L'épreuve des faits – Sommaires de projets – Strengthening the Spirit – Oskâyi Kiskinotahn Building a Comprehensive Response to Family Violence in Aboriginal Communities
Introduction
Le projet Strengthening the Spirit-Oskâyi Kiskinotahn: Building a Comprehensive Response to Family Violence in Aboriginal Communities (Strengthening the Spirit) est un programme de prévention novateur qui s’adresse aux familles autochtones très vulnérables au comportement violent et aux démêlés avec le système de justice pénale. Il a été financé par le Centre national de prévention du crime (CNPC) de Sécurité publique Canada de février 2009 à septembre 2012.
Le CNPC définit les programmes novateurs comme des programmes de prévention qui mettent à l’essai de nouvelles approches, théories et interventions auprès des populations à risque. Ces programmes prennent appui sur un cadre théorique solide qui fait le lien entre l’intervention proposée et les facteurs de risque, la population cible et les résultats visés. Les programmes novateurs font appel à un devis de recherche limité pour vérifier les changements, et ils nécessitent une confirmation causale à l’aide des techniques expérimentales appropriées. Ces programmes sont reconnus et encouragés à condition d’être soigneusement évalués.Note 1
Le projet Strengthening the Spirit a été parrainé par la HomeFront Society for the Prevention of Domestic Violence (HomeFront) de Calgary, en Alberta, et mis en œuvre dans les communautés des Premières nations de Siksika, de Tsuu T’ina et de Morley. Quatre organismes de Calgary, soit les Aspen Family Services, les Métis Child and Family Services, le centre correctionnel de Calgary et le refuge YWCA Sheriff King Home, ont également joué un rôle central dans la prestation du projet.
Buts et objectifs
Le projet Strengthening the Spirit visait à réduire la violence familiale, à atténuer le risque de violence faite aux enfants, et à soutenir la guérison et le bien-être des familles.
Participants
Les participants provenaient de trois communautés des Premières nations entourant la ville de Calgary, et de quatre organismes de Calgary offrant des services à un pourcentage élevé d’Autochtones.
Les participants ont été aiguillés vers le programme par diverses sources, notamment les services de police, les refuges, les services correctionnels, les membres de la famille, les Aînés, les pacificateurs des Premières nations, les organismes communautaires de service aux Autochtones et les services sociaux. Une fois les familles inscrites au programme, on a mesuré leur niveau de risque au moyen d’outils d’évaluation normalisés. On a ensuite mis en œuvre une série de groupes expérimentaux et autres interventions.
Au total, 34 groupes expérimentaux ont été formés (10 pour les hommes, 21 pour les femmes et 3 pour les enfants), lesquels ont accueilli 193 hommes et femmes à risque, la majorité étant des femmes (65 %). Quatre-vingt-dix-sept pour cent (97 %) des participants étaient de descendance autochtone (95 % de membres des Premières nations, 2 % de Métis). Vingt-sept pour cent (27 %) des participants étaient âgés de 18 à 24 ans, et cinquante-six pour cent (56 %) étaient âgés de 25 à 39 ans.
Éléments clés du programme
Le projet Strengthening the Spirit comportait un volet pour adultes et un volet pour enfants.
Volet pour les hommes et femmes adultes :
- On a mené des séances de groupe (cercles) afin de faciliter les discussions sur des sujets liés aux facteurs de risque.
- Les cérémonies, l’utilisation de la roue médicinale, les sueries, le port des peintures traditionnelles et les jeux de rôles constituaient des éléments importants.
Volet pour les enfants :
- On a mené des séances de groupe afin de faciliter les discussions sur des sujets liés aux facteurs de risque.
- Les séances comprenaient des jeux traditionnels, de l’artisanat, des jeux de rôles et des exercices adaptés à l’âge qui visaient à renforcer les concepts appris.
Dotation
11 formateurs mentors ont apporté leur appui au projet Strengthening the Spirit, notamment l’agent de mobilisation communautaire de la société HomeFront, qui s’est occupé de la supervision des sites pilotes. L’agent de mobilisation communautaire était le seul employé salarié.
30 facilitateurs communautaires ont été formés. Il s’agissait de membres des communautés autochtones sélectionnés par leurs dirigeants. Ils ont suivi une séance d’orientation de 4 à 6 heures portant sur le counseling en matière de violence familiale, et ils ont participé à au moins un programme de groupe complet. Ils ont tous reçu environ 1 à 2 heures de supervision clinique directe par mois, et ont pu accéder à un soutien clinique à tout moment du processus de groupe. Ils ont obtenu des honoraires pour leurs services.
Un psychologue clinique a été affecté à chaque site pilote.
24 Aînés qui ont servi de modèles, d’enseignants et de transmetteurs de la culture et de l’identité, ont aussi pris part à la mise en œuvre du projet. Ils ont reçu des honoraires pour leurs services.
La société HomeFront a donné des séances de formation sur le développement professionnel à l’équipe de formateurs mentors, de psychologues et de facilitateurs communautaires du projet Strengthening the Spirit. Les travailleurs sociaux du refuge YWCA Sheriff King Home ont offert des services mobiles d’intervention en situation de crise aux victimes et enfants clients au besoin.
Partenariats
Un comité directeur composé de représentants des principaux partenaires du projet et d’autres intervenants, a effectué la supervision du projet et lui a donné une orientation stratégique.
En outre, des membres de la communauté locale ont créé des groupes de travail pour superviser les projets pilotes, et les dirigeants des communautés des Premières nations ont contribué à la supervision des groupes expérimentaux.
La société HomeFront a lancé le projet, l’a coordonné et en a géré les finances.
Résultats
Le projet pilote Strengthening the Spirit a donné les principaux résultats suivants :
- L’échelle clinique utilisée pour effectuer les mesures avant et après le programme indique que le projet a eu des répercussions positives sur les taux de récidive. Parmi les 47 % de gens qui ont participé aux groupes expérimentaux jusqu’à la fin, le taux de récidive autodéclaré se chiffrait à 6 %, tandis que le taux s’élevait à 34 % pour ceux n’ayant pas terminé le programme.
- On a réussi à obtenir la participation pleine et entière des trois communautés des Premières nations et des quatre organismes de Calgary. On a atteint, voire même dépassé, le taux escompté de participation des adultes, sur le plan du nombre et des profils, mais le programme n’est pas parvenu à recruter le nombre visé d’enfants.
- Les facilitateurs communautaires (73 % de femmes et 27 % d’hommes) ont fait état de degrés élevés de satisfaction à l’égard du modèle de formation faisant appel à des mentors.
- On a obtenu un appui généralisé envers le projet pilote, 59 % des partenariats provenant du secteur autochtone, 23 % du secteur communautaire, social et bénévole, 10 % du secteur de la justice, et 8 % du secteur des Premières nations et des conseils tribaux.
- Les niveaux locaux de participation ont varié au fil du temps, partiellement en raison des demandes de services et du temps requis pour réagir aux situations de crise vécues par les communautés, les familles et les individus (décès dans la communauté, preuves de violence familiale, etc.).
- Les formateurs mentors, les facilitateurs communautaires et les participants se sont entendus pour dire que les compétences et connaissances des facilitateurs, le processus de groupe et le contenu axé sur les Autochtones, représentaient des forces du modèle de programme. Les participants ont aussi désigné le transport et les services de garderie comme d’importants facteurs de réussite pour la participation.
Observations relatives à la mise en œuvre
- Il a été difficile de trouver des gens dans les communautés qui recevraient une formation de facilitateurs communautaires. Dans certaines communautés, le bassin de candidats potentiels était limité.
- Le nombre d’enfants âgés de 5 à 12 ans était plus faible que prévu. La plupart des enfants les plus vieux de ce groupe d’âge restaient à la maison pour garder leurs plus jeunes frères et sœurs.
- La participation au programme causait aux parents des difficultés considérables sur le plan de la garde des enfants.
- Il a parfois été difficile de maintenir l’horaire du programme à cause du manque de transport pour les participants, des mauvaises conditions météorologiques, du manque de disponibilité des locaux de rencontre, et d’événements comme les funérailles ainsi que les rencontres et les élections communautaires.
- La prise en charge des enfants, les suicides, les surdoses et les accidents ont influé sur la capacité des gens à participer au projet. Les facilitateurs du projet ont apporté leur appui en vue d’aider les participants à terminer le programme. Dans les communautés des Premières nations, les participants se sont également entraidés dans ces épreuves.
- Il s’est avéré difficile de gérer les renseignements personnels des participants et la quantité de données recueillies auprès d’eux. On a pu surmonter ces difficultés lorsque le refuge YWCA Sherriff King Home a offert son aide sous la forme d’un système et de son personnel, qui avait l’habitude de gérer ce genre d’information. Il aurait été utile de s’assurer que le soutien approprié était en place avant le début du programme.
- La violence familiale dans un contexte autochtone constitue une question complexe et multidimensionnelle, laquelle nécessite des interventions flexibles, un soutien accessible sur les lieux, un soutien général entre les organismes, et des ressources compétentes sur le plan culturel tout au long du projet pilote.
- Les investissements dans l’établissement de relations de travail avec les dirigeants communautaires et les fournisseurs de services se sont avérés essentiels à la réussite du projet. Le groupe consultatif qui était sur pied depuis plusieurs années a facilité les travaux dans le cadre du projet. Les communautés et les organismes éprouveront des difficultés au moment d’essayer de répondre aux besoins complexes entourant la violence familiale, et ils ne pourront les surmonter que s’ils établissent d’abord des relations fortes et engagées.
Information relative aux coûts
La mise en œuvre du projet Strengthening the Spirit a coûté au total 697 215 $ (71 % du financement provenait du CNPC).
Les principales contributions en nature provenaient du comité Strengthening the Spirit, du refuge YWCA Sheriff King Home, du centre correctionnel de Calgary et de la société HomeFront.
Le programme a également bénéficié de l’appui financier de la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain, des Alberta Health Services, du Safe Communities Secretariat, de la société HomeFront et de Centraide Calgary.
Pérennisation
Le projet Strengthening the Spirit se poursuit dans tous les sites où il a été mis en œuvre comme projet pilote.
Les communautés des Premières nations ont toutes les trois obtenu des fonds, principalement de la Province de l’Alberta.
Ce projet pilote a favorisé les discussions avec la Province sur les questions de la victimisation des femmes et des enfants, et a contribué à l’établissement d’un protocole normalisé d’intervention en matière de violence familiale dans les communautés autochtones de l’Alberta.
Coordonnées de l’organisme promoteur
HomeFront Society for the Prevention of Domestic Violence
Immeuble John J. Bowlen
501–620, 7e avenue Sud-Ouest
Calgary (Alberta) T2P OY8
Téléphone : 403-206-2100, poste 243
Télécopieur : 403-206-2106
Courriel : info@HomeFrontcalgary.com
Notes
1 Programmes prometteurs et modèles pour prévenir la criminalité – Volume I, 2008 - http://www.securitepublique.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/prmsng-mdl-vlm1/index-fra.aspx
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