Rapport sommaire de la Réunion de la Table ronde transculturelle sur la sécurité
22 au 24 février 2019
Toronto (Ontario)
La Table ronde transculturelle sur la sécurité (TRTS) s’est tenue à Toronto pour une fin de semaine productive comptant trois séances de consultations, de nombreuses discussions interactives et stratégiques et des possibilités de réseautage. De hauts fonctionnaires de Sécurité publique, du ministère de la Justice, du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), de Patrimoine canadien et de l’Agence du revenu du Canada (ARC) y ont participé.
L’honorable Ralph Goodale, ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, a rencontré, vendredi soir, des membres de la TRTS. Reconnaissant l’étendue de l’expertise et des points de vue des membres, le ministre Goodale a demandé conseil à la Table ronde sur une terminologie objective et des approches inclusives en matière de sécurité nationale. En particulier, il a sollicité des commentaires des participants sur le langage utilisé pour décrire les menaces terroristes contre le Canada afin de veiller à être exact sans stigmatiser des religions ou des groupes entiers. Il s’est référé à l’édition de 2018 du Rapport public sur la menace terroriste pour le Canada et a expliqué que, même si l’intention était d’offrir un aperçu plus complet des menaces dans leur diversité, quelques Canadiens estimaient que la terminologie était méprisante envers certains groupes.
En réponse à la demande du ministre Goodale et dans le cadre de la première séance de consultation de la réunion, les membres ont offert plusieurs considérations visant l’amélioration du Rapport public ainsi que la promotion de l’inclusivité dans le domaine de la sécurité nationale. Cela comprenait une meilleure adaptation des renseignements pour le grand public en les gardant brefs et facilement assimilables par le public le plus vaste possible. La Table ronde a suggéré aussi d’orienter l’attention non sur « qui » commet les actes violents, mais plutôt sur « quels » types d’actes sont commis et « pourquoi ». Une telle démarche ferait lumière sur l’intention des personnes ou des groupes violents et contribuerait à augmenter notre compréhension de la question à l’étude. Selon les membres de la TRTS, les Canadiens pourraient aussi tirer profit de savoir ce que fait le gouvernement pour prévenir les attaques terroristes potentielles plutôt que de simplement recevoir des renseignements détaillés au sujet de menaces possibles. Enfin, les membres ont mis l’accent sur l’importance de faire participer de hauts fonctionnaires qui sont diversifiés et compétents sur le plan culturel, ainsi que des comités consultatifs ministériels indépendants, comme la TRTS, dans le domaine de la politique et la prise de décision en matière de sécurité nationale.
Au cours de cette réunion, on a consulté les membres de la Table ronde au sujet d’une initiative qui vise à lutter contre l’extrémisme violent dans l’espace virtuel canadien. Codéveloppée avec Google en 2015 et dirigée par Moonshot Countering Violent Extremism (CVE), la méthode de redirection a été déployée dans une douzaine de pays. Grâce au financement du Fonds pour la résilience communautaire, Moonshot CVE mettra en œuvre le projet dans chaque province et territoire du pays à compter de 2019.
On a demandé aux membres de faire part de leurs idées en vue d’identifier les acteurs communautaires clés qui ont déjà un message de lutte contre l’extrémisme en ligne ou un contenu qui pourrait être exploité dans le cadre de cet effort. En plus d’intervenants particuliers, on a souligné les organisations non gouvernementales et les groupes de services sociaux, les écoles et les personnes qui ont une influence positive sur les jeunes comme intervenants dont on devrait solliciter la participation. On a examiné des considérations concernant les réalités et les sensibilités locales. Celles-ci comprenaient la langue, la démographie urbaine en comparaison avec la démographie rurale, les enjeux écologiques importants et les populations autochtones. On a soulevé des préoccupations à l’égard de suppositions formulées au sujet de personnes qui semblent correspondre au profil « à risque » et les critères de recherche qui ont des significations multiples (positives ou négatives). L’examen des événements actuels dans le cadre de l’analyse des médias a été l’une des mesures qu’a suggérées la TRTS pour aider à dresser un tableau plus complet de la situation et à définir l’approche.
La troisième séance de consultation de la fin de semaine a été dirigée par la GRC, qui sollicitait l’opinion des membres sur la façon d’accroître la confiance entre la police et la collectivité et renforcer leur résilience dans le contexte d’actes criminels et d’incidents motivés par la haine. Cela incluait des commentaires sur une fiche d’information qu’utiliseront les bureaux régionaux dans l’ensemble du pays pour accroître la sensibilisation à la question et pour encourager le signalement de la part du public.
Les membres ont indiqué que la confiance représentait un fondement nécessaire à toute possibilité de progrès. Les membres de la Table ronde ont reconnu les contextes historiques qui ont mené à un sentiment de division entre la police et les collectivités ainsi que la méfiance de longue date chez les jeunes envers la police. Le manque de ressources ou les coupures au financement des services sociaux et les changements apportés à la direction de la police s’ajoutent au défi. Selon les membres de la TRTS, un effectif des services de police diversifié, la présence continue de la police dans le cadre d’événements communautaires et des échanges réguliers dans des cadres informels constituent des conditions optimales pour établir un rapport et favoriser des interactions positives. Les pratiques exemplaires comprennent le recrutement d’agents directement au sein des collectivités et une police qui joue un rôle actif au sein des réseaux communautaires. Un dialogue constant dans les deux sens est essentiel. Les membres ont souligné qu’une collaboration et une action efficace pendant une tragédie ainsi qu’une résilience au-delà d’un incident exigent une sensibilisation proactive et une communication continue avec les collectivités. Ils ont aussi souligné un besoin d’éduquer le public en ce qui a trait au sérieux et aux répercussions de certains actes motivés par la haine ainsi que de rendre disponibles des services aux victimes de crimes ou d’actes moins graves. Alors que l’on a tendance à réagir avec sympathie aux événements majeurs, les signalements d’incidents quotidiens de moindre envergure sont souvent perçus comme une tâche lourde.
Le risque de financement des activités terroristes dans le contexte du secteur de la bienfaisance au Canada était un autre sujet pertinent abordé lors de cette réunion. En plus de protéger l’intégrité du système d’enregistrement des organismes de bienfaisance au Canada, l’ARC participe aux efforts de lutte contre le financement des activités terroristes à l’échelle mondiale. Puisque plus de la moitié des membres de la TRTS participe à des organismes de bienfaisance enregistrés, ces membres souhaitaient connaître les façons dont les organismes de bienfaisance se font infiltrer, les façons d’en reconnaître les signes et de protéger un organisme contre les abus en matière de financement des activités terroristes. L’ARC a informé que l’Agence élabore actuellement des documents de sensibilisation pour mieux renseigner les organismes de bienfaisance quant aux indicateurs de risque, qui sont en constante évolution et peuvent varier d’un secteur à l’autre.
Le programme de la fin de semaine a aussi été l’occasion pour la TRTS d’en apprendre sur le mouvement One by One et sur son cofondateur, M. Marcell Wilson, qui est un ancien membre d’une bande de rues qui se consacre maintenant à aider les jeunes à choisir un chemin différent de celui des bandes de rues et du crime organisé. L’adoption d’une approche à long terme axée sur le mentorat, les relations interpersonnelles et les compétences de vie avec une sensibilisation accrue concernant les programmes sociaux existants sont les ingrédients principaux du succès de cet organisme. M. Wilson a expliqué que, même si l’incarcération peut avoir une incidence révélatrice positive sur certaines personnes, elle peut aussi jouer le rôle d’une « université des bandes de rues » pour d’autres et même s’ajouter à leurs lettres de créance dans la rue. Selon son expérience personnelle et ses observations, les personnes doivent être disposées à changer pour que toute intervention soit efficace. À son avis, la motivation intrinsèque d’une personne est plus puissante sur sa décision de changer que la crainte de la punition ou qu’une approche liée à la lutte contre la criminalité.
La réunion s’est terminée par une mise à jour sur la Campagne nationale de sensibilisation publique sur la conduite avec facultés affaiblies par la drogue. Le concept créatif d’une deuxième vidéo axée sur l’accroissement de la sensibilisation a été communiqué aux membres de la Table ronde. En général, l’idée a été bien accueillie par les membres de la TRTS, qui ont abondé dans le sens des observations des groupes de discussion selon lesquelles les conséquences démontrées étaient percutantes et il sera important de veiller à établir un lien clair entre la consommation du cannabis et la conduite ainsi qu’entre les flash-back et l’instant présent. On a offert quelques suggestions en vue de concepts futurs, y compris les conséquences à long terme (p. ex. la perte d’un membre) et d’autres méthodes de consommation du cannabis (p. ex. le cannabis comestible).
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