Notes des comités parlementaires : Notes d’allocution pour l’honorable Marco Mendicino ministre de la Sécurité publique
Monsieur le Président, Messieurs les vice-présidents, honorables membres du Comité,
C’est avec plaisir que je me joins à vous aujourd’hui, alors que vous entamez votre étude visant à évaluer l’état de sécurité du Canada par rapport à la Russie.
Pour commencer, je tiens à souligner le choc que nous ressentons sans doute tous à l’égard de la situation en Ukraine.
Les mots me manquent pour décrire les horreurs de la guerre et la dévastation dans le pays, le désespoir des survivants et celui des personnes luttant contre des attaques brutales.
Le 4 mai, j’ai eu le plaisir de rencontrer Mme Yuliya Kovaliv, l’ambassadrice désignée de l’Ukraine au Canada, pour qu’elle puisse me faire part de ses préoccupations et pour examiner comment nous pouvons soutenir son pays davantage.
Nous avons également abordé la nécessité de contrer la désinformation russe et l’ingérence étrangère.
L’agression russe en Ukraine aura des conséquences géopolitiques profondes et à long terme, et menace directement l’ordre international fondé sur des règles.
La situation renforce également la notion selon laquelle la communauté internationale est plus forte lorsqu’elle agit collectivement pour défendre ses valeurs communes.
La situation souligne également que le Canada n’est pas à l’abri des menaces à son propre état de sécurité.
Les activités hostiles menées par des acteurs étrangers comme la Russie posent un risque majeur pour la sécurité nationale du Canada.
Les cyberactivités malveillantes, y compris des cyberattaques.
Les menaces envers nos infrastructures essentielles, comme nos frontières, nos ponts et nos centrales électriques.
La propagation de la mésinformation et de la désinformation.
L’espionnage et l’ingérence étrangère.
Voilà des menaces que le Canada prend très au sérieux.
Le portefeuille de la sécurité publique est bien outillé pour contrer ces menaces, en temps de paix comme en temps de guerre, et ce, même si le volume et la complexité des menaces ont augmenté au cours des dernières années.
Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), la Gendarmerie royale du Canada (GRC), l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et Sécurité publique Canada (SP) jouent tous un rôle primordial au sein du portefeuille de la sécurité publique.
Le SCRS enquête sur les menaces, conseille le gouvernement et, au besoin, peut prendre des mesures visant à atténuer les risques pour la sécurité du Canada.
La GRC joue également un rôle important dans les efforts du Canada pour contrer les activités hostiles des acteurs étatiques.
Elle enquête sur des infractions criminelles liées à l’ingérence étrangère, ainsi que sur la cybercriminalité et les allégations de crimes de guerre.
L’ASFC travaille sans relâche pour protéger nos frontières contre un grand nombre de menaces.
L’Agence soutient également l’engagement du gouvernement de fournir un accès à un processus accéléré d’immigration aux ressortissants ukrainiens admissibles.
L’ASFC jouera également un rôle important quant à l’application de la loi, que j’ai annoncée la semaine dernière, visant à interdire aux Russes sanctionnés d’entrer au Canada.
L’ASFC travaille étroitement avec le SCRS et d’autres partenaires pour mener des filtrages de sécurité et mobiliser des agents de liaison à l’étranger à des fins de soutien, au besoin.
L’ASFC et la GRC jouent un rôle important dans le cadre des sanctions, pour veiller à ce que soient tenus responsables les complices de l’invasion russe.
Comme vous le savez, le Canada a déjà sanctionné 700 individus et entreprises cette année et a adopté des mesures ciblant des biens et des secteurs précis, et ce, à l’aide d’une coordination étroite avec la communauté internationale.
Monsieur le Président, je voudrais aborder rapidement la façon dont nous sommes outillés pour répondre à certaines menaces précises, soit les menaces pour notre cybersécurité et pour nos infrastructures essentielles.
Les cyberactivités malveillantes ciblant les systèmes sur lesquels s’appuient nos infrastructures essentielles sont une source de préoccupation constante.
Elles ont une incidence sur les entreprises, la population et tous les paliers de gouvernement.
Nous savons depuis longtemps que la Russie dispose de capacités cybernétiques importantes et qu’elle s’est servie de ces capacités de manière irresponsable par le passé.
Sécurité publique Canada travaille avec d’autres ministères et organismes gouvernementaux, ainsi qu’avec ses alliés internationaux pour attribuer des cyberactivités malicieuses à des états ou à des acteurs soutenus par les états, lorsqu’il est possible de lier l’activité malicieuse à un acteur précis en toute confiance.
Le Canada et ses alliés ont attribué des cyberactivités malicieuses à la Russie par le passé. Cela s’est fait, notamment, en 2018, lors du développement du logiciel malveillant notPetya, utilisé pour attaquer aveuglement les secteurs financiers, énergétiques, gouvernementaux et des infrastructures à l’échelle internationale.
De plus, en 2021, le Canada a joint sa voix à celle de ses alliés pour attribuer la compromission de Solar Winds à des acteurs parrainés par l’État russe; il s’agissait ici de l’installation d’un logiciel malveillant dans le but de voler des données, ce qui a entraîné d’importantes dépenses en matière de mesures d’atténuation.
Les attributions publiques mettent en valeur le manque de respect des normes cybernétiques internationales de la part des acteurs parrainés ou des états malicieux. Ces attributions peuvent également soutenir des mesures punitives.
Au Canada, nous avons la chance d’avoir jeté les bases de la Stratégie nationale de cybersécurité pour aider à protéger les Canadiens.
Cela a déjà mené à la création du Centre canadien pour la cybersécurité, une source unique faisant autorité en matière de conseils techniques et de soutien spécialisés pour le Canada et les Canadiens. Le centre fournit des avis publics, y compris en lien avec la menace russe, et partage des renseignements importants sur les menaces cybernétiques avec les propriétaires et les exploitants d’infrastructures essentielles.
La Stratégie a également mené à la création d’un Groupe national de coordination contre la cybercriminalité sein de la GRC.
Ce groupe coordonne les opérations policières contre des cybercriminels, y compris à l’échelle internationale, et travaille en étroite collaboration avec des partenaires d’application de la loi pour lutter contre des menaces de cybercriminalité dépassant les frontières.
Les cybercrimes faisant appel à des acteurs étatiques étrangers comme la Russie relèvent du mandat de police fédérale de la GRC et peuvent mener à des arrestations, à la saisie d’équipements ou à l’interruption d’opérations criminelles.
Mon ministère, Sécurité publique Canada, fournit également des programmes mettant l’accent sur des systèmes de contrôle industriels pour les infrastructures essentielles.
Le ministère travaille en étroite collaboration avec des intervenants pour la formation, l’évaluation des capacités de réaction et de relance et la promotion de la sensibilisation en matière de sécurité.
Dans la foulée de l’invasion russe en Ukraine, le gouvernement a renforcé les engagements avec les secteurs des infrastructures essentielles.
Il y a quelques semaines, justement, le gouvernement s’est réuni avec des intervenant des infrastructures essentielles dans le but d’aborder les menaces et les mesure d’atténuation pour l’industrie canadienne.
Monsieur le Président, tous ces efforts sont soutenus par le financement de près de 700 millions de dollars sur cinq ans prévu dans le budget de 2022 afin de soutenir notre lutte contre la cybercriminalité, la défense des systèmes essentiels du gouvernement et du secteur privé et l’accroissement de notre résilience collective.
Nous demeurons fermement engagés à combattre toute ingérence étrangère visant à nuire au Canada.
Nous continuerons de condamner l’invasion russe.
Nous continuerons également de créer des liens avec des alliés internationaux, qui partagent notre engagement envers la paix, la démocratie, et l’ordre international fondé sur des règles.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
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