La prévision de la récidive chez les délinquants adultes

La prévision de la récidive chez les délinquants adultes Version PDF (25Ko)

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Vol. 2 No. 2
Mars 1997

Question

Quels sont les meilleurs prédicteurs de la récidive chez les délinquants, et quelles sortes de mesures actuarielles sont les plus utiles à cet égard?

Contexte

En Amérique du Nord, les établissements carcéraux et les services de probation sont engorgés. Si l'on veut assurer la protection du public de la manière la plus efficiente possible, il faut que les autorités correctionnelles concentrent leurs ressources sur les délinquants à risque élevé. Il est donc nécessaire de déterminer aussi précisément que possible la capacité des divers prédicteurs et mesures actuarielles de prévoir la récidive.

Méthode

Une méta-analyse des études sur la prévision de la récidive chez les délinquants adultes a été effectuée. Elle a englobé 131 études publiées depuis 1970 et a permis de recenser 1 141 corrélations (r) entre un prédicteur et la récidive. Le coefficient r est une mesure statistique de la solidité de l'association entre deux variables; des valeurs égales ou supérieures à 0,20 ont une signification pratique importante. Les prédicteurs ont été rangés en trois catégories : 1) prédicteurs statiques, 2) prédicteurs dynamiques et 3) mesures actuarielles, qui représentent une combinaison de facteurs. La récidive était définie comme une nouvelle arrestation, une condamnation, une incarcération ou une violation des conditions de la libération conditionnelle.

Réponse

Les prédicteurs les plus solides étaient les variables correspondant aux besoins criminogènes (c.-à-d. les attitudes, les valeurs et les comportements qui sous-tendent un genre de vie criminel; r = 0,18), les antécédents criminels (r = 0,16), les réalisations sociales (emploi, éducation; r = 0,13), l'âge, le sexe et la race (r = 0,11) et les facteurs familiaux (r = 0,9). Les prédicteurs faibles étaient le fonctionnement intellectuel (r = 0,07), la détresse personnelle (c.-à-d. l'anxiété, le manque d'estime de soi; r = 0,05) et la classe sociale d'origine (r = 0,05). Les prédicteurs dynamiques, c.-à-d. les facteurs susceptibles de changer (p. ex., les besoins criminogènes) prédisaient la récidive aussi bien que les facteurs statiques (p. ex., l'âge).

Deux types d'instruments de mesure actuarielle ont été évalués : des instruments composites d'évaluation du risque (tels que l'inventaire du niveau de service révisé, ou LSI-R) et des instruments d'évaluation de la personnalité antisociale (p. ex., échelle de la psychopathie, ou PCL). Le LSI-R a produit les valeurs les plus élevées de corrélation avec la récidive (r compris entre 0,30 et 0,45).

Incidences sur les politiques

  1. Le protocole d'évaluation idéal devrait inclure les éléments suivants :

    Prédicteurs statiques
    • âge
    • antécédents criminels - à l'âge adulte et à l'adolescence
    • facteurs familiaux - criminalité des parents et de la famille, mode d'éducation et structure de la famille
    • réalisations sociales
    • toxicomanie
    Prédicteurs dynamiques
    • attitudes et valeurs antisociales
    • personnalité antisociale (psychopathie)
    • fréquentations
    • réalisations sociales
    • toxicomanie
  2. Les mesures actuarielles composites du risque sont plus efficaces pour la prévision que les facteurs statiques ou dynamiques isolés et devraient donc être utilisées pour l'évaluation des délinquants.
  3. Il faudrait systématiquement mesurer les changements survenant chez les délinquants, c.-à-d. évaluer les facteurs de risque dynamiques à différents moments.
  4. Le genre d'événement choisi comme indication de la récidive n'influe guère sur la prévision.
  5. Tout organisme correctionnel qui s'attachera 1) à comparer la capacité des différentes mesures actuarielles de prévoir la récidive, b) à évaluer l'utilité des nouvelles techniques actuarielles et c) à générer des données de prévision sur les prédicteurs prometteurs et différents groupes de délinquants (p. ex., les délinquants sexuels) enrichira notre base de connaissances, au bénéfice de la pratique.

Source

Pour de plus amples renseignements

James Bonta, Ph.D.
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