ARCHIVÉE - Promotion de la paix et la prévention de la radicalisation des jeunes à l'échelle mondiale

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Ottawa (Ontario)
Le 6 decembre 2010
Tel que prononcé

Merci, Monsieur l'agent. Pendant quelques instants, je croyais que vous alliez parler de tout, ce qui m'a un peu inquiété. En 1976, j'étais à peine entré à l'école primaire. Mais je vous remercie pour cette aimable introduction. Je suis certainement très heureux d'être ici aujourd'hui. Je sais que l'autre agent a mentionné que nous sommes au début de l'hiver. Pour ceux qui connaissent le Canada, je viens de Winnipeg, soit directement au centre du Canada. Pour nous, cette température est comparable à une journée fraîche d'été. Donc si vous ne vous plaignez pas de la température, nous vous enverrons à Winnipeg.

Je tiens à remercier Farah, le directeur exécutif de l'organisme Canadian Friends of Somalia, ainsi que tous les organisateurs, de m'avoir invité à venir vous dire quelques mots à l'occasion de ce forum sur la radicalisation et sur les moyens concertés que nous prenons, en tant que Canadiens, pour éliminer les menaces à notre sécurité. 

La force du Canada repose sur notre engagement à respecter les principes de liberté, de démocratie, de droits de la personne et de primauté du droit. Ces valeurs sont fondamentales et elles sont profondément ancrées dans notre société. Nous sommes fiers de vivre dans un pays où l'on trouve de nombreuses cultures et religions venant de partout dans le monde, mais nous ne pouvons pas tenir pour acquises notre sécurité et notre liberté. En tant que ministre de la Sécurité publique, je dois engager une discussion ouverte avec les Canadiens à propos des difficultés que nous devons surmonter pour continuer de renforcer la sécurité de notre pays. Je dois également parler franchement de la nature des menaces qui pèsent contre les Canadiens. Ces menaces sont bien réelles, et elles représentent un risque important pour nos vies et notre gagne-pain; elles doivent donc être prises au sérieux.

Aujourd'hui, je suis content de pouvoir vous parler d'une menace particulière à laquelle nous faisons face au Canada, c'est-à-dire l'extrémisme avec violence. Et le Canada, les Canadiens et les collectivités canadiennes en sont la cible. 

Ces menaces nous semblent, ou peuvent nous sembler, quelque peu lointaines, ici, à Ottawa. Mais des Canadiens ayant été touchés par le terrorisme savent à quel point cette menace est réelle. Vous savez sans doute tous que cette année est le 25e anniversaire de l'attentat contre le vol 102, 182, pardon, d'Air India, l'attentat terroriste le plus grave de notre histoire. En 1985, des centaines de Canadiens ont péri dans la tragédie. Depuis, nous ne devons pas non plus oublier que 24 Canadiens sont morts pendant les attaques terroristes du 11 septembre. Ces deux incidents résultent directement de la radicalisation qui amène la violence.

Outremer, des Canadiens ont également été la cible d'attentats. Des entreprises canadiennes en Algérie et au Yémen ont été attaquées, et de nombreux Canadiens ont été kidnappés par des terroristes. De plus, des Canadiens ont péri dans les attaques à la bombe de Bali et les attaques de Mumbai. Grâce à la vigilance de nos organismes du renseignement et au travail des responsables de l'application de la loi, un certain nombre de complots ont été déjoués au cours des dernières années. S'ils n'avaient pas été contrecarrés, ces complots auraient pu donner lieu à des attaques dévastatrices tant au Canada qu'à l'étranger. Le complot du « groupe des 18 » de Toronto est probablement le mieux connu de tous, mais d'autres enquêtes et poursuites ont été tout aussi fructueuses, et nous avons récemment obtenu des condamnations dans diverses affaires. 

Souvenez-vous aussi de toutes ces attaques manquées dont l'objectif ultime était de déstabiliser les pays occidentaux; l'attentat à la bombe prévu contre un avion de ligne en décembre dernier, le complot récent concernant des avions-cargo et, bien sûr, l'incident de Times Square. Ces exemples nous rappellent tous que nous devons chercher à comprendre comment et pourquoi les menaces évoluent. 

Voilà pourquoi Sécurité publique Canada se préoccupe de plus en plus de la radicalisation qui amène la violence et s'y intéresse davantage. Je dois vous mentionner que pendant mes discussions avec nos alliés, en particulier avec nos alliés américains, j'ai rencontré à quelques reprises Eric Holder, le secrétaire à la Justice des États-Unis ainsi que Janet Napolitano, la secrétaire du département de la Sécurité intérieure, qui sont tous deux préoccupés par ce sujet. En fait, plus je discute avec eux, plus je me rends compte que nous avons ce problème en commun. Aussi, quand je me suis entretenu avec mes collègues en Grande-Bretagne, cette même inquiétude a été relevée, c'est-à-dire la radicalisation menant à la violence. Nous semblons être incapables de comprendre pourquoi certains Canadiens, Américains et autres qui sont citoyens d'un pays, parfois même de deuxième ou troisième génération, cherchent à détruire certains de leurs concitoyens.

Pour ce qui est des cas de radicalisation, les menaces les plus sérieuses se posent lorsque des personnes prennent la décision, peu importe la raison, d'agir avec violence en se justifiant par leurs croyances. Nous savons que les personnes radicalisées sont issues de milieux socio­-économiques, religieux et culturels différents. La radicalisation est le résultat de multiples facteurs et influences, et son processus est unique à chaque personne. Par conséquent, il est impossible de prédire si une personne prendra le chemin de la violence. Nous savons aussi que la radicalisation touche certaines collectivités plus que d'autres. Étant donné qu'un grand nombre de ces enjeux concernent la collectivité canadienne d'origine somalienne, nous sommes ici aujourd'hui pour vous parler de cette situation.

Nous avons tous entendu parler des six jeunes Canadiens qui se seraient rendus en Somalie pour prendre les armes aux côtés du groupe Al Shabaab. Les discours d'Al Shabaab et d'autres groupes dont les opinions sont semblables peuvent être très convaincants pour certains jeunes. L'appel à l'héroïsme, la possibilité de refaire son identité, de faire partie de quelque chose de plus grand que soi, de lutter contre ce qui semble être des injustices et de faire une réelle différence dans le monde sont toutes des raisons qui expliquent l'attirance de cette idéologie. 

Je suis conscient que vous êtes tous grandement inquiets quant à la façon dont ce discours affecte votre communauté, et je peux vous assurer que le gouvernement partage vos inquiétudes à ce sujet. En mars cette année, notre gouvernement a pris une mesure de grande importance en inscrivant le groupe Al Shabaab à la liste des entités terroristes conformément au Code criminel du Canada. De cette façon, nous espérions empêcher ce groupe de recevoir du soutien financier de sources canadiennes. Notre gouvernement a donc contribué à l'effort mondial visant à étrangler les finances d'Al Shabaab et, par le fait même, à nuire à sa capacité de mettre sur pied des activités terroristes, ce qui comprend le recrutement de Canadiens vulnérables.

Notre gouvernement reconnaît qu'en raison de sa complexité, une intervention concertée et complète doit être mise sur pied pour faire face à ce problème. Une des principales responsabilités du gouvernement est de protéger tous les Canadiens, en détectant les extrémistes violents, entre autres, et en perturbant leurs efforts. Nous y arrivons grâce au renseignement, aux enquêtes criminelles et aux poursuites. De plus, nos efforts déployés dans ce domaine prennent appui sur les principes des droits de la personne, de l'équité et du respect. Toutefois, nous ne pouvons pas nous fier uniquement à la détection et à la perturbation pour lutter efficacement contre la menace de la radicalisation menant à la violence. Il nous faut également mettre sur pied des programmes de prévention à long terme visant à favoriser la résilience des personnes et des collectivités contre ce discours attirant, mais très dangereux, que tiennent Al-Qaïda et Al Shabaab, entre autres.

J'aimerais maintenant prendre quelques instants pour vous expliquer ce que nous voulons dire par résilience et comment nous pouvons la renforcer. La résilience est une qualité qui est ourdie dans le tissu même de notre société et des collectivités dans lesquelles nous vivons. C'est le « réseau » qui nous permet de tenir ensemble quand quelque chose menace de nous déchirer – que ce soit une catastrophe naturelle ou une attaque terroriste. Sur le plan individuel, et chez les jeunes en particulier, la résilience est ce qui permet, par exemple, de dire non aux drogues, de se remettre très vite d'une expérience traumatisante ou de résister à l'attrait des messages incitant à l'extrémisme avec violence. 

La question est de savoir comment développer une telle résilience dans le contexte de la radicalisation menant à la violence? J'ai le sentiment que ce groupe a de nombreuses idées, ce qui est très bien car le gouvernement ne peut pas aborder seul une telle tâche. Nous devons rallier nos efforts et les déployer à l'échelle individuelle, locale, provinciale et fédérale de manière à pouvoir nous attaquer aux facteurs qui contribuent à la radicalisation et à développer la résilience. 

Pour sa part, le gouvernement fait déjà plusieurs choses. En effet, la GRC, le SCRS et d'autres organismes gouvernementaux, comme Citoyenneté et Immigration Canada, amènent les collectivités à participer dans de nombreux forums comme celui-ci afin d'établir des liens positifs permanents. Pour pouvoir lutter ensemble avec succès contre l'extrémisme avec violence, nous devons tâcher de nous comprendre les uns les autres, et les organismes gouvernementaux doivent gagner la confiance des Canadiens. Les efforts concertés pour lutter contre l'extrémisme avec violence doivent être fondés sur une confiance mutuelle. Mon ministère et son portefeuille ont mis sur pied un certain nombre d'initiatives qui ont pour but d'expliquer le rôle du gouvernement en matière de protection de la sécurité nationale au Canada. 

Par exemple, dans le cadre de son Programme de sécurité nationale, la GRC tient des activités de sensibilisation communautaire dans le but d'établir des relations de confiance dans toutes les collectivités canadiennes. Le programme favorise un dialogue ouvert pour aider les communautés et la GRC à mieux comprendre les buts respectifs, à recenser et à résoudre les préoccupations locales, et à faire en sorte qu'il y ait constamment les moyens de communication qui conviennent. 

Par l'entremise de la Table ronde transculturelle sur la sécurité, mon collègue, le ministre de la Justice, et moi-même engageons les dirigeants de différentes communautés canadiennes dans un dialogue à long terme sur des questions de sécurité nationale. Le gouvernement tient également des séances d'information à l'intention des nouveaux arrivants au Canada, surtout des jeunes Canadiens, pour les aider à mieux comprendre les rôles et responsabilités des organismes d'exécution de la loi et de la sécurité. Je suis heureux de voir que mon ministère est en train d'organiser pour la nouvelle année des séances de sensibilisation semblables avec les membres de la communauté somalienne à Edmonton, à Toronto et à Ottawa. Pour vous parler une fois de plus de l'expérience de mes homologues américains, une stratégie semblable a été adoptée pour sensibiliser les collectivités afin qu'elles comprennent qu'elles font partie de la solution, et qu'elles ne sont pas le problème.

J'espère que ces séances de sensibilisation auront pour effet d'accroître le niveau de confiance, de permettre des discussions franches et d'habiliter les jeunes Canadiens nouvellement arrivés au pays à prendre conscience du rôle qu'ils ont à jouer pour maintenir la sécurité au Canada. Bien que le gouvernement ait un rôle important à jouer dans la lutte contre l'extrémisme avec violence, je suis d'avis que les interventions les plus efficaces sont celles qui émanent des collectivités elles-mêmes affectées. En effet, les collectivités sont les mieux placées pour travailler avec le gouvernement à cerner et à aborder les sujets de mécontentement et les tensions qui constituent un terrain propice pour l'extrémisme avec violence. Nous ne réussirons à lutter efficacement contre la radicalisation que si nous pouvons travailler ensemble à guider les jeunes vers des façons constructives d'exprimer leur désir de changer la société. Les doter des outils nécessaires pour apporter des changements positifs dans la société, par des moyens légitimes, est la manière la plus puissante d'exposer l'idéologie creuse et manipulatrice d'Al-Qaïda et d'autres groupes terroristes.

Je tiens à féliciter l'organisme Canadian Friends of Somalia d'avoir organisé cette importante conférence sur la radicalisation chez les jeunes. La diaspora somalienne de partout dans le monde est aux prises avec de très graves difficultés. La rencontre d'aujourd'hui constitue un petit pas, mais combien important, vers une meilleure compréhension de ces difficultés. Qui plus est, elle permet de les faire connaître et favorise un dialogue sérieux sur les solutions possibles.

La radicalisation touche tout le monde parce qu'elle met en danger la vie des Canadiens et qu'elle déchire les communautés. J'ai espoir que la présente initiative servira de modèle pour d'autres collectivités qui sont aux prises avec les mêmes problèmes. Je peux vous assurer que notre gouvernement sera très réceptif à l'égard de toutes les collectivités qui souhaitent engager un dialogue sérieux au sujet de la radicalisation chez elles.

Permettez-moi de conclure en réitérant que nous avons tous un rôle important à jouer dans la lutte contre l'extrémisme avec violence et dans le maintien de la sécurité au pays. Notre gouvernement a pris des mesures pour renforcer de nombreux secteurs de la sécurité nationale et j'en ai soulevé certaines, aujourd'hui. Cependant, j'insiste de nouveau sur le fait que le gouvernement n'est pas le seul responsable de la sécurité publique et de la sécurité nationale. Des collectivités fortes sont, à mon avis, notre plus grande source de résilience pour contrer l'extrémisme avec violence. Seul un dialogue franc et ouvert – comme celui qui se tiendra au cours des deux prochains jours – nous permettra de comprendre les facteurs qui contribuent à l'extrémisme avec violence et d'établir les partenariats voulus pour s'y attaquer efficacement. En travaillant ensemble dans leurs collectivités à la lutte contre le terrorisme, nous faisons notre part pour combattre le problème mondial de la radicalisation. Nous devons rester vigilants.

Merci beaucoup de votre attention.

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