Série de webinaires de Sécurité publique Canada 2023 : Éducation et sensibilisation à la traite des personnes
Organisée par Sécurité publique Canada, 2023
Introduction
Sécurité publique Canada organise chaque année une série de webinaires sur la lutte contre la traite des personnes dans le cadre de la Stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes.
La série de 2023 a eu lieu de janvier 2023 à mars 2023. Un total de 632 participants de différents secteurs et ordres de gouvernement de partout au Canada ont participé. Les webinaires avaient deux objectifs principaux :
- Mieux faire connaître les nouvelles tendances, les enjeux actuels et les pratiques exemplaires en matière de lutte contre la traite des personnes.
- Améliorer les réseaux et les relations avec les autres intervenants qui travaillent à faire progresser les efforts visant à lutter contre la traite des personnes.
Avertissement
Veuillez noter que l’information et les opinions présentées dans ce rapport ne reflètent peut-être pas la position officielle du gouvernement du Canada sur la traite des personnes ou sur des questions connexes.
Mise en garde quant au contenu
Ce rapport contient des renseignements et des détails sur la traite des personnes, ce qui peut être troublant et difficile à lire pour certains lecteurs.
Au besoin, vous pouvez communiquer avec les services de soutien en santé mentale du gouvernement du Canada ou avec la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes au 1-833-900-1010.
Principaux thèmes de la série de webinaires
Sécurité publique Canada a organisé trois webinaires pour examiner la traite des personnes avec des experts clés :
- Webinaire 1 : S’attaquer aux causes profondes de la traite des personnes chez les jeunes le 9 février 2023, a discuté de la façon de s’attaquer aux causes sous-jacentes de la traite des personnes chez les jeunes.
- Webinaire 2 : Identification et soutien aux victimes du travail forcé au Canada, tendances actuelles et pratiques exemplaires le 23 février 2023, a exploré l’identification et le soutien aux victimes du travail forcé au Canada, ainsi que les meilleures façons de le combattre.
- Webinaire 3 : Traite des personnes habilitée par la technologie le 9 mars 2023, a mis l’accent sur la façon dont la technologie est utilisée pour faciliter la traite des personnes.
Chaque webinaire mettait l’accent sur un sujet différent lié à la traite des personnes, il y a eu trois thèmes communs qui sont ressortis :
1. La traite des personnes est un crime complexe qui implique que ceux qui ont du pouvoir exploitent ceux qui en ont moins.
- La traite des personnes se produit lorsque les trafiquants qui ont plus de pouvoir exploitent les victimes avec moins de pouvoir.
- Il existe différentes formes de pouvoir qui peuvent être utilisées par les trafiquants, y compris le contrôle financier et social.
- Il est possible pour les victimes et les survivants de retrouver leur pouvoir s’ils reçoivent le soutien approprié.
2. La technologie peut être utilisée à la fois pour aider et entraver la traite des personnes.
- Les trafiquants utilisent la technologie pour recruter, payer et effectuer la traite.
- La technologie peut également être utilisée pour lutter contre la traite des personnes en aidant les enquêteurs à suivre les données et à les analyser.
3. Les besoins des victimes et des survivants doivent être au centre de la lutte contre la traite des personnes.
- Il est essentiel d’établir la confiance avec les survivants, surtout dans le cas de la traite des personnes, afin d’intervenir et de s’assurer qu’ils se sentent à l’aise de partager leurs histoires.
- Les survivants devraient avoir le contrôle de leur propre processus de guérison.
Webinaire 1 : S’attaquer aux causes profondes de la traite des personnes chez les jeunes – 9 février 2023
Points forts de la discussion
- La traite des personnes se produit lorsque des personnes ayant du pouvoir exploitent d’autres personnes qui ont moins de pouvoir. Les victimes et les survivants de la traite des personnes peuvent retrouver leur pouvoir lorsqu’ils ont l’occasion d’accéder aux ressources, de faire leurs propres choix et de s’impliquer dans leurs collectivités.
- Il est important de créer des espaces sécuritaires où les victimes et les survivants peuvent établir des liens avec leurs collectivités et avoir le contrôle de leur propre processus de guérison. Pour les survivants autochtones, la culture et les cérémonies sont des éléments importants de la guérison. Les survivants devraient être en mesure d’avoir accès aux services lorsqu’ils en ont besoin, et ils devraient être ceux qui prennent en charge leur cheminement vers la guérison.
- La technologie facilite la traite des personnes. Elle permet au crime de se produire plus rapidement et à plus grande échelle, et elle peut avoir une plus grande incidence sur les enfants victimes.
Présentation 1 : Traite des personnes, pouvoir et contrôle – Zina Chernowas, gestionnaire du programme SPARK, L’Armée du Salut Illuminate
- Comprendre la traite des personnes exige de comprendre la dynamique du pouvoir, les privilèges et l’oppression. Les gens qui ont plus de pouvoir à cause de leurs identités sociales peuvent abuser de ce pouvoir et exploiter d’autres personnes. La traite se produit lorsqu’une personne ou un groupe abuse de son pouvoir pour contrôler les autres, souvent en promettant de répondre à leurs besoins de base. Ce type de pouvoir est appelé le pouvoir suprémaciste et il écrase l’autonomie et les systèmes de valeurs des victimes.
- Les survivants sont souvent manipulés pour accepter la maltraitance ou la violence à laquelle ils sont confrontés et pour croire que cela est justifié. Ils peuvent essayer de retrouver leur pouvoir en utilisant des faveurs pour accumuler une dette intangible ou en attirant l’attention sur leur situation. Les fournisseurs de services ont la responsabilité d’aborder ces comportements de manière à ne pas marginaliser davantage les survivants. Ils peuvent aider en sensibilisant les gens à la dynamique du pouvoir dans les relations et en offrant l’accès au choix, à l’autonomie et aux ressources. Ce type de pouvoir s’appelle le pouvoir libératoire.
- Les pratiques exemplaires dirigées par les survivants qui appuient l’autonomisation comprennent la protection de la confidentialité et de la sécurité des données, la prestation d’une formation sur les normes de santé mentale tenant compte des traumatismes, l’ouverture de l’accès aux services juridiques et médicaux, et le soutien aux survivants en tant que membres actifs et intégrés de leur collectivité.
Présentation 2 : Répercussions de la technologie sur l’exploitation sexuelle et la traite des enfants – Mme Jennifer Martin, doyenne associée et professeure à l’Université métropolitaine de Toronto
- La technologie a rendu la vie plus facile pour les personnes qui commettent la traite des personnes, en leur permettant de le faire à plus grande échelle et sous des formes plus extrêmes. Ils peuvent cibler des millions d’enfants de n’importe où dans le monde et peuvent opérer à partir de différents endroits en même temps. De nos jours, presque tous les cas de traite d’enfants impliquent l’utilisation d’Internet. Le problème est aggravé par le fait que la technologie évolue très rapidement, tandis que les lois qui la réglementent ne suivent pas le rythme du changement.
- Les trafiquants de personnes utilisent la technologie pour les aider à commettre leurs crimes. Ils utilisent des outils numériques pour trouver des enfants afin d’en faire la traite, les faire connaître à des acheteurs potentiels, les convaincre d’embarquer dans la traite et les réduire au silence. Ils peuvent même utiliser la technologie afin de payer pour la traite. La vitesse et l’ampleur de la traite sont accrues par l’utilisation généralisée des médias sociaux et des plateformes de jeu et d’autres outils de communication comme les téléphones. Les trafiquants sont en mesure de rester anonymes et d’éviter d’être pris en flagrant délit en raison des grandes distances en cause et de l’anonymat offert par la technologie.
- La lutte contre la traite des personnes commence par la prévention. La présentatrice suggère de financer des programmes de recherche de niveau supérieur sur la traite des personnes, ainsi que de former les personnes qui travaillent avec les enfants dans des domaines comme la protection de l’enfance, la santé, l’éducation et l’application de la loi pour reconnaître la traite des personnes et y mettre fin. La présentatrice a également déclaré que les entreprises de technologie doivent aider en supprimant tout matériel d’abus sexuel impliquant des enfants qu’elles trouvent et en effectuant des contrôles de vérification d’une manière qui protège les enfants. Enfin, les organismes d’application de la loi doivent inviter les survivants de la traite des personnes à les aider à empêcher qu’elle ne se produise en premier lieu.
Présentation 3 : Ka Ni Kanichihk Inc. – Samantha Harris, directrice des programmes de guérison, Ka Ni Kanichihk Inc.
- La présentatrice a parlé de Ka Ni Kanichihk, un organisme communautaire qui aide les peuples autochtones. Il offre des programmes et des services qui aident les peuples autochtones à devenir plus forts et plus résilients. Les personnes qui utilisent ses services comprennent les femmes et les filles autochtones qui risquent d’être victimes d’exploitation sexuelle, ainsi que les personnes victimes de la traite.
- Ka Ni Kanichihk aide les peuples autochtones au moyen de programmes et de services culturels. L’organisme utilise des pratiques culturelles telles que des cérémonies de bénédiction des terres et des cérémonies du calumet pour relier les gens à leurs ancêtres et les ramener à une bonne vie. Les membres de la communauté sont acceptés tels qu’ils sont, et l’organisme n’a aucun obstacle à l’accès aux services de santé et de guérison. Les comités consultatifs composés de pairs de l’organisme comprennent des personnes ayant une expérience vécue qui aident à définir le soutien dont elles ont besoin et à fournir de la rétroaction sur les programmes.
- Ka Ni Kanichihk offre un programme appelé « Velma’s House » qui fournit un espace sécuritaire aux femmes qui ont besoin d’aide et de soutien. Le programme offre l’accès aux repas, aux médicaments, à l’hygiène, à la guérison culturelle, à la réduction des méfaits et à la promotion de services médicaux ou juridiques. Il combine les approches autochtones et occidentales en matière de soins. De plus, l’organisme offre des programmes spécialisés pour aider les familles des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées (FFADA), comme le « Medicine Bear Counselling » et le soutien par les Aînés. L’organisme organise un rassemblement de trois jours appelé « Wiping Away the Tears » afin que les familles puissent partager dans un espace qui favorise la guérison, les autosoins et l’amour de soi. Enfin, l’organisme offre le « Heart Medicine Lodge », qui est un service de soutien et de défense fondé sur la culture pour les femmes autochtones qui ont subi des agressions et des violences sexuelles.
Webinaire 2 : Identification et soutien des victimes du travail forcé au Canada, tendances actuelles et pratiques exemplaires – 23 février 2023
Points forts de la discussion
- Le travail forcé ne comporte pas toujours de préjudices physiques ou de menaces de violence. Au lieu de cela, un trafiquant peut recourir à des moyens financiers, à l’isolement social et aux menaces de déportation pour forcer une victime à exécuter certains travaux ou services.
- Parfois, les victimes du travail forcé peuvent ne pas se rendre compte qu’elles en ont été victimes et ne pas être en mesure de l’expliquer. Les personnes qui sont formées pour mener des entrevues peuvent être en mesure de poser des questions qui aident les victimes à partager des renseignements importants qu’elles ne jugeaient pas pertinents. Parfois, une deuxième entrevue peut être nécessaire pour obtenir plus de renseignements. Il est important que les intervieweurs soient bien informés sur le travail forcé, sinon ils pourraient passer à côté de renseignements importants. Seuls les policiers formés en matière de travail forcé devraient mener des entrevues.
- L’éducation et la formation peuvent être utiles, en particulier pour les agents d’application de la loi, les organismes communautaires ou les organisations confessionnelles qui interagissent avec les victimes du travail forcé. Il est important pour eux d’avoir une connaissance de base des lois applicables sur le travail et l’emploi. Les pratiques qui peuvent sembler sans importance, comme les employeurs qui facturent des loyers aux employés, peuvent en fait être des violations importantes du droit du travail qui appuient les enquêtes sur le travail forcé.
Présentation 1 : Identification et soutien aux victimes du travail forcé : tendances actuelles et pratiques exemplaires – Jim Cruess et Veronica Puls, procureurs adjoints de la Couronne, ministère du Procureur général de l’Ontario
- Les présentateurs ont partagé un exemple fictif pour expliquer comment les gens peuvent être trompés pour devenir des victimes de la traite des personnes. Ils voulaient montrer que les trafiquants peuvent contrôler les victimes et les effrayer sans recourir à la violence physique. Ils ont également souligné que les trafiquants cherchent à exploiter les autres en utilisant différentes tactiques ensemble, en renforçant progressivement le contrôle sur les victimes.
- L’exemple a montré différentes manières dont les personnes qui font du mal à autrui, aussi connues comme des auteurs d’agressions, peuvent utiliser le pouvoir pour contrôler leurs victimes. Les auteurs d’agressions peuvent contrôler leurs victimes en utilisant des tactiques sociales et financières. Par exemple, les victimes peuvent être forcées de payer des frais très élevés pour des choses comme le transport, les services d’immigration (comme les autorisations de voyage électroniques), la nourriture ou le matériel pour le travail. Ils pourraient aussi être contraints de louer des logements en piètres états pour des prix contraires à la loi. Les trafiquants peuvent faire croire aux victimes que s’ils tentent d’obtenir l’aide des autorités, ils seront renvoyés dans leur pays d’origine.
- Les conférenciers ont donné une explication générale des lois en Ontario qui s’appliquent au travail forcé. Ils ont parlé des définitions précises de la traite et de l’exploitation, telles qu’énoncées dans le Code criminel, et des domaines pertinents du droit du travail. Ils ont souligné que, comme dans d’autres types de traite des personnes, le travail forcé peut se produire même avant qu’une victime commence à travailler ou à fournir des services. Lorsqu’il s’agit de prouver que la traite des personnes a eu lieu, il est important d’examiner l’objectif général des actions de la personne responsable, ainsi que les détails du cas dans son ensemble.
- Les travailleurs de première ligne, en particulier les agents d’application de la loi, ont besoin d’une formation adéquate pour reconnaître les signes du travail forcé. Bien que les signes individuels ne suffisent peut-être pas à prouver seuls le travail forcé, ils méritent un examen plus approfondi. Combinés à d’autres éléments de preuve, ces signes peuvent aider à établir des cas de travail forcé. La formation permet aux agents et aux travailleurs d’identifier les signes d’exploitation pendant le contact initial avec les victimes et les entrevues subséquentes. Au cours des entrevues, il est important de suivre les pratiques exemplaires et de ne pas présumer que les victimes indiqueront explicitement qu’elles ont été victimes de la traite. Il se peut que les victimes ne comprennent pas encore pleinement leur situation. La sensibilité et l’évitement des attentes sont cruciaux lors des entrevues.
Présentation 2 : Soutien aux victimes pendant le procès – Michelle LeBlanc, travailleuse des services aux victimes et aux témoins, Programme d’aide aux victimes et aux témoins de l’Ontario
- La conférencière offre une explication des services offerts aux victimes d’actes criminels par l’entremise du Programme d’aide aux victimes et aux témoins (PAVT) en Ontario. Le programme est offert dans tous les secteurs des tribunaux de l’Ontario et vise à appuyer les victimes tout au long du processus judiciaire. L’efficacité du programme repose sur l’établissement d’un lien solide avec les personnes, le fait de prendre le temps nécessaire pour guider les victimes de façon appropriée et la promotion de la collaboration entre les différents programmes dans le cadre du PAVT afin d’offrir des services complets.
- Les services visent à rendre les clients plus à l’aise de participer au processus judiciaire. Il adopte une approche axée sur le client et tenant compte des traumatismes. Le programme permet de tendre la main aux clients, d’écouter leurs craintes et leurs préoccupations et d’élaborer un plan personnalisé pour répondre à leurs besoins. Il peut s’agir de fournir des interprètes ou de traduire des documents judiciaires, de maintenir une communication régulière par l’entremise des moyens préférés des clients et de veiller à ce que les clients comprennent chaque étape du processus judiciaire et du droit canadien. Le programme aide également les clients à communiquer avec d’autres services communautaires, à trouver des mesures d’adaptation, à naviguer dans les questions d’immigration et offre des conseils et un soutien lorsqu’ils collaborent avec la police.
- Le PAVT accorde une grande importance au maintien d’une communication uniforme, exacte et claire avec les clients et entre les fournisseurs de services. Toutes les organisations concernées collaborent en tant qu’équipe pour établir des plans de communication et d’action pour chaque client qui peuvent être ajustés au besoin. Cette approche profite non seulement aux clients, mais favorise également la collaboration entre les fournisseurs de services. Le programme est souple et donne la priorité au traitement des clients avec respect, à la satisfaction de leurs besoins et à leur soutien dans le début d’un processus de guérison qui peut durer toute une vie.
Présentation 3 : Soutien aux victimes à l’extérieur du processus judiciaire – Shelly Gilbert, coordonnatrice des services de travail social, Legal Assistance of Windsor
- La conférencière a discuté des services de travail social fournis par Legal Assistance of Windsor (LAW), une organisation non gouvernementale qui se consacre à soutenir la communauté de Windsor-Essex. LAW possède une vaste expertise pour aider les survivants du travail forcé dans la région par l’entremise du Windsor-Essex Counter Exploitation Network. Ce réseau offre une vaste gamme de services pour répondre aux besoins psychologiques et physiques des survivants, y compris l’intervention en cas de crise, le counseling psychosocial, l’aide au logement, le soutien tout au long des procédures judiciaires criminelles, l’aide à l’immigration et le soutien à l’emploi.
- Au fil du temps, LAW a reconnu que de nombreux survivants de l’exploitation subissent un éventail de violations qui vont au-delà de la retenue des salaires. Ces violations comprennent l’exposition à des environnements dangereux, l’agression raciale de la part de superviseurs et les demandes de payer des frais aux auteurs d’agressions. Souvent, les survivants ne peuvent pas immédiatement faire le lien entre toutes ces expériences nuisibles ou reconnaître qu’elles sont en fait illégales et qu’elles sont le résultat de la traite. LAW a tiré des leçons de ces expériences et continue d’aider les survivants à comprendre leurs droits et les liens entre les diverses formes d’agression et d’exploitation auxquelles ils ont fait face.
- L’établissement de la confiance entre les travailleurs sociaux et les survivants est un processus graduel qui nécessite du temps et de la patience. Les survivants expriment souvent des difficultés à se faire confiance. Il est important de créer un environnement où ils peuvent se souvenir de leurs expériences et cheminer à travers celles-ci à leur propre rythme. Il est essentiel d’explorer différentes options avec les survivants, de leur donner le temps de réfléchir, d’offrir du soutien à mesure qu’ils examinent leurs options et, en fin de compte, de respecter les décisions qu’ils prennent à mesure qu’ils progressent. Ce processus peut alourdir considérablement la charge de travail des organisations non gouvernementales qui soutiennent les survivants, surtout lorsqu’ils aident jusqu’à 40 ou 50 personnes en même temps.
- LAW souligne l’importance de placer les survivants au centre du travail qu’ils font, tout en s’attaquant aux facteurs qui les mettent à risque. Il est essentiel d’appuyer les survivants avec sensibilité et soin, et de poser des questions qui permettent aux victimes de retrouver leurs voix.
Webinaire3 : Traite des personnes habilitée par la technologie – 9 mars 2023
Points forts de la discussion
- La traite des personnes est un crime complexe qui est compliqué par les difficultés qu’il y a à l’identifier en premier lieu. La traite des personnes peut paraître différente selon la situation. Par exemple, certaines victimes peuvent d’abord consentir à des arrangements qui sont par la suite considérés comme de la traite. Les organismes d’application de la loi qui s’emploient à lutter contre ces crimes font face à un certain nombre de défis, y compris les questions de compétence, les différences dans les cadres juridiques, les contraintes en matière de ressources et l’accès variable à la formation.
- La technologie numérique joue un rôle important dans la facilitation de la traite des personnes à chaque étape du crime. Les trafiquants utilisent des plateformes en ligne pour recruter, faire de la publicité, effectuer les paiements, souvent à l’aide de monnaies virtuelles, et cacher les produits de la criminalité.
- La technologie fait également partie de la solution à la lutte contre la traite des personnes. Les outils d’enquête en ligne peuvent aider les enquêteurs à balayer, suivre et analyser les données liées à la traite. Cependant, le coût de ces outils et le rythme rapide auquel la technologie avance peuvent souvent les rendre difficiles d’accès et moins efficaces dans la pratique.
Présentation 1 : Enquête sur des cas intergouvernementaux de traite des personnes – Julie Jones, fondatrice et directrice générale, Human-i Intelligence Services
- L’un des principaux défis à relever pour lutter contre la traite des personnes, tant au niveau national qu’international, est de déterminer d’abord que le crime a lieu. La traite des personnes peut paraître différente selon la situation. Par exemple, parfois, le consentement initial de la victime peut être considéré par erreur comme un signe que la traite n’a pas eu lieu. Par conséquent, les cas de traite peuvent être ignorés et considérés comme étant consensuels. Ce défi est encore plus compliqué en raison des différences dans les cadres juridiques et les interprétations entre les gouvernements.
- Au Canada, les efforts de lutte contre la traite des personnes varient selon les régions. La prévalence de la traite des personnes dans la région, la disponibilité de services de soutien et l’accès aux outils et à la formation pour les travailleurs de première ligne et les organismes d’application de la loi peuvent tous avoir une incidence sur l’intervention. Les défis liés aux différents ordres de gouvernement posent également des difficultés en ce qui concerne l’échange de renseignements et la coordination des efforts d’application de la loi.
- La technologie joue un rôle important dans la facilitation de tous les aspects du processus de la traite des personnes. En particulier, les entreprises de recrutement fonctionnent comme des organisations apparemment légitimes avec des employés et utilisent des technologies de communication en temps réel. La technologie permet également aux trafiquants de réduire au minimum le besoin d’échanger physiquement des données et de l’argent, ce qui rend difficile, coûteux et long pour les enquêteurs de suivre les transactions financières à l’aide d’outils d’enquête en ligne. La grande quantité de contenu et le rythme rapide des avancées technologiques constituent des contraintes supplémentaires lorsqu’on utilise des outils en ligne pour les enquêtes.
- La présentatrice a encouragé les enquêteurs à se familiariser avec les outils technologiques qui peuvent les aider dans leurs enquêtes. Ces outils comprennent la géolocalisation, l’intelligence artificielle, le ratissage de données et les outils d’enquête en source ouverte. Tout au long du processus, les enquêteurs devraient adhérer à des méthodes rigoureuses de vérification des données et faire des efforts pour préserver le contenu original ou les preuves brutes directement de la source.
Présentation 2 : La cryptomonnaie en tant que facilitateur de la traite des personnes – Coordonnateur national en matière de cryptomonnaie, Gendarmerie royale du Canada
- La cryptomonnaie est un actif virtuel qui est convertible, décentralisé et sécurisé par la cryptographie. Toutes les transactions sont enregistrées et stockées dans de grands livres publics, numériques et décentralisés appelés chaînes de blocs. Ces enregistrements comprennent des renseignements tels que les montants échangés, l’origine et la destination des transactions, ainsi que la date et l’heure de chaque transaction. Toutefois, la technologie de chaînes de blocs ne saisit pas les renseignements personnels associés aux transactions. Elle représente plutôt les transactions utilisant des chaînes de caractères alphanumériques, assurant un niveau d’anonymat pour les personnes impliquées.
- Les auteurs de la traite des personnes se sont de plus en plus tournés vers la cryptomonnaie comme moyen d’effectuer des transactions financières et de dissimuler les produits. L’utilisation de cette technologie présente plusieurs avantages, notamment la capacité de mener des transactions sans frontières et anonymes, d’accélérer les transactions à peu de frais et de rencontrer des restrictions minimales.
- Le présentateur a partagé une étude de cas impliquant des enquêteurs qui ont suivi les transactions sur un site Web appelé Leolist.cc, qui est connu pour faciliter le trafic sexuel. Sur cette plateforme, les trafiquants utilisent la cryptomonnaie comme mode de paiement pour les publicités et les transactions liées à la traite. Afin de régler ce problème, les enquêteurs ont accès à un logiciel d’analyse pour analyser les transactions et cerner les tendances, ce qui peut appuyer les enquêtes et les poursuites.
Présentation 3 : La traite des personnes teintée par la technologie – Matt Richardson, directeur du renseignement et des enquêtes, Initiative de renseignement sur la lutte contre la traite des personnes
- Les plateformes de médias sociaux (p. ex. Instagram, Facebook, Snapchat, etc.), les sites de créateurs de contenu (p. ex., Onlyfans, Patreon, etc.) et les services de diffusion vidéo en direct (p. ex. Zoom, Facebook, etc.) sont des technologies modernes qui permettent le recrutement pour la traite des personnes et l’exploitation sexuelle. Ces technologies offrent aux trafiquants un moyen de se livrer à la traite avec des risques et des coûts réduits, car elles ne se limitent pas à un lieu physique. En outre, les trafiquants utilisent ces plateformes pour atteindre instantanément un plus grand nombre de jeunes individus en ligne et les exploiter. Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est le fait qu’avec la disponibilité croissante des renseignements personnels en ligne, les trafiquants peuvent plus facilement identifier les victimes potentielles et les exploiter en établissant des relations trompeuses.
- Les trafiquants utilisent diverses stratégies pour établir des relations trompeuses, qui finissent par mener à l’exploitation. Des outils technologiques comme la manipulation vidéo et les filtres vocaux sont également utilisés par les trafiquants pour fabriquer de fausses identités convaincantes tout au long de ce processus.
- L’exploitation des victimes s’intensifie lorsqu’elles sont contraintes de créer elles-mêmes du matériel d’exploitation sexuelle d’enfants (MESE). À l’aide de leur téléphone intelligent et d’autres appareils, les images et les vidéos non explicites peuvent être manipulées ou modifiées pour produire du MESE. Les trafiquants peuvent alors distribuer le matériel original ou manipulé en ligne ou l’utiliser comme moyen de menacer les victimes de commettre d’autres infractions sans contact ou avec contact, ce qui à son tour génère plus de matériel. Cet acte de tirer profit de tel matériel ou de le commercialiser est communément appelé la sextorsion et peut être tout aussi nocif que l’abus sexuel initial.
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