Méthodologie du Profil national des risques
Le Profil national des risques utilise deux approches fondées sur des données probantes pour évaluer le niveau actuel de risque « tous risques » du Canada et déterminer notre capacité collective à en atténuer les effets : la méthode d'évaluation « tous risques » et la méthode d'évaluation des capacités de gestion des urgences.
Les évaluations des risques et des capacités du Profil national des risques sont menées séparément, mais s'influencent directement l'une et l'autre.
Si l'on utilise une analogie avec la conduite automobile, l'évaluation des risques est le processus par lequel les Canadiens perçoivent les dangers et les menaces sur la route — le cerf qui traverse la route, la neige qui entraîne un manque d'adhérence, etc. L'évaluation des capacités est la compréhension de la manière de diriger, de freiner, d'accélérer, de boucler sa ceinture de sécurité et de ne pas conduire lorsque l'on sait que les conditions sont mauvaises. C'est l'effort par lequel nous devenons meilleurs dans ces domaines, en comprenant que nous pouvons appliquer largement ces capacités pour réduire les risques diversifiés du Canada. C'est la compréhension et l'amélioration continue des personnes, des structures et des choses qui nous permettent d'éviter, ou d'amortir plus sécuritairement, les risques auxquels nous sommes confrontés.
Afin d'englober une perspective nationale sur les risques de danger, le Profil national des risques recueille des preuves de catastrophes auprès des parties prenantes de tout le Canada qui participent aux séances d'évaluation des risques. Les parties prenantes incluent notamment des représentants des ministères et organismes fédéraux, des provinces et territoires, des municipalités, des organismes et collectivités autochtones, ainsi que des secteurs universitaire, privé, bénévole et non gouvernemental. Les représentants et les organisations des Premières Nations, des Métis et des Inuits sont invités à participer aux séances d'évaluation des risques.
Méthodologie d'évaluation « tous risques »
La méthodologie d'évaluation « tous risques » (ETR) est basée sur des normes internationales et a été adaptée au Profil national des risques. Elle évalue l'impact et la probabilité de tous les risques qui constituent une menace pour le Canada, en utilisant des scénarios pour évaluer l'impact des risques. Cela permet d'éclairer les efforts visant à réduire la vulnérabilité des personnes, des biens, de l'environnement et de l'économie. La méthodologie de l'ETR comprend les étapes suivantes :
- Mise en place du contexte — Identifier les menaces et les dangers susceptibles d'avoir un impact sur le Canada sont identifiés.
- Identification des risques — Préparer des scénarios de risques, décrivant les causes et les conséquences.
- Analyse des risques — Définir la probabilité et la gravité des conséquences afin de mesurer les risques.
- Évaluation des risques — Collectivement, ces estimations du risque représentent une image du risque « tous risques ».
- Traitement des risques — Identifier et recommander des options de contrôle ou de traitement des risques, notamment par l'application de la planification fondée sur les capacités.
Processus d'élaboration des scénarios
La méthodologie de l'ETR utilise une approche basée sur des scénarios pour évaluer l'impact et la probabilité du risque de danger. Des scénarios hypothétiques ont été conçus par des experts fédéraux et externes en matière de gestion des dangers et des urgences. Les scénarios, tels qu'un scénario de tremblement de terre au Yukon et un scénario de feu de forêt au Québec, incluent de courtes descriptions narratives accompagnées de données et de renseignements pertinents sur les résultats afin de faciliter l'évaluation. Les scénarios sont choisis de manière à être représentatifs des dangers qui existent au Canada, notamment dans les collectivités autochtones, nordiques et éloignées, et incluent des catastrophes de différentes magnitudes. Le processus d'élaboration des scénarios suit les étapes ci-dessous :
Les estimations de coûts sont utilisées pour créer un cadre réaliste, basé sur des données probantes, afin de dimensionner les scénarios. Plus précisément, les pertes annuelles moyennes (PAM) — les pertes attendues causées par un danger, par année et en moyenne sur une période donnée — permettent une comparaison normalisée des scénarios de danger. Les PAM, en tant que mesure, sont un moyen pratique de comparer les impacts entre différents dangers et au sein d'un même danger. Par exemple un événement de faible fréquence, mais à fort impact, peut être facilement comparé à un événement de fréquence élevée et d'impact moyen.
La possibilité de comparer les dangers d'une manière plus normalisée afin d'identifier les événements ayant les conséquences les plus graves est un avantage clé de l'ETR et aide à déterminer où les changements les plus importants doivent être apportés au système de gestion des urgences.
Pour chaque scénario, les impacts sur les personnes, l'économie, l'environnement, la fonction sociale et le gouvernement sont évalués. Les participants doivent également tenir compte des infrastructures essentielles, de l'analyse comparative entre les sexes plus et des incidences de l'« optique de l'avenir ». La composante de l'« optique de l'avenir », qui prend en compte les données actuelles et les facteurs de risque tels que les changements climatiques, la croissance démographique, l'urbanisation et le développement continu des zones dangereuses, permet d'avoir un aperçu de l'évolution des facteurs de risque dans le temps. La composante « optique de l'avenir » donne un aperçu de la façon dont les niveaux de risque devraient évoluer sur une période de 30 ans.
Pour chaque catégorie d'impact, les participants s'engagent dans une discussion dirigée et votent pour évaluer le risque à court terme (dans les cinq prochaines années) du danger par ordre de grandeur, ce qui fait référence au niveau de gravité, sur une échelle allant de « limité » à « catastrophique ». Les cotes de probabilité sont attribuées par des experts en danger qui utilisent des données historiques et sont affinées au cours des discussions dirigées.
Méthodologie d'évaluation des capacités de gestion des urgences
Le Profil national des risques utilise une approche de planification fondée sur les capacités (PFC) pour identifier et mesurer les capacités qui sont requises pour prévenir ou réduire l'impact des dangers sur les collectivités, avant, pendant et après les événements. Cette approche peut aider à mettre en lumière les lacunes qui existent dans le système de gestion des urgences et à considérer quelles ressources peuvent être plus fréquemment sollicitées en créant un cadre commun pour mesurer, coordonner et mobiliser les ressources afin d'optimiser les ressources et le personnel limités dans toutes les juridictions. Mener des évaluations des capacités en utilisant la méthodologie d'évaluation des capacités de gestion des urgences (MECGU) reflète notre approche de la PFC.
Les capacités sont définies comme des catégories ou des regroupements logiques de fonctions de gestion des urgences dans l'ensemble du système de gestion des urgences et constituent les éléments de base de pratiques efficaces de gestion des urgences dans toutes les juridictions. Ces regroupements incluent les ressources, les outils et les biens, le personnel et les structures organisationnelles, notamment les politiques et les procédures.
L'évaluation des capacités s'est appuyée sur la Liste canadienne des capacités essentielles (LCCE), une liste de 38 fonctions de gestion des urgences créée en collaboration avec les provinces et les territoires. Les activités figurant dans la LCCE sont regroupées dans les cinq domaines d'activité prioritaires de la Stratégie de sécurité civile pour le Canada.
Les cinq axes d'intervention prioritaires de la Stratégie de sécurité civile sont :
- Priorité 1 : Améliorer la collaboration et la gouvernance dans l'ensemble de la société afin d'accroître la résilience
- Priorité 2 : Mettre davantage l'accent sur la compréhension des risques de catastrophes dans tous les secteurs de la société
- Priorité 3 : Se consacrer davantage aux activités axées sur la prévention des catastrophes et l'atténuation de leurs conséquences dans l'ensemble de la société
- Priorité 4 : Améliorer la capacité d'intervention et la coordination en cas de catastrophe et stimuler le développement de nouvelles capacités
- Priorité 5 : Renforcer les efforts de rétablissement en reconstruisant mieux de manière à minimiser les répercussions de futures catastrophes
Les capacités se divisent en deux sous-composantes :
- Aptitude : le niveau ou le degré auquel des ressources peuvent être fournies pour répondre aux besoins prévus ; et
- Compétence : la mesure dans laquelle il existe des ensembles de compétences et des connaissances pour soutenir la prestation professionnelle d'une capacité.
Lors de l'engagement et de la coordination du premier cycle du Profil national des risques, un sondage incluant une liste préliminaire des capacités applicables pour chaque scénario de risque a été distribué aux experts et aux parties prenantes. Il invitait les participants à réviser la liste des capacités et à suggérer des capacités supplémentaires à inclure ou à exclure. Au final, entre 15 et 25 capacités ont été retenues pour chaque scénario.
Ensuite, un second sondage a été distribué aux participants, leur demandant de donner une évaluation de référence pour chaque capacité, en gardant à l'esprit trois éléments de base :
- personnes et organisations ;
- politiques, processus et pratiques ; et
- infrastructures, technologie et outils.
Pour chaque capacité, les participants ont évalué l'aptitude de référence et les compétences liées à chacun de ces trois éléments de base (en utilisant une échelle de LikertNote de bas de page 1 allant de 0 — « aucune capacité » à 5 — « capacité forte »). Par exemple, un score de 2 indiquerait une grave lacune, qui pourrait être due à un manque de personnel et/ou à l'absence d'inspections régulières de l'infrastructure physique.
Le second sondage demandait également aux participants d'évaluer l'état cible de chaque capacité en utilisant la même échelle de 0 à 5 et de commenter l'évolution future de la capacité à l'aide d'une évaluation de l'optique future. En comparant les scores de référence avec les scores cibles, il a été possible d'identifier l'écart entre l'état actuel et l'état souhaité pour chaque capacité évaluée.
Pour produire un rapport sur les risques et les capacités, les résultats de l'évaluation des capacités ont été validés avec des participants de l'ensemble de la société. Ensuite, les résultats des deux sondages ont été combinés avec les résultats de l'évaluation des risques ainsi qu'avec d'autres données scientifiques.
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