Série de webinaires de Sécurité publique Canada 2022 : Éducation et sensibilisation à la traite des personnes
Organisés par Sécurité publique Canada, 2022
Introduction
Dans le cadre de la Stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes (Stratégie nationale), Sécurité publique Canada s’est engagé à organiser des consultations annuelles avec les intervenants afin de partager l’information et de déterminer les nouvelles tendances et les possibilités de collaboration. En raison des restrictions de santé publique liées à la COVID-19, les consultations de 2021-2022 ont été tenues virtuellement.
Ce rapport présente un résumé des trois webinaires organisés de janvier à mars 2022 sur le thème « Éducation et Sensibilisation à la traite des personnes ».
805 participants de divers secteurs et ordres de gouvernement à travers le Canada étaient présents.
Webinaire 1 : Efforts de collaboration pour combattre la traite des personnes – 25 janvier 2022
Les présentateurs ont montré comment les campagnes de sensibilisation et d’éducation du public sont essentielles aux stratégies de lutte contre la traite des personnes. Les points forts sont les suivants :
Présentation 1 : « Sensibilisation à la traite des personnes au Canada – Mythes, perceptions erronées et préférences en matière de communication parmi le grand public » par le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes – Julia Drydyk, directrice générale.
Coordonnées : executivedirector@ccteht.ca
- Le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes a demandé à Neilsen IQ de réaliser un sondage d’opinion publique afin d’évaluer la compréhension qu’ont les Canadiens de la traite des personnes au Canada.
- Les répondants au sondage ont indiqué que l’éducation obligatoire sur la traite des personnes dans les écoles est considérée comme un moyen efficace de sensibiliser le public aux réalités de la traite des personnes au Canada.
- Mme Drydyk a expliqué que la grande majorité des personnes interrogées pensent à tort que la traite des personnes consiste à faire passer clandestinement des personnes par des frontières internationales.
- De plus, les jeunes sont moins susceptibles de considérer qu’une personne kidnappée ou forcée à se prostituer est un exemple de traite des personnes.
- Les jeunes femmes ou les femmes autochtones sont considérées comme des victimes courantes du trafic sexuel. Les citoyens canadiens et les hommes sont considérés comme les victimes les moins probables.
- Le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes mène actuellement une campagne de communication et de sensibilisation de quatre mois qui s’appuie principalement sur les médias gagnés, l’affichage hors domicile (affiches dans les transports en commun, les haltes routières, les écoles, les bibliothèques, les centres de loisirs) et les médias sociaux payants pour travailler sur cette question.
Présentation 2 : « Comment l’éducation peut changer la donne dans la lutte pour mettre fin à la traite des personnes dans votre communauté » par la Fondation Joy Smith - Joy Smith, fondatrice, ancienne députée
Coordonnées : info@joysmithfoundation.com
- Joy Smith a expliqué comment l’éducation peut changer la donne dans la lutte contre la traite des personnes dans les communautés. Elle a expliqué les différences entre la traite des personnes et le trafic des personnes, les personnes susceptibles d’être victimes de la traite et les diverses méthodes utilisées par les trafiquants pour garder le contrôle sur leurs victimes, notamment la violence physique, l’agression sexuelle et la violence psychologique.
- La traite des personnes peut se produire à l’intérieur ou à l’extérieur des frontières et peut impliquer de vastes réseaux de criminalité organisée.
- Pour lutter contre les risques, Mme Smith a fait remarquer que l’éducation est la meilleure arme pour combattre la traite des personnes. Chaque jour, des jeunes sont attirés par des trafiquants parce qu’ils ne sont pas conscients des tactiques secrètes utilisées par les prédateurs.
- En conclusion, Mme Smith a décrit comment le National Human Trafficking Education Centre repose sur trois piliers : l’éducation, la collaboration et la guérison.
Présentation 3 : « Recherche, éducation et collaboration pour la prévention du trafic sexuel » par BRAVE Education for Trafficking Prevention, par Kelly Schuler, directrice générale, BRAVE Education for Trafficking Prevention.
Coordonnées : kelly.schuler@braveeducation.org
Facebook : BraveEducationforTraffickingPrevention (en anglais)
Instagram : BRAVEEducation
LinkedIn : BRAVE-Education-for-Trafficking-Prevention
- Kelly Schular a expliqué comment BRAVE Education aide à prévenir l’exploitation sexuelle des enfants au Canada par la recherche, l’éducation et la collaboration. Elle a partagé une vidéo montrant l’accent mis sur la prévention et la résolution des problèmes systémiques qui rendent les enfants vulnérables à la traite des personnes. La vidéo peut être visionnée ici : Upstream Thinking.
- L’approche collaborative de BRAVE consiste à travailler avec les leaders communautaires à travers le pays pour « remonter le courant » afin d’identifier, d’éduquer et de mettre en place des mesures de sécurité préventives contre la traite et des réseaux de soutien pour les enfants. Leurs programmes sont fondés sur la recherche et les témoignages de survivants dans les communautés de ceux qui ont été les plus touchés et qui sont les plus à risque au Canada. Les témoignages de survivants de l’exploitation sexuelle, ainsi que de personnes ayant déjà eu un comportement d’exploitation dans l’industrie du sexe, mettent en évidence des points d’intervention importants qui peuvent empêcher la traite des enfants de se produire en premier lieu.
- En plus des programmes destinés aux enfants et aux jeunes, l’équipe éducative BRAVE propose des formations professionnelles lors de conférences et organise des événements de développement professionnel. Des séances de développement professionnel personnalisées sont organisées pour les forces de l’ordre, les services frontaliers, les éducateurs, les conseillers, les services de justice pour mineurs et les psychologues. L’accent est également mis sur le soutien aux parents, aux responsables de la jeunesse et aux organisations communautaires afin de développer une communauté de filets de sécurité pour les enfants.
- L’approche BRAVE consiste à donner à la prochaine génération les moyens de créer un changement vers une nouvelle norme culturelle pour lutter contre l’exploitation sexuelle. L’équipe BRAVE pense que le moyen d’y parvenir est de donner aux enfants et aux jeunes les moyens de devenir des défenseurs de la lutte contre la traite des personnes. Les composantes du programme sont conçues sur la base de la théorie du changement de comportement social fondée sur la recherche, en utilisant une approche basée sur les forces.
- Pour en savoir plus sur cette approche de prévention, voir : Perspectives BRAVE.
Présentation 4 : « Campagne de sensibilisation du public à la traite des personnes » par Erin Rogers, directrice des communications et du marketing, et Shawn Takacs, conseiller en communications et en marketing, Sécurité publique Canada.
Coordonnées : erin.rogers@ps-sp.gc.ca , shawn.takacs@ps-sp.gc.ca
- En septembre 2019, le gouvernement du Canada a annoncé la Stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes, qui prévoyait l’élaboration d’une campagne nationale de sensibilisation du public à la traite des personnes d’une durée de cinq ans, destinée aux jeunes et aux jeunes adultes canadiens âgés de 16 à 25 ans ainsi qu’aux parents. Pour en savoir plus, consultez le site Web de la campagne sur la traite des personnes de Sécurité publique Canada.
- Les présentateurs ont fait part des résultats de recherches sur l’opinion publique montrant que de nombreux Canadiens confondent souvent la traite des personnes avec le passage de clandestins, croyant que les trafiquants de personnes sont des criminels organisés ou des étrangers qui rôdent en ligne, alors que dans près de 60 % des cas signalés par la police, l’auteur est un ami, une connaissance ou un partenaire intime actuel ou ancien.
- Les présentateurs ont également montré une vidéo de sensibilisation, qui est un élément central de la campagne publicitaire sur la traite des personnes. Ils ont également expliqué comment Sécurité publique Canada met en œuvre le marketing expérientiel (MX) dans ses plans de communication, et utilise les leçons retenues des expositions pilotes de l’été 2021 en Ontario. La vidéo de sensibilisation peut être visionnée à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=Mg2FHshBAC4.
- Les présentateurs ont indiqué que des travaux seront entrepris pour étendre la tournée de marketing MX sur la traite des personnes à l’échelle nationale en 2022-2023 et au-delà, y compris dans les endroits à plus haut risque, et pour continuer à travailler en collaboration avec le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes.
Points forts de la discussion
- Il existe un degré élevé d’idées fausses sur ce qu’est réellement la traite des personnes, et l’on envisage de modifier/adapter la terminologie pour qu’elle résonne davantage auprès des Canadiens.
- Les panélistes ont mentionné l’importance de la collaboration entre les ONG, les gouvernements, ainsi qu’avec les forces de police et les écoles. La lutte contre la traite des personnes est un voyage d’apprentissage pour trouver ensemble les meilleures pratiques et s’attaquer aux causes profondes afin de mettre fondamentalement fin à la traite des personnes au Canada. Il est essentiel de changer le discours de la prochaine génération et de passer à une nouvelle norme culturelle.
- La nécessité de l’éducation et de la sensibilisation a été soulignée. La traite des personnes est un problème pour lequel l’éducation est essentielle pour réduire la stigmatisation. La déstigmatisation permet aux gens d’avoir ces conversations à la maison, et le fait de les avoir avec les membres de la famille et les enfants est instrumental dans la prévention.
- En ce qui concerne les campagnes de sensibilisation, il est nécessaire d’établir des repères et des objectifs clairs et quantifiables, qui s’appuient sur des tests et des enquêtes de base.
Webinaire 2 : Combattre le travail forcé – 15 février 2022
Les présentateurs ont mis en évidence les pratiques exemplaires au Canada et à l’étranger pour traiter les cas de travail forcé, et ont exploré les vulnérabilités spécifiques des travailleurs migrants au Canada. Les points saillants sont les suivants :
Présentation 1 : France – Pays pionnier de l’Alliance 8.7 et « Stratégie nationale d’accélération pour éliminer le travail des enfants, le travail forcé, la traite des êtres humains et l’esclavage contemporain d’ici 2030 » par Anousheh Karvar, représentante du gouvernement auprès de l’OIT et du G7-G20 Travail et emploi; et présidente du Partenariat mondial contre le travail des enfants, le travail forcé, la traite des êtres humains et l’esclavage contemporain (Alliance 8.7)
Coordonnées : anousheh.karvar@sg.social.gouv.fr
- Anousheh Karvar, en tant que présidente de l’Alliance 8.7, a expliqué comment l’Alliance 8.7 aide les pays « pionniers » à organiser des ateliers et des stratégies nationales, et à favoriser le dialogue avec les syndicats et les entreprises locales pour lutter contre la traite des personnes et le travail forcé. L’Alliance 8.7 est une initiative dans le paysage des Nations Unies qui rassemble les parties prenantes qui veulent accélérer leurs efforts pour atteindre l’objectif de développement durable 8.7 des Nations Unies, « prendre des mesures immédiates et efficaces pour mettre fin au travail des enfants sous toutes ses formes d’ici 2025, et éradiquer le travail forcé, la traite d’êtres humains et l’esclavage moderne d’ici 2030 ».
- L’Alliance 8.7 attribue la traite des personnes et le travail forcé à l’interaction de trois dimensions critiques : a) les lacunes dans la législation, l’application de la loi et l’accès à la justice qui créent un espace pour la non-conformité; b) les pressions socio-économiques auxquelles sont confrontés les individus et les travailleurs; et c) la conduite et l’environnement des affaires.
- Compte tenu de la complexité de la question, il est nécessaire d’adopter une approche pangouvernementale de grande envergure pour parvenir à éradiquer le travail des enfants, le travail forcé, la traite des personnes et l’esclavage moderne.
- Mme Karvar a partagé une présentation sur la Stratégie nationale d’accélération française visant à éliminer le travail des enfants, le travail forcé, la traite des personnes et l’esclavage moderne d’ici 2030 et a expliqué comment la Stratégie nationale d’accélération renforcera et complétera les stratégies et plans d’action interministériels existants, en vue d’éradiquer le travail des enfants d’ici 2025, le travail forcé, la traite des personnes et l’esclavage moderne d’ici 2030.
Présentation 2 : « Why it Matters What We Buy - Challenging Forced Labour and Human Trafficking through Procurement » par la Dre Olga Martin-Ortega, professeure, Université de Greenwich et le Dr Alexander Trautrims, directeur associé, Université de Nottingham Rights Lab.
Coordonnées : o.martin-ortega@gre.ac.uk, alexander.trautrims@nottingham.ac.uk
- Les présentateurs ont discuté du contexte politique international, des principes directeurs des Nations Unies en matière de droits de la personne, et ont donné un aperçu des domaines dans lesquels il est plus probable de trouver du travail forcé et de la traite des personnes dans les chaînes d’approvisionnement (risques pays et/ou risques liés à la catégorie d’approvisionnement).
- Ils ont expliqué ce qu’est le travail forcé et la traite des personnes, et comment le travail forcé et la traite des personnes dans les chaînes d’approvisionnement mondiales incluent les chaînes d’approvisionnement publiques.
- La présentation s’est terminée par une invitation à en savoir plus à l’adresse suivante : http://slaveryfootprint.org/.
Présentation 3 : « L’exploitation du travail affectant les travailleurs agricoles migrants au Canada » par Santiago Escobar, représentant national, TUAC Canada/Union des travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce.
Coordonnées : santiago.escobar@ufcw.ca
- Santiago Escobar a parlé du Programme des travailleurs étrangers temporaires du Canada, qui permet aux employeurs d’embaucher des ressortissants étrangers pour combler temporairement des lacunes dans la main-d’œuvre.
- Il a diffusé la vidéo d’une jeune femme qui est venue au Canada pour de meilleures perspectives d’emploi. La vidéo montrait comment les travailleurs agricoles migrants racialisés qui ont des permis de travail fermés, liés à un seul employeur, sont des cibles faciles pour la discrimination et les abus. « Cecilia - Le coût caché de la nourriture au Canada » peut être visionné à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=xKozSt1biIg. (en anglais)
- M. Escobar a fait remarquer que, dans la pratique, cela donne un pouvoir disproportionné aux employeurs sur les travailleurs et peut créer les conditions permettant de faire pression sur les travailleurs pour qu’ils maximisent leur productivité au détriment de leur bien-être mental et physique.
- Il a également souligné que les travailleurs migrants sont très vulnérables aux abus et à l’exploitation, ce qui peut aboutir à des cas de traite des personnes.
- M. Escobar a également parlé des 30 années d’expérience des TUAC dans le soutien des travailleurs migrants à travers le Canada, et des réformes fédérales et provinciales nécessaires pour protéger les travailleurs migrants qui entrent au Canada dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires.
Présentation 4 : « Améliorer la réponse du Canada au trafic de main-d’œuvre et l’assistance fournie aux victimes » par Yvon Dandurand, criminologue, professeur émérite, Université Fraser Valley; membre et associé principal du Centre international pour la réforme du droit criminel et la politique en matière de justice pénale.
Coordonnées : Yvon.Dandurand@ufv.ca
- Yvon Dandurand a souligné les principaux problèmes entourant la traite des personnes pour le travail forcé au Canada, notamment le fait qu’elle ne reçoit pas suffisamment d’attention au Canada, que très peu de cas sont identifiés, que les victimes rapportent rarement leurs expériences aux autorités, et plusieurs autres.
- Pour résoudre ces problèmes, il faut améliorer la compréhension, la prévention, la détection, les enquêtes, les poursuites et l’assistance.
- Il sera probablement toujours difficile d’identifier les victimes de la traite des personnes. Les conséquences pour les victimes qui signalent leur victimisation peuvent être graves et leurs effets négatifs doivent être atténués pour protéger les victimes et augmenter le nombre de signalements.
- Il est important de veiller à ce que les politiques d’immigration, l’application de la loi sur l’immigration et les conditions du programme des travailleurs étrangers temporaires n’aggravent pas la vulnérabilité de ces derniers. Certaines mesures spécifiques peuvent être prises pour améliorer les taux de signalement et de détection des victimes. Les enquêtes proactives sont absolument essentielles, et les enquêtes proactives peuvent être facilitées par une collaboration interagences et par l’établissement d’un lien entre les activités réglementaires et les enquêtes des forces de l’ordre.
- Dandurand a partagé une nouvelle ressource : Nouveau guide législatif : Millar, H., Dandurand, Y. & Chan, M. (2022). Législation sur la transparence et le devoir de diligence des chaînes d’approvisionnement pour prévenir le travail des enfants et le travail forcé : Un guide pour les décideurs et les législateurs. Vancouver : Centre international pour la réforme du droit criminel et la politique en matière de justice pénale. https://icclr.org/publications/supply-chains-transparency-and-due-diligence-legislation-to-prevent-child-and-forced-labour-a-guide-for-policy-makers-and-legislators/ (en anglais)
Points forts de la discussion
- Le Programme des travailleurs agricoles saisonniers est facilité par des accords bilatéraux entre les pays d’origine et le Canada, et offre un processus plus sûr pour les travailleurs que le Programme des travailleurs étrangers temporaires dans lequel le recrutement est facilité par des agences privées non responsables. Faire passer le programme des travailleurs étrangers temporaires d’un système de recrutement privé à un système de recrutement public serait un pas en avant positif.
- La taille des organisations influence leur impact sur les chaînes d’approvisionnement. Les gros acheteurs doivent assumer la responsabilité de faire évoluer les chaînes d’approvisionnement vers un meilleur endroit, car les petites entreprises n’ont pas le pouvoir ou l’impact nécessaire pour faire évoluer le système.
- Les partenariats sont très importants, car ils permettent à de petites organisations de travailler ensemble afin d’accroître leur influence sur la chaîne d’approvisionnement.
- Les gens pensent souvent à la traite des personnes en termes de travail forcé, ignorant que cela inclut le fait d’être trompé dans des situations d’exploitation du travail ainsi que d’être physiquement forcé à l’exploitation. Cette idée fausse, ainsi que le manque de couverture médiatique, amènent les gens à croire que la traite des travailleurs n’existe pas au Canada.
Webinaire 3 : L’utilisation de la technologie dans les services de police pour combattre la traite des personnes – 23 mars 2022
Les présentateurs ont exploré les façons dont la technologie peut être utilisée pour prévenir et enquêter sur les cas de traite des personnes. Les points forts sont les suivants :
Présentation 1 : « Advancing Policy to Combat Technology-Facilitated Human Trafficking » par Radu Cucos, Bureau du représentant spécial et coordinateur pour la lutte contre la traite des êtres humains, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Coordonnées : Radu.Cucos@osce.org
- Radu Cucos, s’est exprimé sur les réponses stratégiques à la traite des êtres humains facilitée par la technologie, en soulignant que l’innovation a eu un impact important sur la façon dont les criminels utilisent la technologie avec succès à chaque étape de la traite des personnes. Il a également souligné qu’il n’est pas possible de faire face à l’ampleur actuelle de la traite des personnes facilitée par la technologie par le biais des seules réponses de la justice pénale, étant donné les ressources humaines et financières limitées, et qu’il est nécessaire d’adopter des politiques intelligentes pour démanteler les marchés en ligne de la traite des personnes.
- Pour s’attaquer de manière globale à la traite facilitée par la technologie, les États doivent envisager des politiques qui inciteraient ou obligeraient les plateformes en ligne à lutter de manière proactive contre la traite des personnes sur leurs infrastructures et leurs ressources. Les mesures politiques pourraient inclure la responsabilité pour les dommages causés par le contenu des plateformes ou l’exploitation qui se produit par le biais de la plateforme. La responsabilité devrait être fondée sur la norme du « devrait avoir connaissance », l’adoption de mesures de prévention fortes, y compris les principes de « Safety-by-design », la vérification de l’âge et du consentement et le mécanisme de demande de retrait de contenu à haute visibilité, ainsi que l’adoption d’obligations de diligence raisonnable pour les opérations et les systèmes des plateformes en ligne afin d’identifier les risques de traite et de prendre des mesures pour les atténuer. L’OSCE dispose de ressources supplémentaires sur ce sujet sur son site web - qui peut être consulté à l’adresse suivante : https://www.osce.org/cthb. (en anglais)
Présentation 2 : « L’IA pour combattre la traite des personnes au Canada » par Reihaneh Rabbany, chercheuse principale, Projet Infrared; Allison Cohen, responsable des projets d’IA appliquée et Benjamin Prud’homme, directeur général, AI for Humanity, Mila.
Coordonnées : allison.cohen@mila.quebec
- Mila est le plus grand laboratoire de recherche universitaire au monde spécialisé dans l’apprentissage profond, avec une grande équipe interdisciplinaire qui vise à réaliser des avancées scientifiques dans le domaine de l’IA. Ils ont expliqué comment le programme Infrared cherche à identifier les activités en ligne suspectes de contenir des victimes de la traite des personnes, afin de comprendre la taille, l’étendue et les tendances du marché. Bien que de nombreux défis juridiques et politiques existent, les panélistes ont souligné et expliqué comment la collaboration entre les secteurs est la meilleure façon d’avancer.
Présentation 3 : « Provincial Human Trafficking Intelligence-led Joint Forces Strategy (IJFS) » par Jordan Whitesell, inspecteur-détective, Police provinciale de l’Ontario.
Coordonnées : Jordan.Whitesell@opp.ca
- Jordan Whitesell a présenté le travail de la Provincial Human Trafficking Intelligence-led Joint Forces Strategy (IJFS) en Ontario. Passant en revue les meilleures pratiques et les tendances, M. Whitesell a expliqué comment l’IJFS vise à employer une approche coordonnée et fondée sur le renseignement pour enquêter sur les groupes criminels de traite de personnes multijuridictionnels, en utilisant une approche axée sur les victimes et les traumatismes.
- M. Whitesell a fait remarquer que la technologie fait partie intégrante des affaires de traite des personnes, car elle est utilisée dans le cadre d’affaires individuelles, pour trouver des liens entre les affaires et pour trouver des tendances stratégiques en vue d’une programmation fondée sur des preuves. Les défis liés à la collecte de preuves, au volume de données, à l’évolutivité et au risque organisationnel sont toujours d’actualité.
Points forts de la discussion
- Il est actuellement difficile de tirer parti de l’IA tout en donnant la priorité aux droits de la personne et à la vie privée des victimes et des survivants. Il est important de comprendre les risques, les considérations éthiques et les lois, car il peut être difficile de trouver un équilibre entre sécurité et vie privée.
- Réfléchir à la gouvernance des données, de l’algorithme et de l’organisation est essentiel, tout comme l’utilisation d’un cadre de droits de la personne qui garantit que tous les algorithmes d’IA sont conformes à la loi. Impliquer les populations marginalisées qui sont plus touchées par ces crimes est un autre facteur clé pour équilibrer ces risques. La transparence et la collaboration font partie intégrante de la réalisation d’un bon mélange de vie privée et de protection.
- Les programmes basés sur des preuves sont importants lorsqu’il s’agit de renseignements et d’enquêtes. Cependant, dans le cadre des efforts de lutte contre l’exploitation, il y a un manque de données applicables et de meilleures pratiques, dû en grande partie à la complexité du crime. La consultation et la collaboration sont essentielles pour combler cette lacune.
Les gouvernements, la société civile, le monde universitaire et le secteur privé doivent s’associer afin de tirer parti de leur expertise. Les partenariats entre les ONG et la police, dans le cadre desquels les ONG s’efforcent de signaler à la police les signes de traite des personnes sur le web ouvert pour qu’elle les analyse, présentent un potentiel important. Un autre partenariat important est celui entre le secteur privé et les ONG, où le secteur privé finance les ONG pour créer des outils, et ensuite les ONG donnent aux gouvernements l’accès à ces outils.
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