Traitement correctionnel efficace
Recherche en bref
Vol. 10, No. 2
Mars 2005
Question
Combien de temps devrait durer le traitement nécessaire pour réduire la récidive?
Contexte
Presque tous les délinquants incarcérés seront, un jour ou l'autre, mis en liberté . Les programmes de traitement les plus efficaces respectent les trois principes fondamentaux suivants : 1) les traitements fournis aux délinquants à risque élevé de récidive sont plus efficaces que ceux fournis aux délinquants à risque faible; 2) les programmes de traitement ciblant les besoins liés au comportement criminel (c.-à-d. les besoins criminogènes), comme les attitudes antisociales, la toxicomanie et les contacts avec des pairs criminalisés, sont plus efficaces que les programmes de traitement qui ciblent les besoins comme l'anxiété, l'estime de soi et la dépression (c.-à-d. les besoins non criminogènes); 3) les programmes de traitement connaissent davantage de succès lorsqu'ils sont adaptés au style d'apprentissage du délinquant et qu'ils comprennent des interventions cognitivo-comportementales modifiant l'attitude et permettant l'apprentissage d'habiletés concrètes. Toutefois, il n'existe aucune donnée permettant de déterminer combien de temps ces traitements doivent durer pour obtenir des résultats. En d'autres mots, quelle « durée » de programme doit-on offrir au délinquant afin de réduire son risque de récidive?
Méthode
On a examiné le taux de récidive chez 620 délinquants n'ayant reçu aucun traitement ou ayant reçu 100 heures, 200 heures ou 300 heures de traitement sur une période de 5 semaines, de 10 semaines et de 15 semaines respectivement. On a évalué le risque de récidive des délinquants et leurs besoins criminogènes, puis un traitement de durée différente leur a été prescrit (p. ex. les délinquants à risque ou à besoins faibles ont été aiguillés vers un programme de traitement de 100 heures et ceux à risque ou à besoins élevés, vers un programme de 300 heures). Toutefois, certains délinquants ont reçu moins d'heures de traitement que ce qui leur avait été prescrit surtout en raison du manque de temps – leur peine était presque terminée – pour terminer un programme plus long. Les traitements offerts étaient de nature cognitivo-comportementale et ciblaient la toxicomanie, les comportements criminels, l'agressivité et les contacts avec des pairs criminalisés.
Les participants à l'étude étaient des délinquants incarcérés dans un établissement provincial; ils ont fait l'objet d'un suivi d'un an après leur mise en liberté. Les analyses statistiques étaient axées sur les diverses durées de traitement offertes aux délinquants ayant des niveaux différents de risque et de besoins.
Réponse
Un suivi effectué auprès des délinquants révèle que 31 % des délinquants ayant participé au traitement ont récidivé, ce qui représente un taux beaucoup moindre que le taux des délinquants n'ayant suivi aucun traitement, qui se chiffre à 41 %. Les résultats indiquent qu'il est nécessaire d'ajuster la durée du traitement au niveau de risque ou de besoins des délinquants pour obtenir des résultats positifs.
Dans le cas des délinquants à risque élevé ayant bon nombre de besoins criminogènes, 300 heures de traitement ont permis de réduire le taux de récidive de 59 % à 38 %. Pour ces délinquants, un traitement de 100 heures ne s'avère pas suffisant.
Dans le cas des délinquants à risque moyen qui ont peu de besoins criminogènes, un traitement de 100 heures a permis de faire passer le taux de récidive de 28 % à 12 %. Un traitement plus long n'a pas permis de constater une réduction plus marquée de la récidive chez ces délinquants.
Pour ce qui est des délinquants à risque moyen et élevé ayant un nombre modéré de besoins criminogènes, un traitement de 200 heures était suffisant pour faire passer le taux de récidive de 44 % à 30 %.
Incidence sur les politiques
- Fournir un traitement peut constituer une façon efficace d'améliorer la sécurité publique.
- Il est important de fournir des programmes de traitement de longueurs différentes afin de répondre aux besoins de toutes sortes de délinquants plutôt que d'utiliser une approche universelle.
- Il est crucial de bien évaluer les délinquants et de bien choisir la durée de leur traitement. Une évaluation attentive du risque et des besoins permet de choisir la durée de traitement qui aura des incidences sur le récidivisme tout en résultant en un bon rapport coût-efficacité.
Source
- Bourgon, G. et B. Armstrong (2005). « Transferring the principles of effective treatment into a "Real World" prison setting », Criminal Justice and Behavior, 32: 3-25.
Pour plus de renseignements
Guy Bourgon, Ph.D.
Recherche correctionnelle
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