalités vécues par la population prioritaire identifiée est essentielle pour s’engager de manière significative auprès des collectivités racialisées et éloignées. Il s’agit notamment d’assurer que les services répondent aux critères suivants :

Emploi d’une équipe d’intervention multidisciplinaire

Une équipe d’intervention multidisciplinaire doit participer aux activités du projet et dans la prestation d’interventions et de services ciblés aux participants. L’équipe d’intervention multidisciplinaire est composée de professionnels de plusieurs secteurs et peut inclure les organismes de services aux jeunes et des organismes de base, des écoles, des centres d’emploi, des organismes d’application de la loi, des organismes de justice (jeunes et adultes), des services de santé mentale et d’autres (par exemple, des organisations religieuses ou des programmes de loisirs et de logement, entre autres). Les principaux rôles de cette équipe comprennent ce qui suit : 

Établir des relations avec les familles

Souvent, les parents et les frères et sœurs rencontrent des difficultés lorsqu’ils doivent être présents pour un jeune qui risque de commettre des délits. Afin d’accroître la participation des familles à un projet, les pratiques ci-dessous ont été identifiées : 

Annexe A : Exemples de projets multisectoriels

Les exemples ci-après sont destinés à servir de ressource supplémentaire sur les initiatives multisectorielles pour les candidats.

Le répertoire des programmes de prévention du crime (RPPC) est une ressource supplémentaire qui peut être utile pour l ’élaboration d’un projet multisectoriel. LE RPPC est une base de données consultable des programmes de prévention du crime au Canada. Le RPPC permet aux utilisateurs de rechercher des programmes financés dans le cadre de la SNPC à partir de mots clés ou d’une combinaison de plusieurs filtres, tels que :

Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez consulter le Répertoire en prévention du crime sur le site Web de Sécurité publique Canada, à l’adresse https://www.securitepublique.gc.ca/cnt/cntrng-crm/crm-prvntn/nvntr/index-fr.aspx   

Programme Wraparound

L’approche Wraparound est un programme de gestion des soins intensifs et individualisés destiné aux jeunes présentant des problèmes émotionnels et (ou) comportementaux graves et complexes. Il est conçu pour éviter la fragmentation et les « lacunes » dans les services que rencontrent souvent les jeunes et leurs familles. L’approche Wraparound vise à offrir un contact plus étendu et proactif entre le jeune, sa famille et les autres parties impliquées (par exemple, un conseiller judiciaire ou un travailleur social, entre autres). Le programme Wraparound vise à fournir un continuum de services et de réseaux de soutien avec une coordination de la gestion des cas. Le programme Wraparound utilise une variété d’interventions établies, notamment la formation professionnelle, les compétences de résolution de problèmes, les stratégies de maîtrise de soi, la formation en gestion familiale et la formation parentale.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur le modèle de programme Wraparound, veuillez visiter le site Web Wrap Canada (en anglais seulement) à l ’adresse http://www.wrapcanada.org/ ou consulter le Répertoire en prévention du crime sur le site Web de Sécurité publique Canada à l’adresse, www.securitepublique.gc.ca/ou le Guide de ressources pour Wraparound sur le site Web de l’initiative nationale Wraparound (en anglais seulement) à l’adresse https://nwi.pdx.edu/NWI-book/ .

Le Youth Violence Reduction Partnership (le partenariat pour la réduction de la violence chez les jeunes) (YVRP)

Le Youth Violence Reduction Partnership (YVRP), aussi appelé le Philadelphia Youth Violence Reduction Partnership (en anglais seulement), est un programme destiné aux membres de gangs de rue dans les commissariats de police présentant les taux d’homicide les plus élevés chez les jeunes. Les principaux objectifs du programme sont de réduire les crimes violents (particulièrement les homicides) commis par ou contre des jeunes tout en faisant la promotion de la réinsertion sociale. Ce programme découle d’un étroit partenariat entre divers organismes publics (c’est-à-dire, police et probation) et organisations communautaires (c’est-à-dire, les travailleurs de rue et les organisations religieuses), qui travaillent auprès de divers groupes de clients.Les organismes qui servent les jeunes et les organismes de justice pénale collaborent pour équilibrer la supervision intensive avec un soutien thérapeutique complet.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur le modèle du Partenariat pour la réduction de la violence chez les jeunes, veuillez visiter le site Web du National Gang Center (en anglais seulement) au https://nationalgangcenter.ojp.gov/ , ou le Répertoire en prévention du crime sur le site Web de Sécurité publique à l’adresse www.securitepublique.gc.ca/.

Le modèle du carrefour/table d’intervention

Le modèle du carrefour (également appelé l’approche Community Mobilization Prince Albert et table d’intervention dans d’autres provinces et territoires) est une équipe impliquant plusieurs organisations axées sur le règlement de situations précises où la probabilité de subir des préjudices est imminente. L’équipe travaille en collaboration pour créer des réponses immédiates, coordonnées et intégrées en mobilisant les ressources existantes dans le but de réduire le risque en temps opportun, généralement dans un délai de 24 à 48 heures. Ce modèle n’est pas un mécanisme de prestation de services, mais plutôt un nouveau moyen de mettre à profit et de mobiliser les systèmes et ressources déjà en place de façon différentes, unifiées et dynamiques, afin de gérer des situations particulières qui présentent un risque élevé et qui exigent une approche intégrée.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur le modèle de Carrefour et sur la façon dont il a été adapté et mis en œuvre dans les collectivités canadiennes locales, veuillez consulter le Répertoire en prévention du crime sur le site Web de Sécurité publique Canada à l’adresse https://www.securitepublique.gc.ca/.

Le Regina Intersectoral Partnership (le partenariat intersectoriel de Regina) - TRiP

Le Regina Intersectoral Partnership (le partenariat intersectoriel de Regina) est une initiative de collaboration multisectorielle à trois composantes qui est axée sur le risque et qui vise à améliorer la sécurité et le mieux-être communautaires à Regina, en Saskatchewan. Les trois composantes sont l’initiative pour les enfants de 11 ans et moins, l’initiative pour les jeunes de douze ans et plus, et le carrefour. L’un des principaux objectifs de l’initiative TRiP est de fournir aux enfants, aux jeunes et aux familles à risque les services et les soutiens les plus adéquats et les plus adaptés à leur culture. Son approche collaborative accroît la sensibilisation aux besoins, réduit le dédoublement des services et permet de tirer parti des ressources de façon efficace et efficiente.

Pour de plus amples renseignements sur le TRiP, veuillez visiter le site Web du TRiP à l ’adresse http://tripregina.ca/ (en anglais seulement) et/ou consulter Le Répertoire en prévention du crime sur le site Web de Sécurité publique Canada à l’adresse https://www.securitepublique.gc.ca/.

Connexions Program (programme Connections)

Le programme Connections offre des interventions et des services de soutien ciblés aux élèves de la septième à la douzième année considérés à risque d’avoir des démêlés (ou ayant déjà des démêlés) avec le système disciplinaire de l’école ou le système de justice pénale, de ne pas terminer l’école ou d’avoir un faible attachement à leur école et leurs pairs. Le programme met les élèves en contact avec divers services dont ils pourraient ne pas se prévaloir autrement, notamment le counseling, l’emploi, les activités récréatives positives et le logement. Le programme offre aussi des possibilités de résolution de problèmes et de planification en collaboration avec les parents et d’autres intervenants.

Pour de plus amples renseignements sur le Programme de connexions, veuillez consulter le Répertoire en prévention du crime sur le site Web de Sécurité publique Canada à l ’adresse https://www.securitepublique.gc.ca/.

Armoury Youth Center (Centre de jeunesse Armory)

Le Armoury Youth Centre (AYC) a été créé pour remédier à l’enjeu de l’itinérance chez les jeunes et aux activités connexes telles que la consommation de drogue, la violence, le vol, le vandalisme, les activités de gangs et la victimisation. L’AYC est ouvert de 9 h à 21 h, sept jours par semaine, 365 jours par année, et s’adresse aux jeunes de 15 à 21 ans. Les jeunes admis à l’AYC, qui sont soit sans-abri ou à risque de le devenir, bénéficient d’interventions, de ressources et de références spécialisées selon leurs besoins uniques. L’AYC se veut un guichet unique où les jeunes peuvent obtenir les soutiens dont ils ont besoin pour réussir dans la vie. L’AYC adopte une approche de la réduction des préjudices et travaille avec les jeunes afin de s’assurer qu’ils restent en sécurité dans la collectivité. Le personnel du programme a pour objectif de mener à terme avec chaque jeune un plan d’action qui répond à ses besoins particuliers.

Pour de plus amples renseignements sur le Armoury Youth Center, veuillez consulter le Répertoire en prévention du crime sur le site Web de Sécurité publique Canada, à l ’adresse https://www.securitepublique.gc.ca/, or rendez-vous au site Web du Youth Empowerment and Support Services (Services d’habilitation et de soutien aux jeunes) https://yess.org/programs/ (en anglais seulement).

Le continuum du mieux-être mental des Premières Nations (le Continuum)

Le continuum du mieux-être mental des Premières Nations (le Contiuum) a été créé par la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits (DGSPNI), l’Assemblée des Premières Nations (APN) et les leaders autochtones du domaine de la santé mentale de diverses organisations non gouvernementales des Premières Nations.

Le Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières  Nations (le Cadre du Continuum) est une approche coordonnée et complète des programmes de mieux-être mental, élaboré dans le but de commencer à relever les défis en matière de mieux-être mental et traiter les nombreuses lacunes dans les programmes et services offerts aux collectivités des Premières Nations (Santé Canada et Assemblée des Premières Nations (HCAFN), 2014). Le Cadre du Continuum identifie un continuum de services nécessaires à la promotion du mieux-être mental, améliore la coordination des services entre les divers services identifiés, soutient une prestation culturellement sûre de ces services et fournit des conseils sur les changements de politiques et de programmes pour améliorer les résultats en matière de mieux-être mental des Premières Nations (HCAFN, 2014; Thunderbird Partnership Foundation, n.d.).

Le Cadre du Continuum comprend des éléments qui appuient le système de santé, comme la gouvernance, la recherche, la main-d ’œuvre, le développement, la gestion du changement et des risques, l’autodétermination et la mesure du rendement (Thunderbird Partnership Foundation, n.d.). L’intégration des services entre les programmes fédéraux, provinciaux et territoriaux est essentielle à sa réussite.
Le Cadre du Continuum appuie la communication et la collaboration entre les principaux fournisseurs de soins de santé, les autres fournisseurs et de services et les partenaires provinciaux-territoriaux afin de s ’assurer que les besoins des membres des Premières Nations sont satisfaits (HCAFN, 2014). En effet, la mise en œuvre stratégique du Cadre du Continuum dépend de sa capacité à établir et à exploiter pleinement les relations avec et entre les ministères provinciaux, territoriaux et fédéraux.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur le continuum de bien-être mental des Premières  Nations, veuillez consulter le site Web de Services aux Autochtones Canada à l’adresse https://sac-isc.gc.ca/fra/ou visiter le site Web de la Thunderbird Partnership Foundations à l’adresse https://thunderbirdpf.org/ (en anglais seulement).

References

 

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