Rapport sommaire de la réunion de la Table ronde transculturelle sur la sécurité - Du 1er au 3 mars 2024

Ottawa (Ontario)

La Table ronde transculturelle sur la sécurité (TRTS) s'est réunie à Ottawa du 1er au 3 mars 2024. Des fonctionnaires de Sécurité publique, du ministère de la Justice, de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) y étaient présents.

Crimes haineux et cohésion sociale

Sécurité publique Canada mène une discussion sur les crimes haineux et la cohésion sociale. Il s'agit d'un suivi de la réunion de la TRTS du 1er décembre 2023. Les membres ont l'occasion de faire le point sur les enjeux en cours dans leurs collectivités, et les fonctionnaires de Sécurité publique font le point sur le travail accompli jusque-là par le gouvernement fédéral, notamment l'expansion du Programme de financement des projets d'infrastructure de sécurité (PFPIS), les travaux du Fonds pour la résilience communautaire (FRC) et les liens tissés avec des groupes de partout au pays; ils font part de ce que le gouvernement fédéral a entendu des services de police de l'ensemble du pays au sujet des crimes haineux signalés.

Il y a consensus sur le fait que la collaboration intersectorielle, l'engagement communautaire et une communication claire continuent d'être des priorités essentielles pour établir et rétablir la confiance. Une discussion approfondie a lieu sur le fait que les crimes haineux sont sous-déclarés et sur les raisons de cette tendance. Les fonctionnaires du ministère de la Justice expliquent que tous les crimes haineux ne sont pas consignés comme tels, ce qui rend difficile la collecte de données probantes, et des travaux sont en cours pour créer une infraction liée à la haine qui permettra aux procureurs de porter des accusations plus précises. Les fonctionnaires reconnaissent l'importance de la collaboration entre la police et les partenaires communautaires afin que les gens sachent où se rendre pour déclarer des crimes haineux. Certains membres soulignent la nécessité d'un suivi plus poussé en ce qui concerne les victimes et les réseaux de soutien.

Il y a une discussion sur la recrudescence de l'extrémisme en ligne chez les jeunes au Canada et sur l'importance de surveiller ce phénomène, et de mieux comprendre comment et pourquoi cela se produit. Non seulement un plus grand nombre de jeunes sont radicalisés, mais cela se produit également à un rythme beaucoup plus rapide. Les membres recommandent que le gouvernement travaille avec les écoles et forme le personnel scolaire, en plus de fournir des ressources et une formation, afin de protéger les élèves contre les menaces en ligne.

Les membres soulèvent la question de l'intimidation communautaire, où des événements comme les manifestations font en sorte que certains ne se sentent pas en sécurité et protégés dans leurs communautés. On attire l'attention sur le concept de « communauté » et sur l'importance d'identifier les facteurs qui font en sorte que tous les Canadiens, et pas seulement des communautés précises, ne se sentent pas en sécurité. Des enjeux comme la sécurité alimentaire et le logement, l'approvisionnement en drogues toxiques et la crise en santé mentale en cours sont mis en évidence comme étant des facteurs majeurs qui empêchent les Canadiens de se sentir en sécurité dans leur pays. On relève que ces problèmes touchent souvent en premier lieu les personnes vulnérables et les communautés marginalisées.

Les membres reconnaissent que le PFPIS élargi aide les collectivités, mais ils indiquent que le processus de demande peut être onéreux pour les petits groupes communautaires, qui n'ont pas l'expérience ou les ressources nécessaires pour produire une demande. Les membres et les fonctionnaires discutent de différentes manières d'aborder ce problème, notamment en faisant appel aux organismes communautaires existants pour obtenir une aide afin de rédiger les demandes, et en explorant un modèle de « formation du formateur » et en reconnaissant le travail déjà accompli pour améliorer le PFPIS.

Ingérence étrangère

Les fonctionnaires de Sécurité publique, du ministère de la Justice et du SCRS font ensuite le point sur les consultations sur l'ingérence étrangère, qui ont eu lieu de décembre 2023 à février 2024. Les fonctionnaires indiquent que, dans l'ensemble, les intervenants ont réagi favorablement et que la majorité des Canadiens sont favorables aux propositions de modifications de la loi.

La discussion porte sur le SCRS et sur les modifications à apporter à la Loi sur le SCRS. On reconnaît qu'une meilleure communication et une meilleure éducation sont nécessaires pour expliquer aux Canadiens le mandat et les activités du SCRS. La sécurité nationale n'est plus une question qui touche uniquement les gouvernements, mais également les économies, le milieu universitaire et de nombreuses collectivités canadiennes. Le SCRS discute de la proposition visant à autoriser un partage plus large de renseignements avec les intervenants afin de renforcer la résilience face à la menace d'ingérence étrangère.

Stratégie antiterroriste

Sécurité publique et les membres discutent ensuite de l'ébauche d'une mise à jour de la Stratégie antiterroriste du gouvernement, plus précisément afin de déterminer si elle reflète adéquatement les préoccupations et les réalités actuelles des membres et de leurs collectivités. La Stratégie antiterroriste actuelle du Canada a été élaborée en 2012 et la version à jour reflétera l'environnement actuel des menaces et proposera une approche pansociétale pour lutter contre l'extrémisme violent et le terrorisme. Les membres sont en général favorables à la stratégie; ils relèvent néanmoins les points suivants :

La stratégie doit énoncer clairement son intention de sensibiliser les Canadiens sur toutes les formes de terrorisme, tant au pays qu'à l'étranger. Elle doit définir les différents types de terrorisme et adopter une approche axée sur la prévention et la collectivité, plutôt que de se concentrer uniquement sur une approche axée sur les victimes. Certains membres insistent sur la nécessité d'un dialogue communautaire et local pour une approche pansociétale en matière de lutte contre le terrorisme, en mettant l'accent sur l'éducation et l'engagement en personne. Les membres soulignent également la nécessité de reconnaître que le terrorisme est un problème social — les valeurs changent — et qu'il faut adopter une approche intégrée pour y faire face.

Initiative de modernisation des services aux voyageurs et biométrie

L'ASFC mobilise les membres pour son Initiative de modernisation des services aux voyageurs, un projet pluriannuel visant à fournir des outils numériques volontaires sûrs, efficaces et modernes afin d'améliorer l'expérience de voyage des personnes qui franchissent la frontière canadienne. Les membres sont impressionnés par la stratégie de modernisation de l'ASFC, mais posent des questions concernant la collecte, la sécurité et l'accessibilité des données. Les membres soulignent également l'importance d'équilibrer les avantages technologiques et les avantages de la participation humaine. Par exemple, la technologie est plus efficace pour relier un individu à une photographie, mais les humains sont plus doués pour lire le langage facial et corporel. Les fonctionnaires ont expliqué comment ils travaillent pour améliorer l'ensemble de l'expérience du voyageur, en tirant parti de la technologie et en assurant la sécurité. Les membres valident cette approche et indiquent qu'il est très important de faciliter la tâche aux voyageurs en simplifiant l'ensemble de son voyage.

Diversité, équité et inclusion du SCRS

Pour conclure, les membres ont l'occasion de se rendre dans les quartiers généraux du SCRS, où les fonctionnaires discutent de la stratégie en matière d'équité, de diversité et d'inclusion (EDI) du SCRS et de son travail continu visant à restaurer et à rétablir la confiance avec les collectivités partout au Canada.

Les fonctionnaires expliquent que leur travail actuel vise à améliorer la culture interne et la manière dont ils sont perçus à l'extérieur en tant qu'employeurs. Ils soulignent notamment les éléments importants de la Stratégie d'EDI et la façon dont ils ont modifié leurs pratiques de recrutement et d'embauche, ainsi que leurs approches de perfectionnement en leadership. La Stratégie d'EDI a été rendue publique en 2023, faisant du Canada le premier pays de l'alliance du Groupe des cinq à le faire. Une discussion approfondie a lieu sur les obstacles à l'embauche dans le cadre de l'équité en matière d'emploi. Parmi ces obstacles, on peut citer les exigences linguistiques et liées à la sécurité, ainsi que le fait que la plupart des postes sont situés à l'extérieur de la région de la capitale nationale. On reconnaît que, pour établir la confiance, le SCRS doit continuer à nouer des partenariats et à travailler avec les collectivités afin d'être plus transparent et plus collaboratif.

La réunion de deux jours se termine par l'engagement de se réunir à nouveau au cours des prochains mois et de poursuivre la collaboration sur les questions brûlantes de manière ponctuelle à l'avenir.

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