Notes d’allocution pour L’honorable Bill Blair ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile : Comparution devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes - Ottawa (Ontario) 23 juin 2020

Bonjour, Monsieur le Président et membres du comité. Merci de m’avoir invité aujourd’hui.

La réunion d’aujourd’hui se déroule à un moment très chargé de notre société.

Actuellement, d’importantes discussions se tiennent au Canada, et dans le monde entier, sur la question du racisme systémique dans le corps policier.

Je tiens à vous remercier d’avoir choisi d’examiner cette question – l’une des plus importantes de notre époque.

Je suis heureux d’avoir l’occasion de contribuer à la discussion.

Les vidéos choquantes de la mort de George Floyd aux mains de la police ont incité les gens à descendre dans la rue pour manifester.

Ce mouvement a commencé au sud de la frontière, où de nombreux Noirs américains sont morts à cause de violences policières.

Cependant, les manifestations se sont rapidement étendues au Canada et ailleurs.
Elles nous ont obligés à nous pencher sérieusement sur la question du racisme systémique chez nous.

Comme l’a dit le premier ministre, « le racisme systémique est quelque chose qui touche chaque coin de notre pays ».

Et il ne fait aucun doute que les Autochtones, les Canadiens noirs et les autres personnes racialisées sont victimes de racisme systémique et de discriminations au sein du système de justice pénale.

Ce système comprend nos divers services de police municipaux et provinciaux.

Il comprend aussi le corps policier national, la Gendarmerie royale du Canada, dont je suis responsable.

Comme vous le savez, la commissaire de la GRC, Brenda Lucki, a reconnu que « le racisme systémique fait partie de toutes les institutions, la GRC y comprit ».

Je la félicite.

Et je soutiens le travail important qu’elle fait pour réformer la GRC, notamment en augmentant la diversité et l’inclusion dans ses prises de décision, sa formation et son recrutement.

Je tiens également à exprimer ma profonde gratitude aux membres de la GRC, qui servent les Canadiens avec intégrité, dévouement et professionnalisme chaque jour.  

La GRC dispose d’une politique sur les services de police sans préjugés qui guide les actions de ses membres dans toute interaction qu’ils ont avec le public.

Cette politique est fondée sur les principes d’égalité et de non-discrimination.

C’est un étape importante vers l’avenir.

J’ajouterais également que la grande majorité des policiers de ce pays se comportent de façon exemplaire et font tout leur possible pour réduire au minimum le recours à la force.

Cependant, nous n’aurions pas cette discussion aujourd’hui si tout était parfait.

Le racisme systémique est une réalité au Canada.
Et sa présence inhérente dans notre système de justice pénale mène à des situations inacceptables dans tous les corps policiers.

La discrimination fondée sur la race ou fondée sur toute autre forme de préjugé est un acte répugnant.

Elle est aussi contraire à la Charte des droits et libertés et à la Loi canadienne sur les droits de la personne

Elle ne peut être tolérée au sein des services de police ou de tout autre aspect du système judiciaire. 

En tant qu’ancien policier, il est difficile pour moi d’admettre que certaines personnes font face au racisme lorsqu’elles interagissent avec les policiers.

Pour moi, c’est un problème qui me touche de près.

Cependant, nous ne pouvons pas évités ces vérités inconfortables.

Nous devons faire plus.

Et nous devons faire mieux.

Nos services de police doivent s’engager à s’assurer qu’ils sont dignes de la confiance que nous leur accordons.

Le maintien de cette confiance exige une reddition des comptes rigoureuse.

Lorsqu’il semble y avoir un soupçon de mauvaise conduite – par exemple, lorsqu’un agent semble avoir outrepassé son autorité, ou lorsqu’il a fait recours au force excessif ou a agi de façon partiale ou discriminatoire – il doit faire l’objet d’une enquête sans délai.

Et s’il est reconnu coupable d’avoir enfreint la loi, il doit être tenu responsable.

Il existe des processus et des mécanismes de surveillance pour s’assurer que ces mesures sont prises. 

Ces mécanismes sont importants, et je continuerai d’appuyer leur utilisation. 

 

 

Je continuerai également de m’entretenir avec les dirigeants autochtones dans l’ensemble du pays au sujet des incidents inquiétants qui ont eu lieu ces dernières semaines, ainsi que des données récemment publiées sur l’utilisation des options d’intervention par la GRC.

Ces discussions sont essentielles pour garantir que nos services de police desservent tout le monde avec la dignité et le respect qu’ils méritent. 

Nous devons plus que jamais reconnaitre le vécu de ceux et celles qui ont été victimes de racisme ou de discrimination aux mains de la police, et travailler ensemble pour mettre fin à cette injustice.

Je continuerai d’œuvrer avec les agences, les intervenants et les particuliers à cette fin.

Je pense aussi que les Canadiens veulent voir des mesures concrètes.

C’est pourquoi je continue de poursuivre les priorités de mon mandat dans ce domaine.

 

L’une de ces priorités est de veiller à ce que tous les responsables des organismes d’application de la loi et de sécurité au Canada aient accès à une formation sur les préjugés inconscients et les compétences culturelles.

Une autre consiste à élaborer conjointement un cadre législatif qui reconnaît que les services de police des Premières Nations constituent un service essentiel, et qui veille à ce que les services de police soient adaptés à la culture et reflètent les collectivités qu’ils servent.

Nous nous sommes déjà engagés à investir jusqu’à 291 millions de dollars dans le cadre du Programme des services de police des Premières Nations, qui fournit un financement fédéral pour des services de police professionnels, dévoués et adaptés à la culture dans des centaines de collectivités des Premières Nations et des Inuits

Cet engagement de financement fédéral est permanent et comprend une augmentation annuelle en fonction de l’inflation, ce qui assure une plus grande stabilité financière pour les collectivités.

 

Et cela s’ajoute au financement récent destiné à améliorer les installations policières dans les collectivités des Premières Nations et des Inuits, par exemple en améliorant les détachements et les systèmes de communication.

Cela se traduit par le financement de 185 ententes sur les services de police dans le cadre du Programme des services de police des Premières Nations, qui desservi une population des Premières Nations et des Inuits d’environ 432 000 personnes.

Cela inclut le soutien à plus de 1 300 postes de police dans plus de 450 collectivités des Premières Nations et des Inuits.

J’ai hâte de travailler avec les collectivités intéressées afin d’accroître le nombre de personnes servies par les services de police des Premières Nations.  

Je voudrais aussi souligner que le gouvernement poursuit notre important travail pour faire avancer les appels à la justice du rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

Cela inclut les appels à la justice liés à la police.

À la suite de la publication du rapport provisoire de l’Enquête, par exemple, mon ministère a financé des examens des politiques et des pratiques de la police afin de déterminer les lacunes et les défis dans la prestation de services de police compétents sur le plan culturel.

Le gouvernement a investi jusqu’à 1,25 million de dollars sur 2 ans pour que 4 organismes externes ayant une expertise dans le domaine de l’application de la loi et du maintien de l’ordre dirigent ces examens.

Les rapports ont également formulé des recommandations et identifié des outils, des ressources et des pratiques prometteuses qui pourraient être utiles pour favoriser une relation de confiance et renforcer la confiance dans les services de police.

Leurs rapports finaux seront bientôt disponibles sur le site Web de Sécurité publique Canada.

Les conclusions et recommandations de cette enquête constitueront également une source d’information importante pour les principaux partenaires de l’application de la loi, tels que l’Association canadienne des chefs de police.

Enfin, Monsieur le Président, nous prenons également des mesures pour accroître la transparence des interactions policières grâce à l’adoption de caméras vidéo corporelles dans toute la GRC.

Les caméras vidéo corporelles permettent une plus grande responsabilisation, tout en offrant une vue subjective de ce qu’un policier rencontre, souvent dans des situations très dynamiques et tendues.

La GRC a mis à l’essai des caméras vidéo corporelles dans un certain nombre d’environnements différents. 

Nous travaillons actuellement à l’élaboration d’un cadre stratégique qui permettrait d’en généraliser l’utilisation et de garantir que cette technologie respecte le droit à la vie privée des Canadiens. 

Nous irons de l’avant avec la mise en œuvre de cette politique le plus rapidement possible.

Il n’y a pas de place pour le racisme ou la discrimination de quelque nature que ce soit dans les organismes et institutions chargés de l’application de la loi au Canada.

Nous travaillons sans relâche pour rendre nos systèmes plus justes, et nous avons pris de nombreuses mesures dans la bonne direction.

Nous savons aussi que beaucoup reste à faire.

C’est pourquoi je continuerai de travailler avec la commissaire Lucki pour faire de la GRC un service de police plus juste et plus responsable, où les divers points de vue et perspectives sont valorisés et pris en compte pour créer un environnement meilleur et plus sécuritaire dans les collectivités qu’elle sert.

Je vous remercie encore une fois de m’avoir invité à m’adresser à vous aujourd’hui.

Et j’attends avec intérêt les résultats de vos délibérations sur ce sujet important.

Je répondrai avec plaisir à vos questions.

Merci.

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