Notes des comités parlementaires : Instruction ministérielle au SCC - Partage d'informations : Classement de sécurité et transfert des délinquants

Enjeu : Le 20 juillet 2023, l'ancien ministre de la Sécurité publique a émis une directive ministérielle intitulée " Partage de l'information : Classification de sécurité et transfèrement des délinquants ". La directive précisait les attentes à l'égard du Service correctionnel du Canada (SCC) lorsqu'on envisage le transfèrement d'un délinquant.

Réponse proposée :

Contexte :

Rôle du SCC

Le rôle du SCC, tel qu'il est défini par la loi, est d'exécuter la peine imposée par le tribunal en assurant la garde et la surveillance des délinquants dans des conditions de sécurité et d'humanité. Ce faisant, le SCC établit un équilibre entre son mandat d'aider à la réadaptation des délinquants et à leur réinsertion sociale en toute sécurité et son mandat de protection de la société. Dans ce contexte, la classification de sécurité d'un délinquant n'est pas, et ne peut pas être, une sanction supplémentaire au-delà de la peine imposée par la Cour, mais plutôt une mesure nécessaire pour maintenir la sécurité publique et protéger la société, y compris le personnel et les autres détenus. Bien que la "gravité de l'infraction" et les antécédents criminels soient des facteurs à prendre en compte dans la prise de décision, ils sont examinés en conjonction avec d'autres facteurs pertinents et spécifiques à l'affaire. La protection de la société est la considération primordiale du SCC dans le processus correctionnel.

Instruction ministérielle

Le 29 mai 2023, Paul Bernardo (un délinquant notoire) a été transféré par le SCC dans un établissement à sécurité moyenne après avoir été incarcéré dans des prisons à sécurité maximale. Bernardo purge une peine d'emprisonnement à perpétuité d'une durée indéterminée. L'attribution des niveaux de sécurité et le transfert entre les niveaux de sécurité des établissements sont décrits dans la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition (LSCMLC) et le Règlement sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition (RSCMLC) qui s'y rapporte. La nouvelle de ce transfert a suscité l'indignation du public et des critiques politiques. En particulier, le SCC a été critiqué pour la nature controversée de la décision, le manque présumé d'engagement avec les victimes, et la méthode, la rapidité et les détails des notifications à l'intérieur et à l'extérieur du gouvernement fédéral

Le 15 juin 2023, l'ancien ministre de la Sécurité publique s'est engagé à améliorer la façon dont le SCC fait participer les victimes au processus de transfèrement des délinquants, en particulier en ce qui concerne les détenus très médiatisés. Plus précisément, le SCC doit veiller à ce que les droits des victimes guident le processus décisionnel.

Le 20 juillet 2023, le Service correctionnel du Canada a reçu une directive ministérielle visant à garantir que les droits des victimes soient pris en compte dès le début du processus de transfèrement et à renforcer la façon dont il partage l'information avec les victimes et le gouvernement. La directive cherche également à améliorer la notification aux victimes concernant la classification de sécurité et les transferts de délinquants, et établit un processus formel pour notifier le ministre de la Sécurité publique.

Conformément aux recommandations formulées par le Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels en 2019, le SCC a été invité à :

Les instructions ministérielles exigent également que le ministre de la Sécurité publique reçoive un avis officiel et direct concernant le classement par niveau de sécurité et les transfèrements de délinquants très médiatisés. Il s'agit de délinquants dont les infractions ont suscité ou risquent de susciter un intérêt public important.

Le SCC a travaillé à la mise en œuvre de l'instruction ministérielle, dans le but de renforcer l'engagement des victimes dans le processus de transfèrement tout en équilibrant la gestion du cas du délinquant conformément à la LSCMLC, en respectant les droits du délinquant en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels et en appliquant la Charte canadienne des droits des victimes. À cette fin, le SCC a élaboré une approche opérationnelle détaillée dans les limites des pouvoirs législatifs actuels. Bien que le préambule de l'instruction ministérielle prévoie un partage d'information large et proactif au-delà de ce qui est expressément prévu dans la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, le SCC s'est efforcé de trouver des mécanismes appropriés pour faire participer les victimes inscrites dès le début du processus de transfèrement, obtenir leur point de vue et veiller à ce que leurs opinions fassent partie des documents utilisés pour rendre les décisions en matière de classement et de transfèrement. Il utilisera également le pouvoir discrétionnaire que lui confère la loi sur la protection de la vie privée pour notifier à l'avance le transfert, dans la mesure du possible.

En outre, un comité multidisciplinaire des victimes a été créé à l'automne 2023 dans le but d'identifier comment les services aux victimes de crimes pourraient être encore renforcés. Son rapport final a été communiqué aux membres du comité, y compris au médiateur fédéral pour les victimes, en février 2024. Il comprend des recommandations au SCC sur la façon dont il pourrait améliorer les politiques et les pratiques concernant les victimes. Parallèlement, un examen des politiques internes est en cours au sein du SCC afin de déterminer comment le SCC peut mieux servir les victimes et leur fournir des informations plus opportunes sur le délinquant qui leur a causé du tort.

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